ODD 4 : À quel rythme les pays transforment-ils leur éducation ?

Le 26 janvier 2023: Le tableau de bord 2023 pour l’ODD 4 montre à quel rythme les pays progressent vers la réalisation de leurs points de référence nationaux. Il constitue le premier numéro d’une nouvelle série de rapports qui seront publiés chaque année à l’occasion de la Journée internationale de l’éducation .

En quoi consistent les points de référence nationaux de l’ODD 4 ?

Comme expliqué plus en détail dans ce billet de blog, les points de référence nationaux de l’ODD 4 sont des objectifs nationaux que les pays se sont fixés et qui doivent être atteints d’ici 2025 et 2030. Ils portent sur sept indicateurs clés de l’éducation : la fréquentation de l’enseignement préprimaire, le taux d’enfants non scolarisés, le taux d’achèvement, les inégalités de genre dans le taux d’achèvement, les compétences minimales en lecture et en mathématiques, le taux d’enseignants qualifiés et les dépenses publiques d’éducation.

Une des principales mesures prises lors du Sommet sur la transformation de l’éducation est l’introduction de trois indicateurs supplémentaires au cadre de suivi de l’ODD 4, assortis de points de référence nationaux sur l’écologisation de l’éducation, le passage au numérique et la participation des jeunes et des étudiants à l’élaboration des politiques. Ces indicateurs sont en train d’être définis.

Pourquoi les pays établissent-ils des points de référence ?

Les points de référence nationaux de l’ODD 4 répondent à plusieurs objectifs. Le plus important d’entre eux est d’aider à mettre en contexte le suivi des progrès vers la réalisation de nos objectifs en matière d’éducation. Les points de référence indiquent non seulement que tous les pays ne partent pas du même pied, mais aussi qu’ils évoluent à un certain rythme, comme le démontrent les données historiques. En se fixant des points de référence, les pays sont mis au défi de progresser plus rapidement que s’ils suivaient ces tendances observées par le passé.

Que montrent les points de référence des pays ?

Jusqu’à présent, trois pays sur quatre ont présenté leurs points de référence, ou objectifs nationaux, à atteindre d’ici à 2030.

Certains pays se montrent très ambitieux et s’engagent à dépasser le taux historique de 25 % affiché par les pays les plus performants. Ce phénomène est particulièrement marqué pour l’amélioration des résultats d’apprentissage des élèves du primaire parmi les pays les plus pauvres dont les valeurs de départ sont basses. Il peut s’expliquer par le fait que ces pays manquent de données et maîtrisent moins bien la façon dont celles-ci évoluent.

L’analyse des points de référence a révélé un manque criant de données sur nos objectifs en matière d’éducation. En effet, la moitié des pays ne dispose d’aucune donnée sur les acquis scolaires ou la part d’enseignants qualifiés dans le primaire ; un tiers n’ont aucune donnée sur le taux d’achèvement ou le taux d’enfants non scolarisés.

Que montre le tableau de bord pour l’ODD 4 ?

Le tableau de bord pour l’ODD 4 présente le rythme auquel les pays progressent vers la réalisation de leurs points de référence de l’ODD 4. Dans la plupart des pays qui ont établi des points de référence, le taux d’achèvement du primaire a bien progressé. En revanche, le taux d’enfants non scolarisés s’est aggravé dans un pays sur 10 entre 2015 et 2020. Au moins un pays sur trois a enregistré un recul des acquis scolaires et de la formation des enseignants aux niveaux préprimaire et primaire.

Ce tout premier rapport intérimaire étudie deux indicateurs en détail : le taux d’achèvement du second cycle du secondaire et le taux de fréquentation de l’enseignement préprimaire. Pour ces deux indicateurs, à peine un pays sur trois est fortement susceptible d’atteindre son point de référence national pour 2025 ; ils font principalement partie des pays les plus riches.

En ce qui concerne le taux d’achèvement du second cycle du secondaire, la plupart des pays ont progressé lentement plutôt que rapidement. Le Rwanda est le seul pays à faible revenu à avoir progressé rapidement ; la plupart des autres pays de cette catégorie ne disposent pas de données suffisantes ou ne se sont pas fixé d’objectif national. La majorité des pays à revenu intermédiaire inférieur ne connaissent qu’une évolution lente, mais sept pays se distinguent par leurs progrès fulgurants : le Bangladesh, la Bolivie, l’Égypte, le Salvador, le Ghana, le Kirghizstan et le Népal.

Pour ce qui est du taux de fréquentation de l’enseignement préprimaire, les pays à revenu élevé ont plus de chance d’avoir accompli des avancées rapides. En revanche, les pays à revenu intermédiaire inférieur ont progressé plus lentement et sont moins susceptibles de réaliser leur objectif national d’ici 2025. Néanmoins, 14 pays à revenu faible ou intermédiaire inférieur sont en passe d’atteindre leurs points de référence : le Burkina Faso, le Burundi, le Bhoutan, le Cambodge, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, l’Inde, le Kirghizstan, la République de Moldova, le Rwanda, la Sierra Leone, le Vanuatu et le Viet Nam.

Un pays sur trois – et deux pays à faible revenu sur trois – n’atteint aucun des deux points de référence minimaux sur le financement de l’éducation. Parmi les pays pour lesquels des données sont disponibles, 64 % des pays à faible revenu sont tombés en deçà des deux valeurs de référence, contre 29 % des pays à revenu intermédiaire et élevé. La question de la disponibilité des données est plus épineuse dans les pays les plus pauvres : 24 % des pays à faible revenu, 15 % des pays à revenu intermédiaire et 6 % des pays à revenu élevé ne communiquent aucune donnée sur leurs dépenses publiques.

Quelles mesures peuvent aider les pays à atteindre leurs points de référence sur l’enseignement préprimaire ?

L’objectif du processus d’évaluation comparative n’est pas seulement de mettre en lumière les progrès réalisés, mais aussi d’aider les pays à repérer les politiques qui sont à l’origine des résultats obtenus. Trois politiques s’avèrent importantes pour faire progresser le taux de fréquentation de l’enseignement préprimaire.

Légiférer : proposer un enseignement préprimaire gratuit et obligatoire. En 2020, 91 pays sur 188 ne prévoyaient aucune année d’enseignement préprimaire gratuit et obligatoire. Or, les pays qui garantissent au moins une année d’enseignement préprimaire gratuit affichent un taux de fréquentation et des points de référence plus élevés.

Encadrer : pour pouvoir être garants de la qualité et de l’équité, les gouvernements doivent encadrer les prestataires privés, qui assurent une part importante de l’enseignement préprimaire. Alors que 97 % des pays réglementent l’agrément, l’homologation et la création des établissements privés d’enseignement préprimaire, seuls 26 % aident certaines catégories de populations vulnérables à régler les frais de scolarité et seuls 15 % interdisent l’enseignement privé à but lucratif. Dans les pays où les frais de scolarité sont pris en charge pour certains groupes de population, la part d’enfants qui suivent des activités d’apprentissage organisé un an avant leur entrée dans le primaire est supérieure de 13 points de pourcentage, tandis que dans les pays où les frais de scolarité sont plafonnés, la fréquentation est plus élevée de 7 points de pourcentage.

Financer : les dépenses consacrées à l’enseignement préprimaire public font progresser le taux de scolarisation. Dans les 80 pays disposant de données en 2018-2020, 0,43 % du PIB était réservé à l’enseignement préprimaire. Quatre pays y ont alloué plus de 1 % de leur PIB : le Bélarus, l’Équateur, la République de Moldova et la Suède. Doubler les dépenses – de 0,25 % à 0,50 % du PIB – fait tripler le taux de fréquentation, de 20 % à 60 % en moyenne.