Une sortie de crise sanitaire climato-compatible impossible ?

Selon le rapport de l’Agence internationale de l’energie, l’année 2021 a vu un rebond des émissions de CO2 liées aux énergies fossiles considérablement plus élevé que celui de 2020. Plus 6% et un total de 36,3 milliards de tonnes envoyées vers l’atmosphère. Une sortie de crise sanitaire climato-compatible est elle impossible ?

Le gaz a commencé la hausse de ses prix explosive, ce qui a reporté la production d’électricité vers du charbon, encore plus émissif en CO2, notamment aux Etats-Unis et en Europe.

Émissions de CO2 provenant de la combustion d’énergie et des procédés industriels, 1900 – 2021

Variation annuelle des émissions de CO2 provenant de la combustion d’énergie et des procédés industriels, 1900 – 2021

Les efforts publics et privés pour les énergies bas-carbone, renouvelables et nucléaires, et les économies d’énergies ne représente que 40% de ceux qui sont jugés nécessaires pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

l’AIE recommande des moyens anti-gaspi rapidement mobilisables

l’AIE publie des recommandations visant tout simplement à économiser l’énergie par des moyens anti-gaspi rapidement mobilisables comme la diminution des vitesses autorisées sur les autoroutes, le covoiturage, le recours au télétravail, aux transports collectifs et au vélo.

L’origine du rebond des consommations d’énergies fossiles en 2021

Le charbon est responsable de 40% de la croissance des émissions, avec 15,3 milliards de tonnes au total. Celles dues au gaz fossile ont atteint 7,5 milliards de tonnes, donc au dessus du niveau de 2019. Tandis que les émissions dues au pétrole, avec 10,7 milliards de tonnes demeurent en deçà du niveau pré-pandémie en raison des restrictions toujours en cours pour le tourisme, notamment les déplacements en avion.

L’une des plus fortes augmentations des émissions est observée en Chine. Avec plus 750 millions de tonnes entre 2019 et 2021. En 2021, les émissions chinoises ont atteint 11,9 milliards de tonnes, 33% du total mondial. Afin de comprendre ce fait, il est utile de comparer deux informations.

La première est celle de la quasi disparition de l’extrême pauvreté (au sens ONU, soit les personnes vivant avec environ moins de 2 dollars constants par jour) en quelques trente années en Chine. On pourrait conclure que c’est avec et grâce à l’évolution des émissions de CO2 liées aux énergies fossiles en Chine que ce résultat majeur a été obtenu.

L’évolution du nombre d’extrêmes pauvres dans le monde est marquée par leur quasi disparition en Asie de l’Est, essentiellement en Chine. Source World in data.

L’augmentation des émissions chinoises en 2021 provient surtout de l’augmentation de la consommation d’électricité qui a augmenté de 10%, plus rapidement que le PIB – seulement 8,4%. Cette augmentation correspond à une production de 700 TWh (la consommation française totale de 2021 a été de 468 TWh) dont la moitié provient du charbon.

La consommation d’électricité par habitant en Chine est moins de 5 000 kWh par an, et aux Etats-Unis, plus de 12 000 kWh (environ 7 000 kWh en France, ces chiffres sont arrondis au millier proche).

L’Inde a vu ses émissions de CO2 de 2021 dépasser celles de 2019, avec notamment une augmentation de 13% de l’électricité générée à partir de charbon par rapport à 2020.

La production de 8 000 TWh d’électricité bas carbone par les renouvelables en 2021, soit 500 de plus que l’année précédente, dont 270 pour l’éolien et 170 pour le solaire, est encore loin de pouvoir remplace du charbon et du gaz.