Selon le premier Rapport sur la finance durable et les droits de l’Homme réalisé par Luxembourg For Finance, l’Agence de développement de la place financière luxembourgeoise, en partenariat avec l’Université de Genève, le Geneva Center for Business and Human Rights et FaHR (Finance & Human Rights), 89 % des institutions financières européennes interrogées estiment que l’industrie a un rôle important à jouer pour le respect des droits de l’Homme.
Si les préoccupations environnementales ont longtemps été les seules à être sous les feux de la rampe, elles sont désormais partagées, lentement mais sûrement, avec les préoccupations sociales et de gouvernance, qui incluent les droits de l’Homme.
Les institutions financières européennes ont fait l’objet d’une pression accrue de la part de nombreux acteurs pour intégrer des considérations de durabilité environnementales et sociétales dans leurs modèles économiques. La thématique spécifique des droits de l’Homme n’a toutefois pas bénéficié d’une attention particulière et d’un système d’évaluation de leur prise en compte dans les décisions d’investissement.
Voici les principaux enseignements du rapport :
- La prise en compte des droits de l’Homme dans les décisions clés des institutions financières permettent la diminution des risques et la possibilité d’obtenir de meilleurs résultats financiers.
- L’évolution des attentes de la société, des clients et des employés de ces institutions constituent les principaux facteurs qui incitent les institutions financières à s’intéresser aux droits de l’Homme.
- Les gouvernements doivent établir des normes plus claires en matière de droits de l’Homme dans le domaine de la régulation financière.
- Les cadres supérieurs de ces institutions se sont saisis du sujet des droits de l’Homme mais leur seule bonne volonté ne suffira pas à la mise en place d’outils d’évaluation et d’intégration dans les processus de décisions.
- La clarification des buts à atteindre en matière de droits de l’Homme pour les institutions financière leur permettra de mieux les aborder.
Forte sensibilisation aux droits de l’Homme
La pandémie du COVID-19 a notamment pour effet d’attirer l’attention accrue de l’opinion publique sur la durabilité environnementale et l’attention à la personne humaine dans la prise de décisions des autorités publiques. Ainsi, si 89 % des interrogés estiment que la finance a un rôle important à jouer pour le respect des droits de l’Homme, les sondés rappellent que les gouvernements nationaux doivent être les premiers à fixer des normes juridiques claires par le biais de leur réglementation.
Toutefois, près de 72% des interrogés déclarent que leur institution semble d’ores et déjà bien positionnée pour répondre aux nouvelles exigences de l’Union Européenne en matière de développement durable.
La pandémie du COVID-19 a souligné l’importance des questions sociales
Nicolas Mackel, Directeur Général de Luxembourg for Finance, déclare : « Ce premier rapport sur les droits de l’Homme est une excellente occasion de faire le point sur la position des institutions financières et sensibiliser le public à ce sujet. La pandémie du COVID-19 a souligné l’importance des questions sociales dans le secteur des affaires. Les institutions financières peuvent jouer un rôle crucial pour l’avenir en faisant des droits de l’Homme un critère essentiel dans leurs stratégies de durabilité. »
Plus de 50 % des institutions financières s’engagent déjà auprès des entreprises bénéficiaires et de leurs clients sur leur approche des droits de l’homme et si le manque de connaissances, cité par 21 % des personnes interrogées comme un obstacle, entrave actuellement un engagement plus poussé, il est probable qu’il diminue considérablement dans les années à venir. Le rapport souligne qu’actuellement, le manque de données sur les entreprises joue un rôle en empêchant les institutions financières de mieux prendre en compte les droits de l’homme. La réglementation européenne à venir devrait pallier à ce problème.
Dorothée Baumann-Pauly, Directrice du Geneva Center for Business and Human Rights, ajoute : « Des données et des rapports cohérents permettront aux institutions financières de s’assurer qu’elles interpellent les entreprises bénéficiaires sur les droits de l’Homme. En fin de compte, ce sont les clients qui sont les principaux moteurs du changement, car s’ils s’orientent vers des produits qui tiennent compte des droits de l’Homme, les institutions financières les intégreront de plus en plus dans leurs stratégies.»