Le terme “infrastructure” désigne de prime abord, les transports publics, les bâtiments, les réseaux d’assainissement, ou encore, l’eau ou bien les réseaux électriques : des éléments physiques, concrets. Pourtant, force est de constater, dans un monde où la pandémie de la Covid19 a ébranlé des convictions profondément ancrées, le secteur de l’infrastructure est en train de changer.
L’ère post-Covid-19 sera caractérisée par de nouvelles technologies
En général, les crises accélèrent les tendances préexistantes : l’économie collaborative a prospéré après la crise financière mondiale et nous avons assisté à une vague d’innovations pérennes après l’éclatement de la bulle Internet. De la même manière, l’ère post-Covid-19 sera caractérisée par de nouvelles technologies, par des entreprises permettant aux individus de travailler, de se divertir et de se restaurer « à distance » (chez eux, en particulier à court terme), et par un glissement depuis le mode « hors ligne » vers le mode « en ligne » dans l’ensemble des secteurs et des catégories démographiques.
Le Lefdal Mine Datacenter en Norvège. Source : Lefdal.
Les projections tablent également sur une croissance exponentielle de la demande de services de réseaux et de centres de données :
- Les projections tablent également sur une croissance exponentielle de la demande de services de réseaux et de centres de données:
- Le trafic Internet mondial devrait doubler d’ici 2022 pour atteindre 4,2 zettaoctets par an (4.200 milliards de gigaoctets
- Près de deux tiers de la population mondiale aura accès à Internet d’ici 2023, soit 5,3 milliards d’utilisateurs au total, contre 3,9 milliards (51% de la population mondiale) en 2018. Le nombre d’appareils connectés à des réseaux IP sera plus de trois fois supérieur à la population mondiale d’ici 2023, contre 2,4 appareils connectés par habitant en 2018. Cela équivaut à 29,3 milliards d’appareils connectés d’ici 2023, contre 18,4 milliards en 2018.
- Entre 2019 et 2022, le trafic vidéo sur Internet devrait plus que doubler pour atteindre 2,9 zettaoctets, et celui généré par les jeux vidéo en ligne devrait quadrupler pour atteindre 180 exaoctets
Qu’engloble l’infrastructure numérique ?
L’infrastructure numérique englobe tous les actifs concernés, depuis les antennes relais qui supportent le trafic de données sur les réseaux mobiles, jusqu’aux réseaux de fibre optique nécessaires au raccordement des entreprises et des particuliers, en passant par les centres de données que les organisations utilisent pour héberger leurs réseaux critiques de ressources informatiques et de stockage. Cette infrastructure fournit des services désormais considérés comme essentiels au fonctionnement des économies modernes et source de croissance économique et de productivité.
Opportunité d’investissement
La demande est donc incontestable et les éléments d’infrastructure sont en place, mais dans l’état actuel des choses, les seconds ne sont tout simplement pas en mesure de répondre à la première. Compte tenu de la rapide mutation du secteur au cours des 20 dernières années, les réseaux créés au siècle dernier ne sont plus adaptés.
Certes, la fibre haut débit représente désormais au moins 50% des connexions Internet fixes dans neuf pays. Mais dans les 37 pays étudiés par l’OCDE, la part de la fibre dans le réseau à haut débit n’avait atteint que 27% en juin 2019, par rapport à 24% l’année précédente. Ces chiffres illustrent l’écart important qui existe entre les pays dans le déploiement de la fibre.
La transformation qui s’impose nécessite d’immenses apports de fonds, ce qui engendre des opportunités pour les investisseurs. Avant la pandémie, la plus récente analyse des dépenses consacrées à la 5G par Greensill, un fournisseur non bancaire de fonds de roulement, estimait la facture totale du déploiement de la 5G à travers le monde à 2.700 milliards de dollars d’ici fin 2020.
Il est essentiel que le soutien public s’élève à 32,4%
Cela nécessitera une combinaison de financements publics et privés. Une récente enquête sur les investisseurs en infrastructures menée par M&E Global Inc a révélé qu’il était essentiel que le soutien public s’élève à 32,4% pour débloquer l’investissement dans l’infrastructure numérique. Pourtant, malgré ces coûts élevés, les investisseurs veulent en être : la même étude a montré que plus de la moitié des participants estimaient que l’infrastructure numérique était essentielle à la relance des économies dans un monde post-Covid-19 (et 63% sont déjà activement impliqués dans le financement/la livraison de l’infrastructure numérique), tandis que 63,6% pensent que les bienfaits de l’infrastructure numérique sont supérieurs aux risques.
Après tout, il s’agit d’actifs pérennes qui fournissent des services essentiels, avec des flux de trésorerie robustes (les clients s’engageant dans des contrats récurrents) et la possibilité de générer une croissance à long terme dans des marchés baissiers ou atones, comme c’est le cas aujourd’hui. Cet aspect est fondamental pour les investisseurs institutionnels entre autre.
Une opportunité pour un investissement sérieux dans le développement durable
Investir dans l’infrastructure numérique, c’est également la promesse d’un investissement majeur dans le développement durable. L’amélioration de la connectivité et l’augmentation considérable de l’utilisation de données, du trafic et du streaming ne vont pas sans répercussions sur le plan environnemental : pour chaque octet de données qui transite par le réseau depuis les centres de données vers les utilisateurs, cinq octets de données sont transmis au sein des centres de données ou entre eux, ce qui engendre une consommation d’énergie (principalement électrique). Selon les estimations, la demande d’énergie générée par les centres de données et les réseaux de transmission représentait environ 1% de l’utilisation d’électricité dans le monde en 2019.
Cependant, la croissance de la demande reste compensée par les progrès accomplis au niveau de l’efficience des serveurs et de l’infrastructure des centres de données. Compte tenu des projections de croissance de la demande, les centres de données créés dans une optique de développement durable relèvent de la nécessité et non pas du luxe.