51 milliards d’euros de dividendes pour le CAC

The day's closing numbers are shown on a board above the floor of the New York Stock Exchange shortly before the closing bell in New York August 26, 2015. Wall Street racked up its biggest one-day gain in four years on Wednesday as fears about China's economy gave way to bargain hunters emboldened by expectations the U.S. Federal Reserve might not raise interest rates next month. REUTERS/Lucas Jackson - RTX1PSUM

La question du versement des dividendes est devenue très sensible suite à la crise du Covid-19 et l’influx massif d’aides publiques pour aider les entreprises à survivre à une activité partiellement ou totalement arrêtée. Les entreprises aidées du CAC40 ont dû s’abstenir en 2020, mais elles semblent bien décidées à se rattraper en 2021 en versant bien plus que leurs bénéfices.

“Le versement de dividendes aux actionnaires d’une entreprise est un fondamental du capitalisme”

Le versement de dividendes aux actionnaires d’une entreprise est un fondamental du capitalisme. Cependant, en cette période de crise sanitaire, leurs montants sont au cœur des débats. Les entreprises qui ont bénéficié des prêts garantis par l’État en 2020 ou ont eu recours au chômage partiel ont dû les diminuer de façon conséquente. Cela dit, il semblerait que les grandes entreprises françaises du CAC 40 entendent opérer un rattrapage massif en 2021.

L’observatoire des multinationales, calcule que celles-ci s’apprêtent à verser collectivement 51 milliards d’euros de dividendes. Cela représente une hausse de 22 %, alors que les bénéfices engendrés l’an passé sont seulement de 37 milliards d’euros, en chute de 55 %. Au final, les grandes entreprises vont en moyenne verser 140 % de leurs bénéfices sous forme de dividendes

Cette générosité est fortement critiquée par l’Observatoire des multinationales alors qu’une large partie de ces sociétés continue à bénéficier d’aides publiques. “Les grandes entreprises continuent à toucher des aides publiques massives (chômage partiel, plans d’urgence, plan de relance, soutien de la BCE, etc.), auxquelles devraient s’ajouter bientôt les sommes issues du plan de relance européen. Le reste de l’économie (PME, petits commerces, services publics, secteur culturel et non lucratif) reste enfoncé dans la crise“, écrit l’organisation.

Les groupes du CAC40 continuent à bénéficier d’aides publiques massives

Avec l’irruption de la crise sanitaire, le gouvernement français et les autorités européennes ont débloqué des sommes
record pour soutenir l’économie, et les très grandes entreprises en profitent très largement. Comme nous l’avons montré dans le premier rapport « Allô Bercy ? » d’octobre 2020, 100% des groupes du CAC40 ont bénéficié et continuent de bénéficier d’aides publiques, même si certains groupes ont tenté de prétendre le contraire. La grande majorité de ces aides ont été accordées sans aucune condition ni contrepartie sociale, fiscale ou environnementale.

Malgré les nombreux appels à suspendre le versement des dividendes, deux-tiers du CAC40 a maintenu le versement de juteux dividendes en 2020. Seule une minorité d’entreprises qui y était plus ou moins obligées (les banques, certaines entreprises dont l’État est actionnaire direct, celles qui avaient besoin du soutien direct des pouvoirs publics comme Renault ou Air France) les ont supprimés ou réduits. Au final, le CAC40 avait tout de même versé près de 42 milliards d’euros de dividendes et rachats d’actions.

Des aides publiques qui perdurent

Les autorités financières européennes les ont appelées une nouvelle fois à la modération afin d’avoir les moyens de soutenir les entreprises en difficulté et l’économie en général. Le montant distribué est alors d’autant plus important que les grandes banques françaises n’y contribuent pas.

L’observatoire met en avant les cas des entreprises prévoyant de verser les plus gros dividendes : “Total (7,6 milliards d’euros, malgré une perte nette sur l’année de 7,2 milliards), Sanofi (4,8 milliards), Axa (3,7 milliards), LVMH (3 milliards) et Vivendi (2,8 milliards)“.

Le CAC40 est loin d’être un cas unique de choix paradoxaux en matière de dividendes. En mars dernier, une étude de l’Institute for energy economics and financial analysis (IEEFA, institut d’analyse économique et financière de l’énergie) révélait que, en 2020, les cinq plus grands pétroliers – ExxonMobil, Chevron, BP, Shell et Total – avaient versé 49,9 milliards de dollars de dividendes. Pourtant, toutes avaient affiché de lourds déficits en 2020 dont 40 milliards de dollars cumulés pour les seuls BP et Shell.