PlanetSolar II : le pari solaire au sommet des Andes

PlanetSolar II

PlanetSolar II a entamé ce 29 septembre 2025 la première circumnavigation solaire du lac Titicaca, plus haut lac navigable du monde. L’expédition menée par Raphaël Domjan, avec des scientifiques et la Fondation PlanetSolar, vise à promouvoir l’énergie solaire et à étudier un écosystème fragilisé par la pollution et le changement climatique.

Un départ historique à Puno

Le 29 septembre 2025 restera une date marquante pour la navigation solaire. C’est depuis le port de Puno, au Pérou, que PlanetSolar II a pris le large, amorçant une aventure scientifique et symbolique : la première circumnavigation du lac Titicaca réalisée exclusivement grâce à l’énergie solaire.

À plus de 3 800 mètres d’altitude, ce plan d’eau sacré pour les Incas devient le théâtre d’une expédition mêlant technologie de pointe, recherche environnementale et engagement sociétal. Menée par l’éco-explorateur suisse Raphaël Domjan, initiateur du projet, la mission entend prouver qu’un futur basé sur les énergies renouvelables est non seulement possible, mais déjà en marche.

Un équipage engagé et complémentaire

Autour de Domjan, une équipe internationale a embarqué pour un mois d’exploration :

  • Xavier Lazzaro, océanographe de renom, spécialiste du Titicaca et de ses déséquilibres écologiques.
  • Nadia Keller, représentant la Fondation PlanetSolar, garante de la dimension institutionnelle et pédagogique de l’aventure.
  • Claudio Von Planta, documentariste, chargé de capter chaque moment de cette odyssée pour en faire un témoignage filmé.

Cette diversité de profils incarne l’esprit de l’expédition : une synergie entre science, communication et innovation.

Des objectifs multiples

L’expédition repose sur trois grands axes :

  1. Explorer et analyser l’écosystème du Titicaca
    Le lac souffre d’une pollution croissante liée aux rejets miniers, aux déchets domestiques et à l’intensification des activités humaines. Les scientifiques embarqués, en collaboration avec l’Autorité binationale du lac Titicaca (ALT), mèneront des relevés inédits de la qualité de l’eau afin d’évaluer l’état de santé du « grand lac ».
  2. Tester l’efficacité du solaire en haute altitude
    Les cellules photovoltaïques de PlanetSolar II seront étudiées dans des conditions extrêmes. Grâce à des instruments embarqués, les données seront comparées en temps réel avec celles recueillies sur le lac de Neuchâtel, en Suisse. L’objectif est de comprendre l’influence de l’altitude, du rayonnement solaire et des conditions climatiques sur les performances énergétiques.
  3. Porter un message universel
    Au-delà de la science, cette circumnavigation vise à montrer au monde entier que la transition énergétique est déjà une réalité. Naviguer sur un lac aussi emblématique sans émettre un gramme de CO₂ constitue un geste à la fois technique et politique.

Des obstacles surmontés avant le départ

Comme souvent dans les projets pionniers, les premiers jours ont réservé leur lot de complications. L’équipe a dû obtenir une confirmation d’assurance spécifiant explicitement que le navire était couvert sur le « Lago Titicaca ». Elle a également passé une inspection sanitaire inhabituelle, directement sur le pont du bateau. Ces contretemps n’ont cependant pas freiné l’enthousiasme des explorateurs, qui ont fini par hisser les voiles… solaires.

Un appui diplomatique et institutionnel

Le projet bénéficie du soutien officiel de la diplomatie suisse. L’ambassadrice de Suisse en Bolivie, Maja Messmer Mokhtar, ainsi que l’ambassadeur de Suisse au Pérou, Paul Garnier, étaient présents lors de la mise à l’eau. Leur présence illustre l’importance symbolique de cette aventure pour l’image d’une Suisse pionnière dans le domaine de l’énergie solaire.

Des institutions scientifiques de référence, comme le CSEM et l’EPFL, contribuent également à cette mission, en mettant leur expertise au service du suivi des performances photovoltaïques.

Enfin, la Fondation Prince Albert II de Monaco, active dans la protection des océans, s’associe à l’expédition, soulignant la portée internationale du projet.

Le lac Titicaca, un trésor menacé

Le Titicaca, partagé entre le Pérou et la Bolivie, est bien plus qu’un simple lac. C’est le plus grand réservoir d’eau douce d’Amérique du Sud, un site sacré pour les peuples andins, et une source de vie pour des millions d’habitants. Long de près de 200 kilomètres et couvrant 8 340 km², il constitue un écosystème unique.

Mais ce patrimoine est fragile :

  • La sécheresse, aggravée par le changement climatique, fait reculer ses rives.
  • La pollution minière et domestique dégrade la qualité de ses eaux.
  • La navigation motorisée, inefficace en altitude, contribue aux rejets polluants.

En attirant l’attention sur ces menaces, PlanetSolar II espère éveiller les consciences et encourager une gestion plus durable de cet environnement exceptionnel.

Un projet tourné vers l’éducation

Au-delà de la recherche, la mission a une dimension pédagogique forte. Des élèves en Suisse et au Pérou suivent en direct l’évolution du bateau et des données recueillies. Cette interaction transforme l’expédition en une véritable salle de classe flottante, rapprochant science et société.

Ce rôle éducatif prolonge la philosophie de PlanetSolar : utiliser l’exploit technologique comme catalyseur de sensibilisation et d’inspiration, en particulier auprès des jeunes générations.

Une transmission locale et durable

À l’issue du périple, PlanetSolar II sera remis à l’Autorité binationale du lac Titicaca (ALT). Le navire ne sera donc pas seulement un symbole, mais un outil concret mis au service des acteurs locaux pour la surveillance et la protection du lac. Ce legs témoigne d’une volonté de laisser un héritage durable et utile aux communautés riveraines.

Héritage de PlanetSolar I

Cette aventure s’inscrit dans la continuité du premier PlanetSolar, qui avait marqué l’histoire en 2012 en accomplissant le tout premier tour du monde uniquement grâce à l’énergie solaire. Cette première mondiale avait établi plusieurs records :

  • traversée de l’Atlantique la plus rapide à l’énergie solaire,
  • première traversée de l’océan Indien avec ce mode de propulsion,
  • plus long parcours maritime réalisé sans carburant fossile.

Avec PlanetSolar II, l’histoire continue. Mais cette fois, le défi est ancré dans un territoire emblématique, au cœur des Andes, avec une portée à la fois scientifique, symbolique et citoyenne.

Une expédition entre passé et futur

Naviguer sur le Titicaca à l’énergie solaire, c’est aussi renouer avec une dimension culturelle et spirituelle. Les Incas vénéraient Inti, leur dieu soleil, et considéraient ce lac comme un lieu sacré. En choisissant ce décor pour sa nouvelle odyssée, PlanetSolar inscrit son geste dans la continuité d’un héritage millénaire, tout en projetant un futur durable.

Conclusion : un message pour le monde

L’expédition PlanetSolar II n’est pas une simple performance technique. Elle constitue une démonstration tangible que les solutions renouvelables sont capables de relever des défis logistiques et environnementaux majeurs.

À travers ce périple solaire sur le lac Titicaca, Raphaël Domjan et son équipe rappellent qu’il est encore temps d’agir. L’énergie solaire, loin d’être une utopie, s’impose comme une ressource réaliste, efficace et respectueuse de la planète.

En laissant derrière lui un bateau, des données scientifiques et un documentaire, PlanetSolar II ne se contente pas d’écrire une page d’histoire : il offre des outils et une vision pour les générations futures.

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