« Société et vieillissement » et sa mission de sensibilisation

La Fondation de l’Académie de Médecine (FAM) publie le livre blanc « Société et vieillissement » : Quelles actions mener pour bien ou mieux vieillir dans notre société ? Ce livre doit sensibiliser le grand public à la situation présente et future. Egalement, permettre aux pouvoirs publics une meilleure appréhension des réalités du vieillissement pour améliorer l’accompagnement ou la prise en charge pour le meilleur de la santé pour tous.

Vivre en harmonie avec le grand âge

« Construire une société dans laquelle les séniors trouvent une place qui n’est ni celle de la sagesse et de la référence ni celle du rejet et de l’abandon mais, celle d’une génération vivant en harmonie complète avec les autres générations, c’est-à-dire dans une société qui n’a encore jamais été pensée. »
Lorenzi JH et Al dans l’Erreur de Faust, Cent Milliards Ed. Paris 2017

Le XXIème siècle se déroulera dans un monde qui n’aura jamais été aussi vieux. Le nombre d’adultes de plus de 65 ans doublera entre 2020 et 2050 passant de 0,73 milliard à 1,55 milliard, dépassant de beaucoup le nombre d’enfants de moins de 5 ans.

En effet, toujours au niveau mondial, l’espérance de vie à la naissance pour les 2 sexes est passée de 52,6 ans en 1960 à 72 ans, aujourd’hui.

Quoiqu’il en soit, d’immenses et d’insupportables inégalités existent encore actuellement, puisqu’au Niger, en Sierra Léone, en Côte d’Ivoire, entre autres, l’espérance de vie à la naissance est toujours inférieure à 60 ans alors que celle-ci est supérieure de 20 à 25 ans dans la grande majorité des pays Européens (Allemagne, Espagne, France, Italie par exemple). Ainsi, vieillir apparaît et devrait apparaître à chacun d’entre nous comme « un immense privilège ».

C’est dans sa mission première, « favoriser l’accès au meilleur de la santé pour le plus grand nombre », que la FAM s’est emparée de ce sujet d’importance majeure pour apporter tout l’éclairage nécessaire pour permettre à notre société de vivre en harmonie avec le grand âge et réciproquement.

Parler du « mieux » ou « bien vieillir » est une tâche extrêmement difficile compte-tenu des implications multiples entre ce qui est plus ou moins contrôlable et ce qui ne l’est pas toujours ou ne le sera jamais. Plusieurs cycles de débats organisés par la Fondation de l’ Académie de médecine et coordonnés par le Professeur Jean-Pierre Michel (Gériatre – Professeur émérite de la Faculté de médecine de Genève, membre de l’ Académie nationale de médecine (France) – Directeur du rapport européen « Transformons le futur du vieillissement ») sur le sujet, ainsi que la collaboration d’une quarantaine d’experts et intervenants, médecins, gériatres, sociologues, philosophes, architectes, entreprises a permis la rédaction de ce livre blanc « Société et vieillissement ».

Un double vieillissement en France

Quelques particularités démographiques françaises méritent de situer les problématiques individuelles et sociétales. Comme montré plus haut, la France subit un double vieillissement.

Le « vieillissement par le haut » correspond à la constante augmentation de longévité des aînés. Ainsi, l’âge du décès est passé, pour les 2 sexes confondus, de 67 ans en 1950 à 83 ans aujourd’hui, et il devrait se situer autour de 87 ans en 2050. Ce premier phénomène se double d’un « vieillissement par le bas » correspondant à une réduction du taux de fertilité de 2.7 enfants par femme en 1950 à moins de 2 aujourd’hui, tendance qui devrait perdurer jusqu’en 2050. Cette double tendance devrait favoriser l’augmentation de l’espérance de vie des Français et des Françaises en 2050 qui, à 65 ans, devrait respectivement atteindre 23,4 ans et 25,1 ans, ce qui ne sera pas sans conséquence tant sur le plan individuel que sociétal. En effet, peu de quadragénaires et trentenaires d’aujourd’hui imaginent qu’ils constitueront la vieille population de demain.

Cela est bien regrettable car malheureusement, aujourd’hui encore et en moyenne, le nombre d’années totales passées en incapacité fonctionnelle (dépendance physique ou perte d’autonomie de légère à sévère) reste dramatiquement stable depuis des décennies : 18 ans pour les hommes et 22 ans pour les femmes. Ces données devraient énormément inciter le gouvernement à favoriser au maximum les actions de prévention individuelle pour favoriser le vieillissement en « bonne santé ».

Sans oublier que tout a une fin…

En effet, en France, 78% des décès concernent des personnes de plus de 70 ans ; les hommes contrairement aux femmes meurent plus avant l‘âge de 80 ans.

La mort est attendue dans 2/3 des cas, selon trois processus bien identifiés :

  • Phase terminale facilement identifiable (cancers notamment)
  • Épisodes aigus de détérioration avec certains moments de récupération (insuffisance cardiaque/respiratoire)
  • Déclin graduel et prolongé (personnes âgées fragiles ou démentes).

Actuellement, en France, les lieux de mort des plus âgés se répartissent également entre le domicile, l’hôpital et la maison de retraite.

Les pistes d’action possibles pour vivre vieux et mieux

« Prendre soin de soi » correspond à une action continue, tout au long de sa propre trajectoire de vie, pour progresser vers son propre bien-être et son propre accomplissement physique, psychique, spirituel, financier ou amoureux.

Prendre soin de soi est d’autant plus important qu’il est maintenant prouvé que seulement 25% de nos gênes ont une expression fixe tout au long de la vie (ce qui inclut malheureusement environ 6 000 maladies génétiques dites « rares »). Ce qui signifie aussi que 75% de nos gênes ont une expression variable au cours de notre vie et que le vieillissement humain dépend de multiples gênes, non encore totalement inventoriés et tenus pour responsables. Les modifications du génome, qualifiées d’épigénétiques, dépendent de notre style et de nos habitudes de vie et bien sûr de la qualité de l’environnement (pollutions, perturbateurs endocriniens, etc.), prouvant que nous sommes les principaux acteurs de notre propre vieillissement, donc que des interventions préventives peuvent nous aider à mieux vieillir.

Ce travail propose, après un constat de la situation en France, les pistes d’action possibles pour vivre vieux en harmonie avec notre société et réciproquement :

  • Favoriser un vieillissement individuel en « bonne santé »
  • Prévenir dès la mi-vie, les aléas des maladies chroniques et des incapacités liés à l’avancée en âge
  • Prendre soin de soi et favoriser l’entourage affectif
  • Interagir au niveau social et sociétal
  • Intervenir pour promouvoir un environnement de vie sécuritaire et sain
  • Et aborder la finitude avec sérénité.

Le livre blanc « Société et vieillissement » doit sensibiliser le grand public à la situation présente et future et permettre aux pouvoirs publics une meilleure appréhension des réalités du vieillissement pour améliorer l’accompagnement ou la prise en charge pour le meilleur de la santé pour tous.

Il devrait être le point de départ de la mise en place de nouveaux fonctionnements dans la gestion du vieillissement de notre société et contribuer activement à l’évolution des connaissances et des comportements et à l’aboutissement des politiques publiques au profit de nos aînés, de leur famille et pour chacun d’entre nous.

Veuillez trouver ci-joint le livre blanc « Société et vieillissement »

A propos de La Fondation de l’Académie de Médecine (FAM)

Il s’agit d’une Fondation reconnue d’utilité publique, fondation abritante qui a pour mission de fédérer les compétences médicales, d’apporter des réponses à des sujets de santé publique et de promouvoir l’image de la France dans le monde à travers la santé. Elle se veut aussi le lieu de partage des savoirs au sein de l’Académie nationale de médecine à travers des débats avec la société civile sur quatre thèmes de santé majeurs : alimentation, vieillissement, environnement et santé des femmes.