L’événement climatique et les assureurs

L’événement climatique continue de mobiliser les réseaux des différentes compagnies. Les clients se tournent vers les assureurs avec les sentiments de la peur, peine, colère, angoisse… Pour y répondre, Axa France, a par exemple annoncé la mise en place de services spécifiques, comme une cellule de crise, pour garantir des indemnisations rapides.

Le début des événements coûteux pour les compagnies

L’essentiel reste l’estimation des pertes pour les compagnies. Déjà, les orages et inondations qui avaient touché de nombreuses régions françaises entre le 20 et le 23 mai ont provoqué 93.000 sinistres, pour un coût global de 323 millions d’euros, selon une estimation de France Assureurs.

Pour le spécialiste en modélisation climatique RiskWeatherTech – qui travaille notamment avec Axa, Covéa, la Caisse centrale de réassurance (CCR) ou encore Abeille Assurances –, la dégradation orageuse du 3 au 5 juin aurait occasionné entre 230.000 et 250.000 sinistres sur les branches auto et dommages aux biens, pour un montant compris entre 600 et 800 millions d’euros pour le marché de l’assurance. Précisément, 35% des sinistres devraient concerner l’assurance auto et 65% le non-auto, cette répartition atteignant 40% pour l’auto et 60% pour le non-auto en matière d’indemnisation.

Cet événement orageux marque le début des événements coûteux pour les compagnies. « Nous commençons à observer des épisodes de grêle et orageux, comme celui de début juin, qui représente la plus forte sinistralité depuis le début de l’année », confirme Gilles André, le directeur général de RiskWeatherTech.

La sinistralité climatique (tempêtes, cyclones, inondations et grêle) pourrait atteindre 1,6 milliard d’euros de pertes assurées en auto et IRD cette année, juge l’entreprise, une année plutôt dans la moyenne.

Le plus inquiétant concerne la sécheresse. Selon le spécialiste en modélisation climatique, environ 6.000 communes seraient éligibles au régime d’indemnisation des catastrophes naturelles sur les six premiers mois de l’année, pour un coût d’environ 600 millions d’euros. 

Les réformes s’invitent

La sinistralité climatique, hors agriculture, pourrait donc grimper entre 3 et 3,5 milliards d’euros, brute de rétrocessions au régime des catastrophes naturelles.

Ces évènements ne manqueront pas de relancer les débats autour des réformes en cours ou déjà engagées. La réforme de l’assurance récolte, pour laquelle les estimations de pertes restent toujours très confidentielles, continue de diviser le secteur. En 2021, l’assurance multirisque climatique sur récoltes a enregistré des sinistres de 750 millions d’euros.

Une hausse de 60% de la charge des sinistres climatiques d’ici à 2050 est prevue, qui serait assumée à 71% par le régime «cat nat», contre 57% selon la moyenne des dernières années.

C’est pourquoi de nombreux assureurs appellent à transformer plus en profondeur le régime.  Une étude de France Assureurs prévient que le montant des sinistres dus à la sécheresse pourrait tripler d’ici à 2050, à 43 milliards d’euros. 

Selon nos informations, le Président, Emmanuel Macron, aurait lu avec intérêt, ces derniers jours, l’avis en question de la troisième assemblée constitutionnelle de la République. Une indication, peut-être, sur une potentielle évolution du régime.