La crise du coronavirus a été gérée dans le cadre national. Les pays ont été touchés de façon différente ; ils ont choisi des stratégies différentes. Cependant, beaucoup d’hommes politiques, d’intellectuels, de mouvements regrettent que l’Europe n’ait pas eu une stratégie unifiée, n’ait pas coordonné les réponses nationales. Pour eux, la crise devait être l’occasion de faire avancer la construction européenne. Une fois de plus, c’est la BCE qui a sauvé la situation, en réagissant avec la force et le timing nécessaire. Le plan de relance adopté en juillet 2020 retourne-il cette appréciation ? Il inspire des sentiments contradictoires. Certes, il peut être interprété comme une manifestation de la solidarité en Europe ; en sens inverse, de nombreux pays se sont opposés à cette solidarité, qui est fortement encadrée. Son impact économique sera limité ; il est sous dimensionné ; sauf peut-être pour l’Espagne et l’Italie, il ne fera que financer un peu plus facilement des mesures qui auraient été prises de toute façon. En revanche, c’est un petit pas, non assumé politiquement, non décidé démocratiquement, vers plus de fédéralisme en Europe, avec une dette commune et des ressources communes.
Avant la crise…
Selon les traités européens, comme toutes les questions de protection sociale, celles de santé publique sont du domaine de chaque Etat membre (article 168 du TFUE). L’UE n’est censée intervenir qu’en complément aux politiques nationales en matière de prévention, de lutte contre les grands fléaux et les pandémies, contre les drogues, le tabac et l’alcool. Elle doit encourager la coopération entre Etats membres. Mais les pays européens ont des systèmes de santé différents, issus de leur histoire sociale, et une unification sous l’égide de l’UE n’est heureusement pas d’actualité.
La pandémie de coronavirus
Tous les pays européens ont été touchés par le coronavirus ; il est frappant de constater à quel point l’impact a été différent. Il est difficile aujourd’hui de savoir quelles parts de ces différences proviennent de différences de méthodes de comptabilisation, de politiques différentes en matière de tests et de confinements, de systèmes de santé plus ou moins performants. Jouent aussi les pratiques sociales, la discipline des populations, ainsi que la densité, l’urbanisation, l’ouverture du pays aux touristes et travailleurs étrangers. En sens inverse, il n’apparait aucun lien entre la part des dépenses de santé dans le PIB.
Toutes les mesures d’ordre médical (mobilisation des hôpitaux, fourniture de masques, mise en place de tests) comme sanitaire (confinement et déconfinement) ont été décidées et organisées au niveau national. Il ne pouvait en être autrement compte tenu de la diversité des situations et des systèmes de santé, de la nécessité de réactions rapides et surtout du caractère politique des décisions à prendre. Comme lors de la crise des migrants, il apparaît que l’Europe n’existe pas, en tant que pays.