Pour de nombreux investisseurs, la marche vers l’intégration ESG ressemble à un choix en principe évident. Sa mise en œuvre peut s’avérer cependant assez complexe. Afin de pouvoir juger réellement si l’approche d’investissement d’un gérant incorpore parfaitement les facteurs ESG, les investisseurs devraient lui poser trois questions…
Pour de nombreux investisseurs, la marche vers l’intégration ESG ressemble à un choix en principe évident. Sa mise en œuvre peut s’avérer cependant assez complexe. Afin de pouvoir juger réellement si l’approche d’investissement d’un gérant incorpore parfaitement les facteurs ESG, les investisseurs devraient lui poser trois questions : comment prenez-vous en compte l’approche ESG dans votre processus d’investissement et pourquoi ? Etes-vous sincère et cohérent dans sa mise en place ? Et en tirerai-je des bénéfices financiers ?
Ces questions sont déterminantes mais y répondre de manière pertinente exige d’avoir une vision de long terme sur la création de valeur des entreprises. La plupart des considérations ESG n’engendrent pas de bénéfice financier concret avant plusieurs trimestres. En général, elles ne commencent à compter qu’au bout de 3 à 5 ans, un horizon trop long pour la grande majorité des gérants. Si les ouvrages théoriques considèrent, à juste titre, que les excédents de rendement significatifs et résilients sont rares et qu’ils ne peuvent être générés qu’à partir d’innovations véritables et durables, celles-ci sont difficiles à prévoir et la capacité d’une société à en générer de façon récurrente est, de la même façon, difficile à appréhender.
En réalité, la durabilité est un bon substitut de la capacité d’innovation en raison de leurs points communs frappants au niveau d’une société : les deux nécessitent de l’empathie et le souci de l’actionnaire, une vraie capacité à anticiper les besoins futurs et une forte aptitude à s’adapter intelligemment, et sur la durée, à un environnement constamment changeant.
” Il ressort de notre expérience que les sociétés qui ont une culture de l’excellence profondément ancrée dans leur adn affichent les meilleures stratégies et performances, non seulement en termes d’innovation mais aussi de développement durable. Pour preuves, des exemples tels l’entreprise de santé mondiale Novo Nordisk, l’enseigne de prêt-à-porter Inditex et la société multinationale de logiciels Dassault Systèmes. “
La réussite et la pérennité d’une telle combinaison sont le plus souvent liées à l’affirmation d’un projet d’entreprise ambitieux qui aide tous les employés, de haut en bas de l’échelle, à s’impliquer fortement et à trouver le meilleur moyen d’atteindre les objectifs stratégiques, quelles que soient l’incertitude et la complexité de l’environnement. Une équipe de direction orientée long terme, soutenue par une structure d’actionnariat stimulante mais stable sera, généralement, d’une grande aide. Pour qu’une entreprise produise des innovations qui génèreront des profits colossaux, le prérequis est qu’elle tire le meilleur parti de ses employés. Il est de sa responsabilité d’aider ses employés à réaliser pleinement leur potentiel, grâce au respect, à la responsabilisation, à la mise à disposition de ressources, ainsi qu’à la définition d’objectifs clairs, qui font sens, dans le cadre de la stratégie générale de l’entreprise.
Enfin, si la véritable mission d’une entreprise est de répondre aux défis les plus pressants de la société civile, il est alors fort probable que ses clients seront au rendez-vous, lui apportant croissance et bénéfices.
Afin de comprendre et prendre la mesure de la situation, il est nécessaire d’analyser la culture de l’entreprise. Ceci ne peut se faire qu’au travers d’un examen minutieux des critères ESG dans la stratégie des ressources humaines et dans les structures de gouvernance.
Rattacher cette analyse aux critères financiers peut s’avérer difficile, mais très gratifiant dans l’évaluation des potentiels de croissance long terme.
Le processus impliqué dans l’intégration ESG peut inclure des visites de sites régulières, et, souvent, des visites supplémentaires avec des membres indépendants du conseil d’administration ainsi qu’avec des cadres et des employés, afin de se faire une idée plus claire sur la culture d’une entreprise. Au travers d’alertes ESG ad hoc qui préviendront des évènements pouvant avoir un impact significatif sur nos investissements, un suivi précis des entreprises doit être mis en place.
Toutes ces données nous servent à comprendre la façon dont une entreprise pense, et comment elle s’adapte à un environnement changeant. Ces analyses démontrent que, quelque soit le secteur, certaines entreprises sont plus résilientes que d’autres, ce qui nous conduit à ajuster nos taux d’actualisation. De la même façon, certaines entreprises sont plus susceptibles que d’autres de débusquer la prochaine grande tendance et d’engendrer, à partir de là, une formidable activité qui sera reflétée dans des projections de chiffres d’affaires plus élevées.
L’intégration ESG s’inscrit de façon naturelle dans notre approche de l’investissement centrée sur la croissance et la qualité dans une perspective de long terme, puisqu’elle permet de révéler la qualité d’une entreprise ainsi que sa durabilité et sa capacité d’innovation qui permettront de sécuriser sa trajectoire de croissance et ses profits sur une période plus longue.
Il est prouvé que se concentrer de façon systématique et réfléchie sur les facteurs ESG permet aux investisseurs de dégager des profits élevés et durables sur le long terme.