La Taxonomie de l’UE pour les investissements durables a permis de franchir les 500 milliards de dollars d’investissements en capital déclarés, mais les niveaux d’alignement peinent à progresser.
La Taxonomie de l’UE est un système de classification des activités économiques durables, conçu pour guider les entreprises et les investisseurs vers des choix plus écologiques. L’objectif ultime est de faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone d’ici 2050. Ce cadre aide les organisations à identifier les activités alignées sur des critères de durabilité, constituant un pilier essentiel pour des décisions financières responsables.
Ces dernières années, les entreprises de l’UE ont commencé à déclarer leurs activités conformes à la Taxonomie. Cependant, le rapport de Morningstar Sustainalytics souligne que, bien que les investissements en capital alignés aient dépassé les 500 milliards de dollars, le niveau moyen d’alignement a à peine évolué par rapport aux années précédentes.
Principaux enseignements de la Taxonomie de l’UE
Actuellement, environ 1 300 entreprises non financières déclarent leurs activités alignées avec la Taxonomie. Cependant, 42 % d’entre elles n’affichent aucun alignement. Parmi celles qui ont divulgué des données, seules 28 % de leurs investissements en capital (capex) sont conformes. En incluant les entreprises avec un alignement nul, la moyenne globale des capex alignés tombe à moins de 19 %. Le secteur industriel regroupe le plus grand nombre d’entreprises déclarantes. Toutefois, les secteurs des services publics et de la consommation discrétionnaire ont enregistré les investissements les plus importants, notamment dans l’électricité et le transport.
L’Espagne et la Norvège affichent le plus haut niveau moyen d’alignement des capex, à 44 %. L’Allemagne et la France se distinguent par le volume total d’investissements alignés, avec respectivement 108 milliards et 104 milliards de dollars sur deux ans.
Des améliorations attendues
L’année prochaine marquera un tournant pour la Taxonomie de l’UE. Les entreprises devront déclarer leur alignement sur quatre nouveaux objectifs environnementaux : l’économie circulaire, la prévention de la pollution, la protection de la biodiversité et des ressources marines. Cette extension devrait accroître les niveaux d’alignement. Les entreprises devront adapter leurs rapports pour inclure ces nouveaux objectifs. Pour l’instant, la déclaration sur ces critères reste volontaire. De nombreuses organisations ne sont pas encore totalement alignées sur les critères de la Taxonomie.
L’énergie nucléaire et le gaz naturel ont récemment été ajoutés à la Taxonomie. Pourtant, ils affichent des niveaux d’alignement faibles. Cela s’explique par des réglementations complexes encadrant leur utilisation. Ces difficultés montrent la complexité des conditions à respecter, surtout dans les secteurs avec des chaînes d’approvisionnement complexes ou des émissions de carbone élevées.
Des défis à relever pour la Taxonomie de l’UE
Des progrès notables ont été accomplis en matière de déclaration des activités alignées avec la Taxonomie de l’UE. Toutefois, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour combler les écarts. Les exigences réglementaires sont strictes, et bien que les capitaux investis dans des projets durables augmentent, l’écart entre investissement et alignement reste un défi majeur pour les entreprises.
Bruno Boggiani, expert en finances durables, et CEO de Green Finance souligne : « L’enjeu de la Taxonomie va bien au-delà d’une simple obligation de conformité. Il s’agit de transformer en profondeur les pratiques des entreprises pour répondre aux exigences environnementales croissantes. Le véritable défi réside dans la capacité des entreprises à intégrer ces critères tout en maintenant leur compétitivité. »
Pour atteindre les objectifs environnementaux, les organisations devront améliorer leurs systèmes de mesure. Elles devront aussi adapter leurs rapports aux critères stricts de la Taxonomie de l’UE. Ces adaptations seront essentielles pour concrétiser l’objectif de l’Europe de devenir un continent neutre en carbone d’ici 2050.