Reprise d’ un article rédigé par Thuy Van Pham, économiste Marchés Emergents chez Groupama AM :
Entre activité industrielle faible et stabilité relative, les pays émergents demeurent en marge des principales affaires internationales.
L’indice PMI du secteur manufacturier des 15 principales économies émergentes (EMs) s’est redressé fin 2019. Il est estimé à 49 contre 48,2 en novembre (cf. graphique 1).
La faiblesse de l’ indice reste toute fois préoccupante, cela fait déjà 8 mois qu’il est sous l’ indice des 50, dans leur ensemble les pays émergents sont ainsi assez fortement mis de côté d’ un point de vue international.
Dans les pays d’ Europe centrale et orientale ainsi qu ‘en Amérique Latine c’est l’ activité industrielle qui est à l’origine d’un ralentissement certain. C’est principalement le cas pour la Pologne, la République Tcèque, la Russie, la Turquie et le Mexique.
Les seuls signes de stabilité qui sont cependant à souligner nous viennent d’ Asie : Les indices PMI sont restés stables en Chine et ont progressé dans les autres pays de la région. Certains ont même dépassé la ligne des 50 comme à Taiwan, Singapour ou en Corée du Sud. A Hong Kong, l’indice PMI s’est redressé de près de 4 points par rapport au point bas de novembre (cf. graphiques 2 et 3).
Mais à court-terme, les perspectives de croissance des pays émergents, de manière générale reste considérablement fragiles. Si les policy-mix accommodants appliqués dans la plupart des EMs devraient permettre de soutenir l’activité cette année, les pressions baissières sur la croissance demeurent nombreuses. Les incertitudes demeurent d’ autre part concernant le commerce mondial, et avec ceci, la probabilité d’une nouvelle dégradation des relations entre la Chine et les Etats-Unis et d’un « retour en arrière » sur la question des droits de douane est élevée. En effet, la date de signature de l’accord commercial partiel annoncé le 13 décembre dernier reste inconnue alors que Pékin et Washington devraient débuter prochainement les négociations des deux autres phases dont les contours s’avèrent très flous.
La demande domestique considérablement limitée en Chine reste d’ autre part un frein au dynamisme de croissance des pays émergents, et elle s’entretient en raison de : 1/ la montée régulière du taux d’épargne des ménages ; 2/ la volonté de l’Etat de poursuivre le désendettement et donc de maintenir les conditions monétaires et financières sur des niveaux élevés ; et 3/ des politiques de soutien proactifs mais plus dosés que par le passé.
Au-delà des aléas externes, la croissance des EMs sera également soumise aux incertitudes politiques susceptibles de provoquer des sorties massives de capitaux. En effet, des échéances électorales sont prévues dans certaines EMs cette année, par exemple au Pérou (élections législatives anticipées le 26 janvier), en Corée du Sud (législatives, avril) ou en Pologne (présidentielle, mai). Partout, le risque politique est élevé en raison de l’instabilité liée aux protestations populaires prolongées (Hong Kong, Amérique latine) et aux déficiences profondes de gouvernance (cf. graphique 4).