En bref
Les marchés financiers ont évolué de manière très positive le mois dernier. Les investisseurs ont principalement salué l’attitude des banques centrales,
tandis les statistiques économiques ont continué de dépeindre un essoufflement de l’activité. La posture accommodante des banques centrales et les mesures de relance économique adoptées par les autorités chinoises devraient compenser l’impact négatif des tensions commerciales et favoriser la poursuite de la croissance mondiale.
En détail
Les marchés financiers ont évolué de manière très positive le mois dernier. Les taux d’intérêt ont nettement baissé sur toutes les échéances. La
courbe des taux américaine s’est pentifiée, gardant toutefois une inclinaison inférieure à sa configuration typique. Les taux allemands ont reculé sur toutes les échéances, et sont désormais négatifs jusqu’à 18 ans.
Les actifs risqués ont affiché une tendance positive. Le marché américain (indice S&P 500) a atteint de nouveaux plus hauts absolus et l’indice des
actions mondiales MSCI All Country World a effacé la quasi-totalité des pertes de sa correction de mai. Ses derniers plus hauts absolus demeurent
ceux de début 2018, à environ 5% de ses niveaux actuels. Les taux et les spreads des obligations de qualité « Investment Grade », à haut rendement
et des marchés émergents se sont contractés. Le spread entre l’Italie et l’Allemagne a nettement diminué.
Les marchés ont principalement salué l’attitude des banques centrales, tandis les statistiques économiques ont continué de dépeindre un
essoufflement de l’activité.
La Réserve fédérale, face aux tensions commerciales persistantes entre les États-Unis et la Chine, a signalé son intention de baisser les taux d’intérêt,
ce qu’elle fera probablement à la réunion du FOMC du 31 juillet prochain. Les anticipations des futures sur les Fed Funds montrent un assouplissement des taux sur plusieurs mois. À l’heure où nous écrivons, le marché anticipe 4 réductions de 25pb chacune d’ici le milieu de l’année prochaine. Toutefois, les interventions de la Réserve fédérale pourraient être moins nombreuses si la Chine et les États-Unis parviennent à un accord commercial, ou si les futures statistiques indiquent une stabilisation de l’économie. Il est donc rassurant de savoir que dans le contexte actuel d’inflation modérée, la banque centrale américaine se déclare prête à assouplir les conditions monétaires au moindre motif d’incertitude susceptible de nuire à la croissance mondiale.
La BCE a également émis des signes en faveur d’une posture beaucoup plus conciliante. En Europe, le président de la Banque centrale Mario Draghi a
ouvert la voie à de nouvelles mesures de relance à l’occasion du sommet de Sintra. La BCE dispose de moins de marge d’action que la Fed au niveau
des taux d’intérêt car elle n’a pas encore entamé son processus de normalisation. Actuellement, les contrats à terme sur l’EONIA anticipent une réduction du taux de rémunération des dépôts de l’ordre de 15pb d’ici aux premiers mois de 2020 (les taux se situeraient alors à -0,55 %). Le repli
prononcé des taux des emprunts d’État dans tous les pays de la zone euro montre que les investisseurs envisagent aussi la possibilité d’une reprise du
plan d’assouplissement quantitatif avec des achats des titres. Le calendrier et le modus operandi sont incertains, mais il est probable que les premières
décisions concrètes seront prises d’ici l’automne, avant que Mario Draghi ne laisse la place à son successeur.
Sur le front des tensions commerciales, après l’application réciproque de nouveaux droits de douane décidée début mai, Donald Trump et Xi Jinping
se sont rencontrés fin juin, en marge du sommet du G20 d’Osaka, pour conclure d’une nouvelle trêve semblable à celle de décembre 2018. Les deux parties reprendront les négociations qui s’étaient interrompues au mois de mai et s’abstiendront d’appliquer de nouveaux droits de douane dans l’intervalle. La question demeure donc ouverte, mais les passes d’armes ou les interventions à même de perturber les marchés devraient s’interrompre pour quelque temps.
Quant aux données macroéconomiques, elles restent marquées par une certaine faiblesse. Tout continue à indiquer un ralentissement du cycle
industriel et des échanges commerciaux, conséquence directe des tensions commerciales et de l’effet à retardement des hausses des taux américains
l’an dernier. L’orientation baissière des taux d’intérêt et les mesures adoptées par la Chine pour relancer son économie devraient favoriser
une réaccélération au cours du second semestre. La stabilisation récente des indices de confiance des entreprises dans la zone euro
pourrait être un premier signal, mais les investisseurs auront besoin d’autres preuves pendant les prochains mois.
En Europe, après la victoire du vote pro-européen lors des élections du Parlement, l’attention se porte sur les nominations des dirigeants des
institutions, notamment celle du successeur de Mario Draghi à la BCE. Malgré la proposition de lancement d’une procédure d’infraction au motif
d’un déficit excessif, les spreads des obligations italiennes se sont nettement contractés. Le marché est probablement soutenu par la perspective d’une possible remise en service du QE, mais également par le fait qu’au-delà d’une rhétorique parfois vive, le gouvernement italien œuvre actuellement à un compromis avec la Commission européenne. Les investisseurs seront attentifs aux signaux relatifs à ces deux hypothèses au cours des prochains mois.
Points à surveiller pour le scénario
Données macroéconomiques, tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et décisions de politique monétaire resteront les thèmes
prédominants de ces prochains mois. En Europe, l’attention se porte maintenant sur les nominations des dirigeants des institutions, notamment celle du successeur de Mario Draghi à la BCE.
Retrouvez la video de Andrea Conti, Responsable Macro Research Eurizon Capital SGR sous le lien suivant :