L’arrivée au pouvoir de Joe Biden a impliqué un virage à 180° dans la politique environnementale des Etats-Unis. Cela s’est notamment matérialisé par l’organisation d’un sommet sur le climat et les ambitions climatiques , auquel ont participé les dirigeants des principales puissances, dont la Chine, et lors duquel plusieurs annonces ont été faites ou répétées.
De nouvelles annonces faites lors du sommet climatiques
Dès sa prise de fonction, Joe Biden a signé un executive order qui a marqué le retour des Etats-Unis dans l’Accord de Paris, dont son prédécesseur avait décidé de sortir. Mais en plus de ses projets domestiques, Biden s’est attelé à restaurer le leadership américain en matière de lutte contre le changement climatique, qualifié de « crise existentielle de notre époque ».
Cela a notamment débouché sur l’organisation du sommet des leaders sur le climat (Leaders Summit on Climate, 22 & 23 avril), auquel ont participé 40 chefs d’Etat. Outre la présence de Xi Jinping et Vladimir Poutine avec lesquels les Etats-Unis entretiennent des relations complexes, il faut également noter la présence de dirigeants de pays comme l’Inde, le Brésil, la Turquie ou l’Australie qui ont tardé jusqu’à présent à s’engager formellement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cette participation conjointe peut être perçue comme le signe encourageant d’une prise de conscience de la nécessité d’accélérer en la matière.
A l’occasion de ce sommet, la plupart des chefs d’Etat ont affiché de fortes ambitions climatiques, en annonçant de nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), ou en réaffirmant les annonces faites il y a quelques mois. Rappelons que chaque pays signataire de l’Accord de Paris doit publier sa feuille de route pour 5 ans (la « contribution déterminée au niveau national » ou National Defined Contribution, NDC) avant la COP 26, qui aura lieu début novembre. Le Tableau 1 résume les principales annonces et rappelle les objectifs chiffrés pour les pays du G20. La difficulté ici réside dans le fait que chaque pays ou zone présente ses objectifs climatiques à sa manière : les niveaux d’émissions de référence sont différents, les types d’émissions sont différents (parfois cantonnés au CO2, parfois à tous les GES, parfois à certains GES hors C02), les objectifs sont parfois non-chiffrés…
Qu’en est t-il de la réduction des gaz à effet de serre ? climatiques
La principale annonce du sommet a concerné le fait que les Etats-Unis ambitionnent de réduire les émissions de GES de 50 à 52% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005, ce qui est nettement plus ambitieux que l’objectif affiché sous la présidence Obama (réduction de 26 à 28% d’ici 2025 par rapport aux niveaux de 2005).
Carbon Action Tracker indique que 131 pays couvrant 73% des émissions de GES ont adopté ou travaillent à adopter un objectif de neutralité carbone. Il y a bel et bien urgence à agir : l’IEA (Agence internationale de l’énergie) indiquait récemment que si le niveau des émissions de C02 lié à l’énergie au niveau mondial avait bien baissé de 5,8% en 2020 par rapport à 2019, il avait déjà retrouvé à la fin de l’année 2020 ses niveaux d’avant la crise. L’IEA indiquait également dans son rapport global sur l’énergie 2021 que la demande pour les produits fossiles allait à nouveau augmenter significativement en 2021. Pour son directeur Fatih Birol, « c’est un avertissement terrible que la reprise économique qui suit la crise Covid est actuellement tout sauf soutenable pour le climat … et à moins que les gouvernements du monde entier ne se pressent pour abaisser les émissions, la situation sera vraisemblablement bien pire en 2022. »
Enfin, il est important de rappeler que l’accord de Paris prévoyait que le pic des émissions serait atteint plus tard pour les pays en développement car les réductions d’émissions devaient être entreprises sur la base de l’équité et dans un objectif de développement durable. A ce titre, elles ne devaient pas nuire aux efforts visant à éliminer la pauvreté qui constitue une priorité de développement essentielle pour de nombreux pays en développement.
Les conclusions du rapport sur l’Etat du climat mondial 2020
En avril, l’organisation météorologique mondiale, une institution des Nations unies, a publié son rapport sur l’Etat du climat mondial en 2020. Ses conclusions ne sont pas rassurantes :
- 2020 a été l’une des trois années les plus chaudes jamais observées, malgré le refroidissement dû au phénomène La Niña.
- Les six années écoulées depuis 2015 ont été les plus chaudes jamais enregistrées.
- La décennie 2011-2020 a été la plus chaude jamais constatée.
La température moyenne à la surface du globe a dépassé de 1,2 °C celle de l’époque préindustrielle (période 1850-1900). Pour rappel, l’objectif de l’accord de Paris est de limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2 degrés Celsius par rapport au niveau préindustriel et de préférence à 1,5 degré Celsius…