Santé et droits de douane : quels impacts pour les acteurs du secteur ?

droits de douane

Les droits de douane annoncés par Trump bouleversent le secteur santé. Si les services de santé restent solides, la pharma, la biotech et les outils scientifiques subissent des pressions. La relocalisation devient stratégique. Les acteurs européens, notamment suisses, pourraient perdre en compétitivité. Le marché américain reste central pour les investissements.

Un secteur qui résiste mais se fragmente

Au 9 avril 2025, le secteur mondial de la santé affiche une performance de -7,8 %, un recul limité face au MSCI World Index (-11,8 %) et au S&P 500 (-12,5 %). Cette résilience globale masque pourtant de fortes disparités internes. Les services de santé progressent de 9 %, tandis que les équipements scientifiques chutent de 22 %, et la biotechnologie de 14 %. Ces écarts soulignent l’intérêt d’une approche sectorielle diversifiée.

Les segments les plus résilients

Les services de santé s’imposent comme les plus robustes. Ancrées sur le marché américain, ces entreprises sont peu concernées par les droits de douane. Elles affichent encore une décote d’environ 10 % par rapport au marché global, ce qui les rend attractives en période d’incertitude.

Produits pharmaceutiques : la menace monte

Jusqu’ici épargné, le segment pharmaceutique pourrait bientôt subir des droits de douane. Donald Trump souhaite les appliquer rapidement. Ces mesures viseraient notamment les médicaments produits hors des États-Unis, un cas fréquent dans l’industrie. L’Irlande, véritable hub pharmaceutique, pourrait être fortement touchée.

Ces taxes risquent d’augmenter les coûts de production, de perturber les chaînes d’approvisionnement et de compromettre l’accès des patients aux traitements. Pour les grands laboratoires, cela pourrait signifier relocaliser une partie de la production sur le sol américain.

Biotechnologie : un secteur sous pression

Les PME biotech font face à un double défi : une régulation incertaine et un financement plus complexe. La politique de Robert F. Kennedy Jr., visant à réintégrer d’anciens employés de la FDA, pourrait allonger les délais d’autorisation de mise sur le marché. Or, chaque report pèse lourdement sur des sociétés en phase de développement. Malgré ces tensions, leurs valorisations actuelles pourraient relancer les fusions-acquisitions dans le secteur.

LS Tools : un segment pénalisé par la baisse des budgets

Les prestataires en sciences de la vie dépendent étroitement des dépenses de R&D de l’industrie pharmaceutique. Or, en contexte de tension tarifaire, ces budgets sont souvent les premiers à être réduits. Certaines entreprises redeviennent intéressantes d’un point de vue valorisation, mais la sélection reste clé. Mieux vaut éviter d’acheter trop tôt sur des valeurs encore instables.

Medtech : vulnérable mais adaptable

Les entreprises de dispositifs médicaux ne sont pas épargnées. Leurs chaînes logistiques traversent souvent des pays visés par les nouveaux tarifs douaniers. Toutefois, les grands groupes du secteur disposent d’une flexibilité suffisante pour absorber une partie des surcoûts, grâce à une organisation agile et des marges solides.

Services de santé : des modèles stables mais exposés à d’autres risques

Bien que peu affectés par les droits de douane, les acteurs du service médical pourraient subir d’autres mesures. Les hôpitaux, assureurs ou laboratoires risquent d’être ciblés par les politiques de réduction des coûts de santé, une priorité affichée par Trump. Cela pourrait peser sur leur rentabilité, malgré un environnement économique globalement porteur.

Les conséquences pour la Suisse et l’Europe

Le secteur pharmaceutique suisse est particulièrement exposé. Les États-Unis représentent un débouché majeur. Une taxation à 10 % des importations, voire 32 % pour les produits suisses, réduirait fortement leur compétitivité. Cette pression incite déjà certaines entreprises à envisager une délocalisation partielle vers les États-Unis.

Les laboratoires européens craignent une fuite des investissements R&D. Une stratégie industrielle trop centrée sur les États-Unis risquerait d’appauvrir l’écosystème d’innovation européen.

Quelles perspectives pour les investisseurs santé ?

Chez DNB Asset Management, nous pensons que le secteur de la santé reste solide, malgré les incertitudes. Les grandes entreprises biopharma sauront s’adapter grâce à leur envergure internationale. Le fonds DNB Health Care reste équilibré entre États-Unis et Europe, un choix que nous maintenons.

Enfin, Trump pourrait accompagner ses mesures de hausses tarifaires par des incitations fiscales, comme une baisse de l’impôt sur les sociétés. Cela bénéficierait directement aux entreprises rentables basées aux États-Unis, et renforcerait encore l’attractivité du marché américain pour les groupes internationaux.

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