Une perspective «négative» de la note (AA) de la France

Fitch Ratings – Francfort-sur-le-Main – 04 novembre 2022 : Fitch  Ratings a confirmé la note de défaut des émetteurs en devises étrangères (IDR) à long terme de la France à « AA » avec une perspective négative.

Facteurs de notations clés “la note (AA) “

Facteurs de notation, perspectives négatives :  les notations « AA » de la France sont soutenues par une économie vaste, riche et diversifiée, des institutions solides et efficaces et un historique de stabilité macrofinancière. Les finances publiques, et en particulier le niveau élevé de la dette publique, sont une faiblesse de la notation. L’impact de la pandémie de Covid-19 a laissé une dette publique nettement plus élevée que les années précédentes. Cette augmentation de la dette s’est produite dans un contexte de niveaux d’endettement déjà élevés par rapport aux pairs de notation et de progrès limités en matière d’assainissement budgétaire au cours des années précédant la pandémie.

Les perspectives négatives reflètent des risques budgétaires substantiels découlant de l’évolution des prix de l’énergie et d’un affaiblissement des perspectives macroéconomiques en Europe, qui accroissent l’incertitude entourant la trajectoire de la dette publique.

Dette publique stable à un niveau élevé :  Fitch prévoit que le déficit budgétaire du gouvernement sera de 5,2 % du PIB cette année, contre 6,4 % en 2021. Pour 2023, nous prévoyons une très légère baisse du ratio de déficit à 4,9 %, puis une baisse similaire. baisse progressive en 2024 à 4,6 %. Ces projections impliquent que la dette publique en pourcentage du PIB restera autour de 112,5 % cette année et l’année prochaine, avant de redescendre à 112,1 % en 2024. Au-delà de 2024, nos projections de référence supposent que le ratio d’endettement sera globalement stable à moyen terme. L’endettement public restera élevé par rapport aux médianes des pairs (prévisions 2024 pour la médiane « AA » : 47,0 %).

Dans le même temps, l’accès à des marchés de capitaux profonds et liquides, tant en France qu’à l’étranger en tant que membre du cœur de la zone euro, contribue à atténuer les risques liés à une dette publique élevée. L’incertitude entourant les évolutions des prix de l’énergie au cours des prochains mois et l’ampleur des dépenses publiques qui aggravent le déficit constituent un risque majeur pour les projections des finances publiques.

La fragmentation politique contraint la politique budgétaire :  les projections budgétaires du gouvernement français incluses dans le budget 2023 sont similaires à celles de Fitch et indiquent un déficit stable au cours des deux prochaines années (à 5,0 % du PIB), puis une baisse modérée pour atteindre les 3 % de PIB prévu par les règles budgétaires de l’UE uniquement d’ici 2027. Le budget comprend une prolongation de certaines des mesures de soutien à l’énergie introduites cet été, en particulier le plafonnement des hausses des prix du gaz et de l’électricité, qui pour 2023 sont limités à 15 %. Les estimations du gouvernement concernant le coût net de ces plafonds étendus et d’autres mesures de soutien pour 2023 s’élèvent à 20,6 milliards d’euros (0,8 % du PIB prévu pour 2023).

Le budget a été adopté selon la procédure dite de l’article 49.3, qui permet au gouvernement d’adopter des projets de loi de finances et de sécurité sociale sans vote parlementaire. Cette procédure permet au parlement d’apposer des motions de censure sur les projets de loi ; ceux-ci n’ont pas eu de succès. Mais cela met en évidence un environnement plus difficile pour la politique économique et la mise en œuvre des réformes après les élections législatives, avec un contexte moins favorable pour les réformes dans des domaines tels que les retraites. Le président Emmanuel Macron entend faire avancer les consultations avec les syndicats et le patronat sur la réforme des retraites avec l’objectif de produire un projet de loi cet hiver.

Prévisions de croissance révisées à la baisse :  La croissance économique a ralenti en France au 3e trimestre, le PIB augmentant de 0,2 % sur une base trimestrielle en termes réels, contre 0,5 % au deuxième trimestre. Nous tablons sur une croissance du PIB de 2,5 % pour l’ensemble de cette année. Depuis la dernière revue en août, nous avons considérablement réduit nos prévisions de croissance pour 2023 en raison de la crise énergétique européenne, de la forte inflation et de la forte accélération du rythme de resserrement de la politique monétaire mondiale. Le mix énergétique de la France, avec une dépendance relativement faible au gaz comme source de consommation d’énergie, implique que l’économie française est confrontée à un ralentissement plus modéré que la zone euro dans son ensemble, les perspectives plus faibles et un effet de report modéré signifient que nous avons révisé notre croissance du PIB prévu pour l’année prochaine à 1,1 %, contre 2,1 % en août.

Nous prévoyons une amélioration des perspectives économiques en 2024, impliquant une accélération du taux de croissance prévu du PIB à 1,9 %. Un risque majeur pesant sur nos prévisions économiques est que les prix élevés de l’énergie exacerbent la pression sur les revenus réels et les coûts des entreprises, impliquant une stagnation plus prolongée ou un déclin réel de l’activité économique cet hiver et l’année prochaine.

Hausse de l’inflation, inférieure à celle des pairs de l’UE : L’  inflation des prix à la consommation reste élevée, le taux d’inflation annuel sur l’IPCH harmonisé atteignant 7,2 % dans l’estimation préliminaire d’octobre. Dans le même temps, l’inflation reste nettement inférieure à celle de la zone euro dans son ensemble (estimation rapide de 10,7 % pour l’inflation IPCH de la zone euro en octobre). l’an prochain à 3,4 % d’ici la fin de l’année. Les augmentations du déflateur du PIB devraient être plus limitées, s’établissant en moyenne à 2,9 % l’an prochain et à 2,2 % en 2024. Ces prévisions sont très incertaines, compte tenu de la volatilité des prix de l’énergie et du risque qu’ils restent plus élevés plus longtemps, ce qui implique une inflation plus élevée. les taux.

Risques modérés liés à la qualité des actifs : les  risques liés à la détérioration des perspectives macroéconomiques et à la hausse des taux d’intérêt pour les ménages sont atténués par le fait que presque tous les prêts au logement sont à taux fixe à vie et entièrement amortis, et par le fait que les banques suivent généralement des règles d’octroi prudentes sur les prêts à la consommation non garantis. Les indicateurs de qualité des actifs des banques françaises ne se sont pas significativement détériorés ces derniers mois, le taux de prêts non performants atteignant 1,8 % à fin juin 2022 contre 2,1 % un an plus tôt, selon les données de l’ABE.

Le score de l’indicateur macro-prudentiel de Fitch pour la France reste ‘2’, dénotant une vulnérabilité modérée, en raison d’un ratio crédit/PIB bien au-dessus de la tendance. Cependant, ce chiffre devrait s’améliorer, tombant à “1”, car il reflète en partie la forte contraction du PIB nominal et la forte croissance du crédit au secteur des entreprises pendant les fermetures liées à la pandémie. Dans le même temps, l’affaiblissement des perspectives macroéconomiques ne s’est pas encore traduit par une baisse sensible des flux de crédit au secteur privé. En fait, la croissance du crédit aux entreprises non financières en termes annuels s’est accélérée ces derniers mois pour atteindre 7,8 % en septembre. La croissance des crédits aux ménages a légèrement ralenti pour s’établir à 5,5 % en rythme annuel en août, tandis que la hausse des prix des logements montre des signes d’apaisement.

ESG – Gouvernance : la  France a un score de pertinence ESG (RS) de ‘5[+]’ tant pour la stabilité politique et les droits que pour l’état de droit, la qualité institutionnelle et réglementaire et le contrôle de la corruption. Ces scores reflètent le poids élevé que les indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale (WBGI) ont dans notre modèle exclusif de notation souveraine. La France a un classement WBGI élevé à 81,9, reflétant sa longue expérience de transitions politiques stables et pacifiques, des droits bien établis pour la participation au processus politique, une forte capacité institutionnelle, un état de droit efficace et un faible niveau de corruption.

SENSIBILITÉS DE NOTATION

Facteurs qui pourraient, individuellement ou collectivement, conduire à une action/déclassement de notation négative :

-Finances publiques :  augmentation de l’endettement de l’État résultant de déficits publics plus élevés que prévu, par exemple via une augmentation des dépenses consacrées aux mesures de soutien liées à l’énergie.

-Macro :  un choc macroéconomique plus grave et persistant de la crise de l’énergie en Europe, entraînant des perspectives de croissance économique à moyen terme nettement inférieures et une compétitivité affaiblie.

Facteurs qui pourraient, individuellement ou collectivement, conduire à une action/amélioration positive de la notation :

– Finances publiques :  Confiance dans le fait que la dette publique sera placée sur une trajectoire descendante ou stable, grâce à des déficits plus faibles ou à une reprise économique soutenue

-Macro :  preuves d’amélioration des perspectives de croissance à moyen terme, en particulier si elles sont soutenues par des réformes structurelles efficaces et des gains de compétitivité.

MODÈLE DE NOTATION SOUVERAIN (SRM) ET OVERLAY QUALITATIVE (QO)

Le SRM propriétaire de Fitch attribue à la France un score équivalent à une note de « AA- » sur l’échelle IDR à long terme pour les devises étrangères (LT FC).

Le comité de notation souveraine de Fitch a ajusté la sortie du score SRM pour arriver à l’IDR LT FC final en appliquant son QO, par rapport aux données et à la sortie SRM, comme suit :

– Macro : +1 cran. La détérioration des variables de croissance et de volatilité du PIB reflète un choc exogène très important et sans précédent qui a touché la grande majorité des souverains, et Fitch estime que la France a la capacité de l’absorber sans effets durables sur sa stabilité macroéconomique à long terme, et que la un choc pandémique ajouterait autrement une volatilité excessive à la notation.

Le SRM de Fitch est le modèle exclusif de notation de régression multiple de l’agence qui utilise 18 variables basées sur des moyennes centrées sur trois ans, dont un an de prévisions, pour produire un score équivalent à un LT FC IDR. Le QO de Fitch est un cadre qualitatif prospectif conçu pour permettre un ajustement de la sortie du SRM afin d’attribuer la note finale, reflétant les facteurs de nos critères qui ne sont pas entièrement quantifiables et/ou qui ne sont pas entièrement reflétés dans le SRM.

SCÉNARIO D’ÉVALUATION MEILLEUR/PIRE DES CAS

Les notations de crédit à l’échelle internationale des émetteurs souverains, des finances publiques et des infrastructures ont un meilleur scénario de relèvement de la notation (défini comme le 99e centile des transitions de notation, mesurée dans le sens positif) de trois crans sur un horizon de notation de trois ans ; et un scénario de dégradation de notation dans le pire des cas (défini comme le 99e centile des transitions de notation, mesuré dans le sens négatif) de trois crans sur trois ans. L’éventail complet des notations de crédit des meilleurs et des pires scénarios pour toutes les catégories de notation va de « AAA » à « D ». Les cotes de crédit des scénarios les plus optimistes et les plus pessimistes sont fondées sur la performance historique. Pour plus d’informations sur la méthodologie utilisée pour déterminer les notations de crédit des meilleurs et des pires scénarios spécifiques au secteur, visitez  https://www. fitchratings.com/site/re/10111579.

RÉFÉRENCES POUR UNE SOURCE ESSENTIELLEMENT MATÉRIELLE CITÉE COMME FACTEUR CLÉ DE NOTATION

CONSIDÉRATIONS ESG

La France a un score de pertinence ESG de ‘5[+]’ pour la stabilité politique et les droits, car les indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale ont le poids le plus élevé dans le SRM de Fitch et sont donc très pertinents pour la notation et un facteur clé de notation avec un poids élevé. Comme la France a un rang centile supérieur à 50 pour l’indicateur de gouvernance respectif, cela a un impact positif sur le profil de crédit.

La France a un score de pertinence ESG de ‘5[+]’ pour l’état de droit, la qualité institutionnelle et réglementaire et le contrôle de la corruption, car les indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale ont le poids le plus élevé dans le SRM de Fitch et sont donc très pertinents pour la notation et sont un élément clé pilote de notation avec un poids élevé. Comme la France a un rang centile supérieur à 50 pour les indicateurs de gouvernance respectifs, cela a un impact positif sur le profil de crédit.

La France a un score de pertinence ESG de ‘4[+]’ pour les droits de l’homme et les libertés politiques, car le pilier Voix et responsabilité des indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale est pertinent pour la notation et un moteur de notation. Comme la France a un rang centile supérieur à 50 pour l’indicateur de gouvernance respectif, cela a un impact positif sur le profil de crédit.

La France a un score de pertinence ESG de ‘4[+]’ pour les droits des créanciers, car la volonté de servir et de rembourser la dette est pertinente pour la notation et est un moteur de notation pour la France, comme pour tous les souverains. Comme la France a un bilan de plus de 20 ans sans restructuration de la dette publique et capturé dans notre variable SRM, cela a un impact positif sur le profil de crédit.

À l’exception des questions discutées ci-dessus, le niveau le plus élevé de pertinence du crédit ESG, s’il est présent, est un score de « 3 ». Cela signifie que les questions ESG sont neutres en matière de crédit ou n’ont qu’un impact minime sur le crédit de l’entité, soit en raison de leur nature, soit de la manière dont elles sont gérées par l’entité.