À l’aube d’un deuxième mandat potentiel de Donald Trump à la présidence des États-Unis, les marchés financiers, les investisseurs et les décideurs politiques scrutent de près les conséquences possibles de cette perspective. Bien que l’héritage de son premier mandat (2016-2020) offre des indices sur les directions économiques possibles, de nombreux facteurs uniques du climat économique actuel, tels que l’inflation, les tensions géopolitiques et les marchés de l’énergie, viennent complexifier les prévisions. Cet article explore les principales politiques économiques, les secteurs les plus impactés et les réactions des marchés face à une victoire de Trump.
Perspectives de marché : des tensions et des opportunités
Lors de son premier mandat, les rendements des bons du Trésor américain ont connu une hausse significative entre 2016 et 2018, principalement en raison de l’optimisme lié à une économie en croissance et à un resserrement monétaire initié par la Réserve fédérale. Si Trump remporte un second mandat, il est probable que nous assistions à une nouvelle pression haussière sur les rendements des obligations et sur le dollar, reflet de la confiance dans les actions américaines et la croissance économique, mais aussi de l’impact inflationniste de son programme économique. Les actions des petites entreprises et des secteurs financiers pourraient particulièrement bénéficier de cette dynamique.
Historiquement, les marchés ont bien réagi aux victoires de Trump en 2016 et 2020, enregistrant des gains notables dans des secteurs tels que la technologie et la finance. Un second mandat pourrait accentuer cette tendance, notamment pour les actions cycliques comme celles des secteurs financiers et énergétiques. Les entreprises technologiques, les industriels de la défense et les constructeurs automobiles traditionnels pourraient également tirer parti de cette nouvelle ère politique. Toutefois, la volatilité qui a caractérisé la première victoire de Trump pourrait se réduire, la surprise électorale ayant disparu.
Il est essentiel de noter que, au-delà de l’élection, ce sont la politique monétaire de la Fed et le cycle des bénéfices des entreprises qui pèseront davantage sur les marchés. Les secteurs à suivre de près incluent l’énergie, la transition vers les véhicules électriques, les services de santé et la défense.
Politique fiscale : déficits et réformes fiscales à l’horizon
L’une des caractéristiques des mandats de Trump a été une approche peu restrictive des finances publiques. Le déficit américain s’est considérablement creusé, et un second mandat devrait poursuivre cette tendance, avec peu de chances que Trump adopte une rigueur fiscale stricte. En 2017, il avait impulsé des réductions d’impôts massives pour les entreprises, une mesure qui avait stimulé les profits des sociétés américaines. Si une nouvelle réforme fiscale n’est pas attendue, il est probable qu’un Congrès contrôlé par les Républicains cherche à prolonger certaines mesures de la Tax Cuts and Jobs Act au-delà de 2025.
Un “balayage rouge”, c’est-à-dire un contrôle républicain de la Maison Blanche et du Congrès, pourrait entraîner une hausse des taux d’intérêt à court terme, due à des augmentations des dépenses publiques et à des prolongations des réductions fiscales, accompagnées d’une émission accrue de bons du Trésor.
Politiques économiques : l’énergie et la production domestique sous les projecteurs
L’une des priorités de Trump reste l’exploitation des énergies fossiles. Sous sa devise « drill baby drill », les producteurs américains de pétrole et de gaz pourraient bénéficier de conditions favorables grâce à la dérégulation et à l’augmentation des permis de forage. Bien que la production de pétrole aux États-Unis ait atteint des niveaux record sous l’administration Biden, un second mandat de Trump pourrait voir cette production encore augmenter, soutenue par des politiques pro-énergie fossile. L’exportation de pétrole et de gaz pourrait également renforcer les relations avec l’Europe, qui continue de dépendre du GNL américain.
En revanche, Trump a été historiquement opposé aux énergies renouvelables, bien qu’il soit probable qu’il modère son approche en réponse à la montée de la demande d’énergie liée à l’IA et aux véhicules électriques. Son soutien à Elon Musk pourrait également influencer positivement la transition vers une mobilité plus verte, même si une suppression totale de l’IRA (Inflation Reduction Act) semble peu probable.
Les enjeux pour le secteur technologique et la réglementation
Trump a souvent critiqué la position dominante des grandes entreprises technologiques, et sa position reste ambivalente concernant une réglementation accrue. Cependant, un second mandat pourrait voir un durcissement des régulations sur ces géants, en particulier dans les domaines de la confidentialité des données et de la concurrence. Les entreprises de haute technologie pourraient faire face à des restrictions supplémentaires, notamment concernant leurs partenariats avec la Chine, dans un contexte de compétition technologique accrue.
D’un autre côté, la propension de Trump à la déréglementation et à la réduction de la supervision pourrait profiter au secteur technologique à long terme. Néanmoins, une pression politique accrue sur Big Tech pourrait entraîner des périodes de volatilité pour les actions de ces entreprises, les investisseurs devant s’adapter à des changements de régulations potentiellement imprévisibles.
Le secteur bancaire et la dérégulation : un secteur qui profite de Trump ?
Sous l’administration Trump, la déréglementation bancaire pourrait se poursuivre, en particulier en ce qui concerne les normes de Bâle III. Moins de restrictions pourraient stimuler la rentabilité des banques, notamment si la hausse des taux d’intérêt entraîne des marges plus élevées. Les entreprises financières, particulièrement celles à caractère domestique, pourraient surpasser d’autres secteurs, alors que l’administration Trump privilégie les institutions financières américaines par rapport aux banques mondiales.
Politique commerciale et tensions commerciales
Trump a adopté une politique commerciale agressive pendant son premier mandat, avec des tarifs douaniers visant la Chine et l’Europe. En cas de réélection, des droits de douane plus élevés pourraient être instaurés, visant à réduire la dépendance des États-Unis vis-à-vis de la Chine pour la fabrication de produits. Les tensions commerciales et les tarifs pourraient perturber les chaînes d’approvisionnement, affectant particulièrement les petites entreprises américaines, plus vulnérables à ces changements. Parallèlement, une hausse des tarifs pourrait entraîner un renforcement du dollar, créant des pressions sur les entreprises exportatrices.
Politique monétaire et réserve fédérale
Sous Trump, la Réserve fédérale a suivi une approche relativement neutre, mais son influence pourrait se renforcer en cas de réélection, surtout si le Congrès lui accorde plus de latitude. Un second mandat pourrait être marqué par une politique monétaire modérément plus restrictive, visant à contenir l’inflation tout en soutenant la croissance économique. Les investisseurs pourraient s’attendre à des taux d’intérêt plus élevés sur le long terme, en réponse aux pressions inflationnistes potentielles liées aux politiques tarifaires et commerciales.
Risques géopolitiques : tensions internationales sous une administration Trump
Les tensions entre les États-Unis et la Chine risquent de s’intensifier sous un deuxième mandat de Trump, notamment à travers des restrictions commerciales accrues et des hausses de tarifs. Ces évolutions pourraient affecter certains secteurs, en particulier les entreprises dépendantes des importations chinoises. Les entreprises européennes pourraient également se retrouver sous pression, surtout dans le secteur automobile, où des taxes à l’importation sur les véhicules pourraient favoriser les constructeurs américains au détriment de leurs homologues européens.
Une présidence Trump, entre défis et opportunités pour les marchés
Un second mandat de Trump s’accompagnerait de nombreux défis pour l’économie et les marchés financiers, mais aussi d’opportunités, notamment dans les secteurs de l’énergie, de la finance et de la technologie. Les investisseurs devront suivre de près l’évolution des politiques fiscales, commerciales et monétaires, ainsi que les évolutions dans les relations internationales. Si la déréglementation et les mesures pro-business stimulent certains secteurs, les tensions géopolitiques et les risques fiscaux pourraient créer une volatilité accrue, affectant les marchés à court et moyen terme.
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