L’Afrique est un continent particulièrement sensible au réchauffement climatique. Son agriculture et ses ressources sont menacées par ces variations. Les femmes, qui produisent 80 % de la nourriture du continent, sont donc les premières victimes de cette menace. Par ailleurs en Afrique, il manque aux gouvernements et aux acteurs locaux les données scientifiques pour développer des mesures d’adaptation efficaces sur le terrain.
Afin de soutenir la communauté scientifique locale et ses recherches sur le réchauffement climatique, la Fondation BNP Paribas s’est associée à la Fondation Bill & Melinda Gates. Ensemble, elles soutiennent et financent le programme One Planet Fellowship lancé en décembre 2017. Ce-dernier est dirigé par l’association African Women in Agricultural Research and Development (AWARD) en collaboration avec la Fondation Agropolis. Le One Planet Fellowship adopte une approche respectueuse de l’égalité femme-homme de l’agriculture et de l’adaptation au réchauffement climatique afin de soutenir le rôle crucial des femmes dans cette région du monde.
Le réchauffement climatique : une sérieuse menace sur la production agricole en Afrique
La vulnérabilité de l’Afrique face au réchauffement climatique annonce de longues périodes de sécheresse et une sensible réduction des rendements.
Sur l’ensemble du continent, l’agriculture sera probablement le secteur le plus touché par le réchauffement climatique. En réalité, les rendements des cultures devraient être réduits de moitié d’ici 2020. En conséquence, les revenus nets issus des cultures pourraient chuter de 90 % d’ici 2100, les répercussions les plus graves étant pour les petits agriculteurs. D’ici 2050, la production agricole africaine ne pourrait couvrir que 13 % des besoins alimentaires du continent. De plus, une hausse de la température mondiale de +1,9°C d’ici 2050 pourrait accroître de 95 % le nombre de personnes sous-alimentées en Afrique.
C’est d’autant plus grave que sur le continent africain, la pauvreté et l’accès limité aux ressources financières, infrastructures et technologies nécessaires amoindrissent la capacité d’adaptation de la population.
Les femmes, pilier de l’agriculture africaine
Dans ce contexte alarmant, les femmes sont les premières à être touchées par le réchauffement climatique en raison du rôle critique qu’elles jouent dans l’activité agricole du continent. En effet, le secteur agricole est celui qui emploie le plus grand nombre de femmes en Afrique, avec 62 % des femmes économiquement actives travaillant dans ce secteur sur tout le continent. Ce chiffre atteint plus de 90 % dans certains pays comme le Rwanda, le Malawi et le Burkina Faso.
Pour autant, l’inégalité entre les sexes persiste. L’écart salarial en milieu rural entre hommes et femmes se situerait ainsi entre 15 et 60 % en Afrique. Cet écart ne nuit pas seulement aux femmes, il limite également les performances du continent tout entier : l’ONU estime que l’inégalité entre les sexes coûte à l’Afrique 95 milliards de dollars par an.
Le lien entre l’agriculture et les femmes constitue donc un enjeu majeur pour favoriser l’égalité femmes-hommes en Afrique. En tirant parti de la croissance agricole, le continent peut générer une nouvelle vague de prospérité inclusive, tant pour les femmes que pour les hommes. En effet, les experts affirment qu’intégrer systématiquement la question du genre dans les systèmes de recherche, de développement et d’expansion agricoles contribuerait de manière significative à répondre aux besoins alimentaires croissants de l’Afrique, tout en garantissant que les gains de productivité se traduisent par une amélioration du bien-être des plus démunis.
One Planet Fellowship : un programme financé par les fondations BNP Paribas et Bill & Melinda Gates, et dirigé par AWARD et la Fondation Agropolis
Inspiré par le programme de financement AWARD, le One Planet Fellowship est un programme de 15 millions de dollars sur cinq ans, destiné à construire un solide réseau de chercheurs africains et européens en science du climat.
Le programme soutiendra 120 hommes et femmes, chercheur(se)s et scientifiques africain(e)s, tout au long d’un parcours de développement de carrière sur deux ans afin de nourrir leur expertise en agronomie. Ces 120 chercheur(se)s sont choisi(e)s en fonction de la qualité de leur projet de recherche à travers un processus spécialement axé sur l’adaptation au réchauffement climatique. Ainsi, le programme favorise une communauté grandissante de scientifiques africain(e)s compétent(e)s, confiant(e)s et influent(e)s, à même de diriger les avancées et innovations essentielles aux petits exploitants pour faire face au changement climatique.
Un programme inspiré de l’AWARD Fellowship
L’association AWARD est dédiée à la formation de femmes scientifiques africaines. Basé sur ce modèle unique en matière de financements, le programme One Planet Fellowship vise à renforcer les compétences en leadership des scientifiques du climat en devenir par le développement :
- de leur conscience et de leur affirmation de soi mais aussi de leur assurance ;
- de leur motivation à diriger et à réussir ;
- d’une recherche inclusive.
AWARD s’intéresse aux femmes scientifiques africaines, aux instituts de recherche agronomique et aux industries agro-alimentaires afin de donner naissance à une recherche et à un développement agricoles conscients des questions de genre et climatique. Cette attention particulière d’AWARD signifie que les lauréats du programme One Planet Fellowship acquerront également les compétences nécessaires à la conduite de recherches capables de produire des solutions pertinentes aux besoins et priorités d’une diversité d’hommes et de femmes.
Construire un réseau de collaborateur(rice)s africain(e)s et européen(ne)s
Le programme One Planet Fellowship a pour objectif de créer un réseau soudé et intergénérationnel de scientifiques africain(e)s et européen(ne)s doté(e)s des moyens nécessaires à une recherche efficace sur le réchauffement climatique en Afrique. Les scientifiques se concentreront également sur les impacts multidimensionnels du changement climatique sur les systèmes alimentaires, tout en identifiant et en développant des solutions innovantes aux défis, besoins et priorités des diverses populations du continent.
Afin de promouvoir ce réseau transcontinental, les scientifiques africain(e)s participant au programme bénéficient d’un encadrement double dispensé par un scientifique expérimenté travaillant en Afrique et par un autre basé en Europe. De plus, les lauréats et lauréates du programme auront la possibilité de mener leur recherche dans un laboratoire européen de premier plan. À leur tour, les lauréats du One Planet Fellowship encadreront chacun deux jeunes chercheurs et chercheuses émergents, issus d’une institution africaine et d’Europe.
Grâce à ces efforts, le programme souhaite soutenir un total de 600 chercheurs africains et européens travaillant sur les problèmes urgents auxquels l’agriculture est confrontée en Afrique.