A l’époque pré-industrielle, avant l’émergence des énergies fossiles, le concept de la dette relevait d’une officine compliquée et impopulaire. Dans une économie sans croissance, les dettes génèrent des esclaves pris au piège de taux d’intérêts élevés et de remboursements improbables.
L’utilisation du charbon et du pétrole ont bouleversé la donne. En un rien de temps, nos capacités de production ont été musclées. Un seul baril de pétrole de 159 litres équivaut à 5 années de production énergétique d’un humain. Devant une telle démultiplication de force, la croissance ne pouvait qu’exploser et l’endettement a démultiplié cette tendance.
Elle a permis aux ménages, aux secteurs publics et aux entreprises de découvrir le concept du «acheter aujourd’hui et rembourser demain».
Passage de l’abondance à suffisance
Les années fastes, où les gisements étaient à portée de pioche, ont disparu. Aujourd’hui, les coûts d’extraction des matières premières fossiles ne cessent d’augmenter. Il faut toujours plus d’énergie pour en extraire moins. Si jadis un seul baril de pétrole pouvait en générer 100, aujourd’hui le ratio est descendu sous la barre des dix.
Alors que le taux de retour énergétique est en baisse, celui-ci annonce une diminution des ressources disponible et explique, en partie, les dettes records des géants de l’industrie.
Ainsi, les majors pétroliers ExxonMobil, Chevron, Total, BP et Shell cumulent plus de 300 milliards dollars de dettes. Celles du pétrolier mexicain, Pemex, dépassent les 100 milliards. Du côté du nucléaire, la dette d’EDF, avec les emprunts hybrides, atteint les 70 milliards $. Fait notoire, les besoins financiers des producteurs énergétiques et de l’Économie entrent en dichotomie.
Si les premiers ont besoin d’un prix de vente élevé pour couvrir leurs coûts d’extraction qui explosent, l’Economie compte sur des tarifs bas pour alimenter la croissance. Ainsi, un baril de pétrole à 80$ détruit l’Economie mondiale. A 40$, les exploitants font faillites.
Le taux de retour énergétique en baisse
Du côté des énergies solaires et éoliennes, le taux de retour énergétique est bien inférieur aux énergies fossiles. Sur la durée de vie d’un panneau solaire, un kilowattheure utilisé pour le fabriquer en produira cinq. Dans ce palmarès, l’hydraulique est la plus percutante des énergies avec un ratio de 1/80 et le pétrole bitumineux le plus faible à 1/3 (un baril en extrait trois).
Avec l’accès aux matières premières fossiles de plus en plus difficile et un taux de conversion d’énergie en chute libre, de facto l’Economie mondiale va devoir composer avec une croissance réduite, voir inversée.
Les dettes tentent de compenser la croissance
Depuis 2008, afin de compenser une croissance anémique, les pays ont utilisé leurs banques centrales et injecté des liquidités sans fin pour faire «repartir la machine». L’échec est flagrant.
L’expérimentation aura montré que le processus canalise les flux vers les plus riches et creuse les écarts entre les classes sociales. Ironiquement, le premier dossier sur la table du président Biden sera de continuer ce processus avec stimuli de 2’000 milliards $. Les résultats sont déjà connus.
Avec la structure actuelle, maintenir une croissance perpétuelle avec moins d’énergie est mathématiquement impossible. Que vont devenir les dettes construites sur la richesse calorifiques des énergies fossiles? Avec la diminution des joules à disposition, leur remboursement devient une prison à perpétuité.
Trouver le nouveau bon business model
Dans ce contexte, il pourrait être utile d’explorer les mesures à prendre afin de s’adapter aux quantités de productions énergétiques futures. Tenter d’utiliser les mêmes méthodes du passé est un non sens, tant la donne est différente.
Les nouveaux paradigmes sont à tester jusqu’à ce qu’une nouvelle solution soit validée.
La venue du nouveau président américain pourrait ouvrir des pistes d’autant que la dette américaine explose pendant que sa production pétrolière s’écroule.
Il paraît que l’on commence à agir quand l’on est personnellement touché !