
Dans un contexte où la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et la durabilité deviennent des enjeux clés pour la compétitivité et la réputation des organisations, l’étude menée par The Transformation Alliance (TTA) en partenariat avec Kéa, offre un éclairage inédit sur la maturité des entreprises face à ces défis. Cette étude internationale d’envergure présente une photographie des progrès réalisés, mais aussi des obstacles qui demeurent pour transformer les engagements RSE en actions concrètes. À travers l’analyse de 154 entreprises et 50 dirigeants, elle permet de dégager des profils-types et des pistes d’action pour intégrer véritablement la durabilité dans le modèle d’entreprise.
La RSE au plus haut niveau : un engagement qui doit aller plus loin
L’un des principaux enseignements de l’étude est que 60 % des entreprises confient les enjeux de durabilité à leurs Directions Générales, témoignant d’une reconnaissance de leur importance stratégique. Cependant, bien que la responsabilité soit prise au sommet, des écarts persistent dans la mise en œuvre effective de ces engagements. En effet, seulement 24 % des entreprises relient concrètement les primes des dirigeants à des objectifs RSE, et seulement 36 % parviennent à intégrer la durabilité dans leur culture organisationnelle au quotidien. Un manque de structuration dans les pratiques internes freine encore la transition vers des modèles plus durables, bien que la plupart des entreprises aient adopté des objectifs de développement durable (ODD), avec 75 % des répondants dans cette démarche. En revanche, l’intégration des enjeux de gouvernance (ESG) reste encore insuffisante, avec seulement 62 % des organisations qui les prennent en compte.
L’Impact de la taille des entreprises sur leur maturité RSE
La taille des entreprises influence de manière significative leur niveau de maturité en matière de durabilité. Les grandes entreprises, mieux dotées en ressources, sont celles qui arrivent le mieux à mesurer leur impact environnemental, avec 46 % des grandes structures capables de suivre cet indicateur, contre seulement 28 % des PME. Ces dernières, malgré leur agilité et leur potentiel d’innovation, se heurtent souvent à des obstacles majeurs, tels que la gestion des données ou l’adoption d’outils de mesure avancés, limitant ainsi l’extension de leurs pratiques durables. Seulement 33 % des PME parviennent à intégrer la durabilité dans les objectifs individuels de leurs collaborateurs. Le manque de ressources et la difficulté à structurer une démarche à grande échelle freinent ainsi la progression des plus petites structures.
Disparités sectorielles : les secteurs industriels en retard
L’étude met également en évidence des disparités notables selon les secteurs d’activité. Certains secteurs, comme celui de la consommation (distribution et biens de consommation), les services financiers ou encore l’énergie, ont su saisir rapidement les avantages économiques et réputationnels d’une transformation responsable. Ces secteurs sont donc les plus avancés dans l’intégration des critères ESG. En revanche, des secteurs comme l’industrie lourde et la construction, particulièrement énergivores et dépendants de ressources non renouvelables, connaissent des progrès plus lents. Néanmoins, des initiatives notables existent, comme celles prises par certaines entreprises du secteur de la construction pour réduire les émissions de carbone liées à la production de ciment. Bien que des efforts existent, la transformation reste encore incomplète à l’échelle de ces secteurs.
Ambition et conviction : les clés du succès dans la transformation RSE
L’analyse de l’étude révèle également que la maturité des entreprises en matière de durabilité est fortement liée à leur niveau d’ambition. Trois profils d’entreprises se distinguent par leur approche et leur engagement envers la RSE. Le premier groupe, représentant 34 % des entreprises, est dit “Purpose-driven”, motivé par une mission sociétale forte. Ces entreprises placent la durabilité au cœur de leurs stratégies et intègrent pleinement les critères ESG dans leurs décisions stratégiques. Viennent ensuite les entreprises “Competitive-advantage”, qui, bien qu’engagées, cherchent principalement à utiliser la RSE pour obtenir un avantage concurrentiel. Ces entreprises, en particulier dans les secteurs de la consommation et des services financiers, mettent l’accent sur l’innovation et la performance produit, mais leur transformation reste moins radicale que celle des entreprises “Purpose-driven”. Enfin, 43 % des entreprises se contentent de respecter les obligations légales, adoptant des pratiques durables uniquement pour répondre à la réglementation.
Six pistes pour passer de l’intention à l’action concrète
L’étude met en avant six éléments essentiels pour que les entreprises réussissent leur transition vers un modèle durable. Il s’agit notamment de définir une stratégie claire de durabilité, de fixer des objectifs mesurables et de garantir l’implication active des dirigeants. Il est également essentiel de favoriser un changement de mentalité à tous les niveaux de l’organisation et de collaborer avec des partenaires externes pour maximiser l’impact des actions. Ces recommandations visent à rendre l’engagement durable plus opérationnel, en veillant à ce que les intentions se concrétisent par des actions tangibles. En suivant cette méthodologie, les entreprises, quel que soit leur secteur ou leur taille, pourront transformer leurs pratiques et participer pleinement à la création d’une économie plus responsable.
L’étude de The Transformation Alliance met en lumière à la fois les progrès réalisés et les défis persistants concernant l’intégration de la RSE et de la durabilité dans les entreprises. Si des disparités existent, elles ne doivent pas occulter les pistes d’amélioration qui s’offrent aux organisations. En renforçant leur ambition, en structurant leurs démarches de manière plus pragmatique et en impliquant davantage leurs parties prenantes, les entreprises ont les clés pour réussir leur transformation et répondre aux attentes sociétales croissantes. L’étude de TTA se veut donc un guide méthodique pour ceux qui souhaitent faire passer la RSE de la théorie à la pratique et accélérer la transition vers une économie durable.
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