Les débats se poursuivent sur la nature de la relance à venir mais il est un sujet qui fait l’unanimité : la relance devra favoriser la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique. Parmi les nombreuses contributions sur ce sujet, les apports récents du Fonds Monétaire International et de la Revue de Politique Economique d’Oxford sont particulièrement intéressants.
Dans une note publiée le 20 avril dernier et intitulée « Greening the recovery », le FMI milite pour une relance tournée vers les investissements verts. Il énonce quatre priorités : éviter les financements des industries carbonées, favoriser les infrastructures vertes (énergie renouvelable, réseaux électriques, transports publics, numérique), investir dans la recherche sur le stockage d’énergie, le captage et le stockage du C02, l’usage de l’hydrogène comme source d’énergie alternative et enfin améliorer la qualité des bâtiments.
La Revue de Politique Economique d’Oxford fournit quant à elle une étude plus documentée qui insiste sur l’efficacité économique d’une relance axée sur la préservation du climat. Le texte rappelle les critères d’un bon plan de stimulation économique, notamment l’effet multiplicateur de la dépense (combien de PIB supplémentaire pour un dollar investi ?), la rapidité de la mise en œuvre et le coût. L’effet multiplicateur est le critère clé. Il peut en effet aller jusqu’à 3 en sortie de récession selon la littérature, même si dans le cas de la crise actuelle la prolongation des mesures de distanciation sociale peut éroder le coefficient multiplicateur.
Les auteurs soulignent que les dépenses « vertes » ont des multiples élevés. En effet certaines sont particulièrement productives, notamment l’intelligence artificielle, la quatrième révolution industrielle (objets connectés et numérisation de l’industrie) et la protection de l’environnement. D’autres formes de relance verte, notamment la construction d’infrastructures d’énergie renouvelable, favorisent l’emploi local et évitent ainsi l’écueil des relances traditionnelles, à savoir que le creusement du déficit serve à financer des importations.
Les auteurs de l’étude ont interrogé 231 décideurs économiques (ministres des finances, membres de banques centrales, économistes) et leur ont demandé d’évaluer une trentaine de mesures de relance sur la base de deux critères, l’impact positif sur le climat et le multiplicateur économique à long terme. Il en résulte que les mesures les plus plébiscitées sont les suivantes : dépenses de recherche sur les énergies propres, investissements dans les infrastructures d’énergie renouvelable, formation de la population active, dépenses d’éducation, dépenses de recherche et d’innovation, réseaux numériques, investissement dans les systèmes de santé.
Les auteurs reprennent ces mesures à leur compte tout en ajoutant les investissements dans l’agriculture biologique et l’efficacité énergétique des bâtiments. Ils rappellent enfin que si le climat leur semble être le sujet prioritaire, il ne faut pas pour autant mettre de côté les autres aspects du développement durable, notamment la lutte contre la pauvreté et les inégalités ainsi que la nécessité de renforcer la cohésion sociale.