Taxe exceptionnelle sur les banques

Suite à l’annonce par le gouvernement italien d’une taxe exceptionnelle sur les banques, Johann Scholtz, expert du secteur bancaire européen au sein de l’équipe Equity Research de Morningstar apporte les précisions suivantes :

« L’impact le plus préjudiciable de l’annonce surprise d’une taxe sur les bénéfices exceptionnels par le gouvernement italien ne sera pas l’impact sur les bénéfices des banques italiennes, mais la prime de risque plus élevée que les investisseurs exigeront pour les dédommager du risque d’une future intervention du gouvernement. Le caractère désordonné de l’annonce, le gouvernement ayant modifié les termes de la taxe au moins trois fois en une journée, ne contribuera guère à restaurer la confiance des investisseurs. De nombreux investisseurs considèrent déjà les banques européennes comme des institutions semi-nationalisées, et nous pensons que cela explique en grande partie la forte décote persistante des banques européennes par rapport à l’ensemble du marché. Après l’instauration d’une taxe similaire sur les bénéfices exceptionnels en Espagne et l’interdiction des paiements de dividendes pendant la pandémie de coronavirus, les investisseurs seront encore plus préoccupés par le risque d’une intervention arbitraire des gouvernements et des régulateurs. »

« Nous ne nous attendons pas à ce que d’autres grands gouvernements européens suivent l’exemple de l’Italie et de l’Espagne, surtout après avoir vu les retombées de la débâcle italienne. Nous estimons que l’impact sur les bénéfices estimés par FactSet pour 2023 sera de 10 % pour Intesa Sanpaolo et de 6 % pour UniCredit. BNP Paribas et Crédit Agricole sont les autres banques européennes que nous couvrons et dont l’exposition à l’Italie est la plus importante. Nous estimons que l’impact sur les bénéfices du groupe pour ces deux banques serait inférieur à 2%. Morningstar ne prévoit pas de modifier ses estimations de la fair value pour BNP Paribas (76 euros/action) et Crédit Agricole (14,50 euros/action). »

« L’argument selon lequel les banques italiennes réalisent des superprofits n’est pas solide. Intesa Sanpaolo et UniCredit affichent un rendement annualisé des capitaux propres d’environ 17 % pour le deuxième trimestre 2023 ; cela ne semble pas excessif, surtout si l’on considère que la rentabilité des banques italiennes est sous pression depuis plus d’une décennie en raison des taux d’intérêt extrêmement bas. Entre 2013 et 2022, Intesa a généré un rendement des fonds propres tangibles de 6 %, selon nos calculs, bien en dessous de son coût du capital. UniCredit a été déficitaire au cours de trois des dix dernières années, les rendements des capitaux propres à un chiffre étant la norme lorsqu’elle était rentable. ». Johann Scholtz, analyste actions de l’équipe Equity Research de Morningstar