No farms no food : manifestation des agriculteurs

Colère des agriculteurs
Colère des agriculteurs

La vague de manifestation des agriculteurs se propage en Europe. Les agriculteurs expriment des préoccupations concernant bons nombres de sujets et bloquent les routes en signe de manifestation depuis jeudi dernier. En réponse, le gouvernement français prévoit un projet de loi pour faciliter la relève agricole, une réponse jugée tardive et insuffisante.

Deux slogans :
#No Farms No Food ( USA )
& #On marche sur la tête ( France )

Rétrospective sur le dossier des Agriculteurs

Un mouvement initialement aux Etats unis

Le mouvement No Farms No Food aux USA, est une campagne de sensibilisation à l’agriculture locale et de sa préservation. L’objectif est de montrer le lien essentiel entre la sauvegarde des exploitations agricoles et une alimentation saine et durable. Globalement, le mouvement incite la population à valoriser les fermes locales. Incitant ainsi à adopter une approche durable de la production alimentaire. Reflétant ainsi une préoccupation croissante pour la sécurité alimentaire et la connexion entre agriculteurs et consommateurs. Un mouvement qui a fait assez de bruit pour venir jusqu’en Europe, où des problèmes similaires sont dénoncés. Cela se conclue en la manifestation d’agriculteurs à Bayonne et Toulouse, mais aussi dans toute la France.

Manifestation des agriculteurs en France

« Ici commence le pays de la résistance agricole » – écris sur les bannières de manifestation d’agriculteurs.

La manifestation des agriculteurs français a pris de l’ampleur depuis l’automne. Un mouvement pacifique consistant à retourner les panneaux signalétiques des communes s’est propagé dans tout le pays. Arborant le slogan “#On marche sur la tête, cette initiative symbolique a été reprise partout en France. Toutefois, ces derniers jours ont vu une radicalisation du ton, marquée par le blocage de l’autoroute A64 en Occitanie depuis jeudi soir, ainsi que des rassemblements devant des administrations et sur des ronds-points.

Une colère commune en Europe

La vague de manifestation des agriculteurs à Bayonne et Toulouse, transcende les frontières françaises pour s’étendre à d’autres nations européennes. En Allemagne, les agriculteurs ont également vivement protesté la semaine dernière. Manifestant contre la réforme fiscale du diesel agricole, prévoyant la suppression d’une exonération à partir de 2026. Aux Pays-Bas, la manifestation d’agriculteurs a éclaté suite à la décision de réduire le cheptel et de fermer des exploitations. Donnant ainsi naissance au parti politique BoerBurgerBeweging (BBB). En Roumanie, la colère des agriculteurs a exprimé son mécontentement face à une augmentation des taxes. Tandis qu’au Royaume-Uni, les producteurs de fruits et légumes se mobilisent contre des contrats d’achat jugés “injustes”. Selon le président de la FNSEA, ces mouvements de manifestation d’agriculteurs révèlent un profond malaise entre la réalité de la pratique agricole. Les décisions centralisées à Bruxelles et dans les capitales européennes, alimentent une incompréhension croissante et un sentiment de révolte. Finalement, les gouvernements auront réussi à trouver un sujet qui met toutes les nations d’Europe d’accord : les politiques concernant les agriculteurs Européens sont à revoir.

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La manifestation d’agriculteurs et ses réclamations

Les agriculteurs français réclament diverses mesures pour faire face à leurs préoccupations croissantes. Lors de cette manifestation des agriculteurs à Toulouse et Bayonne, ainsi que dans toute la France, plusieurs points ont été soulevés.

Réductions de normes

En premier lieu, les agriculteurs réclament une réduction des normes, déplorant la complexité croissante des règles qui entravent leur activité. Les syndicats agricoles critiquent la mise en œuvre tardive par le gouvernement de la simplification administrative promise. Mettant en évidence le sentiment de désarroi des agriculteurs face aux défis climatiques, géopolitiques et sanitaires.

Rejet du Pacte Vert

La manifestation d’agriculteurs exprime également leur désaccord envers la stratégie de verdissement de l’agriculture européenne. Visant notamment les initiatives du Pacte vert de l’UE. Ils s’opposent à des projets législatifs, comme la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires chimiques. Ils critiquent ainsi le refus de prolonger la dérogation permettant de cultiver les terres en jachère. Des questions techniques liées à la préservation des prairies et à une nouvelle cartographie européenne des tourbières et zones humides suscitent également des inquiétudes.

La colère des agriculteurs vise donc certaines normes européennes environnementales. Ils dénoncent une concurrence jugée déloyale. Bien qu’ils soutiennent les mesures anti-climatiques, ils estiment qu’elles sont excessives. La surabondance de normes environnementales menace leurs exploitations et la souveraineté alimentaire de l’Europe. L’application de la déclinaison agricole du Green Deal européen, Farm to Fork, entraînerait une baisse de la production agricole européenne de 12 à 18 %, aggravant l’inflation alimentaire.

Un point qui fait débat au sein des syndicats, mais également dans les différents partis politiques. L’eurodéputée Vert Marie Toussaint dénonce sur Twitter que ce n’est pas le Pacte Vert qui condamne à la disparition, mais plutôt la Politique agricole commune (PAC). Qui favoriserai ceux qui ont déjà beaucoup, négligeant les exploitations modestes. Un constat partagé par Christian Berdot des Amis de la Terre. Selon lui, le montant annuel de la PAC en France est de 9 milliards d’euros. C’est l’injustice dans la répartition qui alimente la crise. Il soutient que derrière la stigmatisation de l’écologie se cachent les intérêts véritables des grands groupes. L’écologie semble comme un bouclier pour ne pas attaquer les vrais problèmes remontés dans cette manifestation des agriculteurs.

L’indispensabilité de l’écologie dans l’agriculture

Une manifestation d’agriculteurs contre l’inflation et la concurrence déloyale

En outre, la colère des agriculteurs concerne aussi l’inflation, soulignant l’augmentation des coûts de l’énergie, des intrants, de la main-d’œuvre et de l’alimentation animale. Ils dénoncent une concurrence déloyale de la part des agriculteurs étrangers qui exportent leurs produits dans l’UE sans être soumis à des normes aussi strictes. Les négociations de traités de libre-échange et les mesures restrictives renforcent ce sentiment d’injustice.

La manifestation des agriculteurs dénonce une augmentation significative des importations agricoles, principalement en provenance d’Ukraine. L’accord de libre-échange signé en 2015 avec l’Ukraine, accéléré récemment, a entraîné la suppression totale des droits de douane sur certains produits ukrainiens, notamment la volaille et le sucre. Cette affluence de marchandises fragilise l’agriculture française, mettant en péril à court terme la souveraineté alimentaire de la France. Bien que le soutien envers l’Ukraine soit compréhensible, la concurrence déloyale en vers nos agriculteurs Français l’est beaucoup moins.

Les agriculteurs expriment leur opposition à l’augmentation de la fiscalité sur le gazole non routier. Considérant ainsi les aides de l’État sur ce carburant comme cruciales pour leur compétitivité. La nouvelle stratégie de réduction des pesticides, Ecophyto 2030, est également critiquée. La FNSEA soulignant l’importance de trouver des solutions avant d’envisager des interdictions.

La manifestation d’agriculteurs fait également référence à une crise des marges bénéficiaires. Avec une chute de 40 % du revenu net de l’agriculture française en 30 ans. Jérôme Despey de la FNSEA souligne que l’inflation n’avantage pas les agriculteurs. Il appelle à l’intégration totale des coûts de production pour une rémunération juste. Arnaud Gaillot, de Jeunes Agriculteurs, insiste sur l’application de la loi Egalim de 2018. Garantissant que les prix reflètent les coûts de production, évitant ainsi les ventes à perte. La situation exige une réévaluation urgente des pratiques économiques agricoles.

Conditions de vie et sociales difficiles

A noter également que toute l’accumulation de ces problèmes a un poids énorme sur les agriculteurs de France. La situation sociale des agriculteurs est particulièrement préoccupante, avec un rythme alarmant de suicides tous les deux jours. Les défis économiques et psychologiques auxquels ils font face contribuent à une détérioration significative de leur bien-être mental et financier. Les pressions liées aux difficultés financières, aux normes agricoles strictes et à la concurrence internationale mettent en péril la stabilité des exploitations agricoles. Elles accentuent les obstacles à une vie équilibrée pour ceux qui sont au cœur de la production alimentaire.

Les pensions de retraite des agriculteurs sont aussi extrêmement modestes. À partir de 2026, une loi adoptée par le Parlement prévoit que la pension sera calculée sur les 25 meilleures années de revenus. Écartant ainsi les années où les agriculteurs ont subi des pertes en raison de catastrophes agricoles. Arnaud Rousseau souligne que les retraites agricoles sont les plus basses de tous les secteurs. La plupart se situant autour de 1 000 euros, parfois moins, avec des pensions de réversion de 700 à 800 euros.

Quelles réponses du gouvernement ?

Confronté à la colère des agriculteurs et à la manifestation d’agriculteurs, Emmanuel Macron a chargé les préfets de les rencontrer et d’écouter leurs préoccupations. Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre, a assuré aux agriculteurs lors d’une rencontre qu’il simplifierait leur quotidien. Soulignant de cette façon l’importance cruciale du secteur agricole. Il a promis d’intensifier les contrôles pour éviter que les négociations commerciales ne pénalisent les revenus des agriculteurs. Sans rentrer dans les détails, des mesures qui ne semblent pas à la hauteur d’un mécontentement qui dure depuis 30 ans.

En savoir plus sur les projets gouvernementaux à venir ici.

Le renouvellement de génération d’agriculteurs

Le gouvernement prévoit de présenter un projet de loi pour encourager la relève en agriculture en facilitant la transmission des exploitations. Cependant, la présentation de ce projet de loi a été différée de “quelques semaines” pour intégrer un volet “simplification”. La loi “en faveur du renouvellement des générations en agriculture” est particulièrement attendue. En raison du vieillissement de la population des chefs d’exploitation. Ce projet de loi envisage la création d’un nouveau diplôme de niveau bac+3. Un “bachelor agro”, ainsi qu’un réseau “France services agriculture” pour simplifier l’installation des nouveaux agriculteurs.

Gabriel Attal promet…
“Une « semaine de tous les dangers “, a prévenu le président de la FNSEA.

Depuis le mois d’octobre 2023, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs dénoncent la déconnexion entre les discours de nos dirigeants politiques français et européens ainsi que les décisions qui pèsent sur les agriculteurs. Cette grogne s’est traduite sur tout le territoire à travers l’action « On marche sur la tête » qui doit trouver des réponses à tous les niveaux.
La mobilisation exceptionnelle de tous les départements a permis d’obtenir des victoires importantes au niveau européen sur le glyphosate, sur le règlement SUR ou encore sur le projet de restauration de la nature. Au niveau français, des avancées sont également à mettre en avant, notamment les mesures de compensation obtenues suite à la baisse de l’avantage fiscal sur le GNR.

Toutefois, une pluie de décisions incompréhensibles continue de s’abattre sur notre secteur, dans un contexte où les agriculteurs subissent déjà violemment le changement climatique dans leurs exploitations. Les plans et normes actuelles s’inscrivent seulement dans une posture courtermiste et ne répondent pas à la question suivante : comment assurer aux agriculteurs, et particulièrement aux nouvelles générations qui s’installent, la pérennité économique de leur exploitation ?

Les points de la FNSEA

1. LA DIGNITE DES AGRICULTEURS DANS L’EXERCICE
2. LA JUSTE REMUNERATION DE LEUR TRAVAIL
3. LA NECESSITE DE RETABLIR DES CONDITIONS D’EXERCICE DU METIER ACCEPTABLES

LES PREMIERES MESURES D’URGENCE

1.Des réponses immédiates sur la rémunération
2.Le rejet intégral et immédiat de toutes les surtranspositions
3.Sortir des incohérences du Green deal et de la planification écologique
4.Mettre en place des mesures spécifiques en faveur du renouvellement des générations (RGA)

La première approche du gouvernement

Les distributeurs et industriels qui ne respecteront pas la loi Egalim, censée assurer une juste rémunération aux agriculteurs, pourront être sanctionnés à hauteur de 2 % de leur chiffre d’affaires, a indiqué Bercy.
Le gouvernement a renoncé à la taxation du gazole non routier (GNR), mise en place pour décarboner le secteur. Il a aussi annoncé la réduction des délais de recours contre certains projets, et une pause sur les zones humides et les tourbières.
ertaines des mesures de simplification annoncées par le Premier ministre sont aussi dans le collimateur des défenseurs de l’environnement : la réduction des délais de recours contre certains projets (comme les bâtiments agricoles ou les retenues d’eau), la suppression d’un degré de juridiction, le remplacement des 14 réglementations sur les haies par une seule, ou encore le passage de l’Office français de la biodiversité (OFB), le gendarme de l’environnement, sous la tutelle des préfets.

Des solutions futures

L’agriculture joue un rôle essentiel sur le plan environnemental (gestion durable des ressources), social (emploi rural, conditions de travail) et contribue à une gouvernance alimentaire responsable. Investir dans des pratiques agricoles durables peut être bénéfique tant pour les rendements financiers que pour la promotion d’une économie durable.
Je note les principaux points : Séquestration du carbone ; conservation de la biodiversité; protection des ressources en eau ; Réduction des émissions de gaz à effet de serre ; amélioration de la qualité des sols ; Emploi et salaires décents ; Sécurité alimentaire ; Réduction de l’utilisation des chimiques et innovation technologique.

Ainsi l’agriculture doit veiller au respect des droits des travailleurs agricoles et des communautés locales, renforçant ainsi les principes sociaux des critères ESG. Investir dans des méthodes agricoles durables encourage le développement de technologies novatrices pour une production alimentaire plus efficace et respectueuse de l’environnement est primordiale.

Les Agriculteurs sont toujours dans l’attente du gouvernement, espérons que cela soit pour prendre en compte la très longue liste de revendications.
nous explique Bruno Boggiani, Expert ESG, CEO Strateggyz – Green Finance.

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