La Chine face à l’impasse de la surcapacité

surcapacité

La Chine, moteur économique mondial, se trouve aujourd’hui confrontée à une problématique récurrente : la surcapacité de production. Bien que cette situation ne soit pas nouvelle, elle prend aujourd’hui une ampleur sans précédent en raison de l’extension des secteurs concernés et des déséquilibres structurels croissants. Face à ce défi, plusieurs solutions s’offrent à l’Empire du Milieu, allant de la revitalisation du marché intérieur à l’investissement à l’étranger. Dans cet article, nous analysons les causes de cette surcapacité, ses impacts sur l’économie chinoise, et les pistes envisagées pour y remédier.

La surcapacité, un phénomène ancien mais en expansion

La surcapacité industrielle en Chine est loin d’être un phénomène récent. Depuis les années 1990, le pays a connu plusieurs épisodes où la production excédentaire s’est accumulée, souvent alimentée par des politiques d’investissement massif. Le modèle économique chinois, centré sur des investissements dans les infrastructures et les capacités de production, a permis une croissance spectaculaire mais a aussi entraîné des déséquilibres majeurs, comme l’accroissement des stocks inutilisés. Après la crise financière de 2008, une nouvelle vague de surcapacité a émergé, en particulier dans les secteurs de la construction et des matériaux.

Le problème a pris une nouvelle tournure à la suite de la pandémie de COVID-19. En effet, pour soutenir l’économie pendant les confinements, les autorités chinoises ont mis en place des mesures incitatives centrées sur l’offre. Cela a entraîné une production accrue dans certains secteurs sans que la demande intérieure ne suive, exacerbant ainsi l’excédent de biens. Ce phénomène est désormais plus étendu et touche des secteurs variés, y compris les nouvelles technologies, telles que les énergies renouvelables, où la Chine possède un excédent de production considérable.

Une surcapacité qui touche tous les secteurs

Contrairement aux épisodes passés, où la surcapacité se concentrait sur quelques secteurs clés comme le ciment ou l’acier, la situation actuelle touche un éventail beaucoup plus large de biens. Aujourd’hui, on constate des excédents dans des domaines aussi variés que les biens de consommation, les matériaux de construction, les machines, et même les véhicules. Ces secteurs, jadis épargnés, souffrent de la même problématique : une production excédentaire couplée à une demande stagnante, principalement due à la faiblesse de la consommation intérieure.

Les indicateurs économiques révèlent que, bien que les taux d’utilisation des capacités industrielles aient diminué par rapport aux pics des années précédentes, la situation reste préoccupante. Si la croissance de l’investissement continue de surpasser celle de la demande, les surcapacités risquent de s’amplifier, ce qui pourrait entraîner une surproduction chronique, déstabilisant ainsi l’économie à moyen terme.

Stimuler le marché domestique : un défi de taille

Pour résoudre cette crise de surcapacité, le gouvernement chinois a tenté de stimuler la demande intérieure, notamment à travers des incitations fiscales et des politiques visant à encourager la consommation. Dans certains secteurs comme celui des batteries lithium-ion ou des panneaux solaires, des exigences de qualité plus strictes ont été mises en place pour limiter l’offre et encourager une production plus ciblée. Cependant, ces mesures ont leurs limites, notamment sur le plan de la croissance à court terme.

Le principal obstacle à cette stratégie réside dans la faible confiance des consommateurs. Malgré des efforts pour soutenir la consommation, la demande reste faible, ce qui empêche une véritable relance économique. L’ampleur des surcapacités persistantes entraîne des pressions déflationnistes et nuit à la rentabilité des entreprises. Par conséquent, la Chine peine à absorber son excédent de production, ce qui ralentit sa reprise économique et fragilise davantage son tissu industriel.

L’exportation : une stratégie de moins en moins viable

Historiquement, la Chine a utilisé les exportations pour pallier la faiblesse de la demande intérieure. Cependant, ce modèle semble avoir atteint ses limites. Depuis quelques années, des barrières commerciales de plus en plus strictes sont mises en place par de nombreux pays, particulièrement en Europe et aux États-Unis. Sous l’effet de la montée du protectionnisme, les exportations chinoises se trouvent confrontées à des défis croissants, rendant moins viable la stratégie d’exportation comme solution pour écouler les excédents.

L’exemple de l’Indonésie, qui envisage d’imposer des droits de douane élevés sur les produits chinois, illustre cette tendance. Les tensions commerciales, exacerbées par la guerre commerciale avec les États-Unis et d’autres frictions géopolitiques, ont rendu les marchés d’exportation plus difficiles d’accès. En conséquence, la Chine doit repenser sa stratégie de croissance en s’adaptant à un environnement commercial de plus en plus complexe et contraignant.

Une nouvelle voie : l’investissement direct à l’étranger

Face à la baisse des exportations et à la stagnation de la demande intérieure, de plus en plus d’entreprises chinoises se tournent vers l’investissement direct à l’étranger. Cette stratégie permet de contourner les barrières commerciales en installant des capacités de production dans les pays cibles. En plus de favoriser l’accès à de nouveaux marchés, ces investissements créent de l’emploi et facilitent l’exportation de produits intermédiaires chinois.

L’Asie du Sud-Est, en particulier les pays membres de l’ASEAN, reste la principale destination de ces investissements, suivie par des pays européens comme la Hongrie. Cependant, cette stratégie n’est pas sans risques. Les investissements chinois à l’étranger, notamment dans des secteurs stratégiques comme les véhicules électriques, font l’objet d’une surveillance accrue de la part des pays développés, qui s’inquiètent des enjeux de sécurité nationale. Néanmoins, certains pays européens, comme la Hongrie ou la Pologne, continuent d’encourager ces investissements, voyant en eux un levier pour leur propre développement économique.

La surcapacité en Chine, bien qu’ancienne, revêt aujourd’hui une dimension plus complexe et plus étendue. Face à ce défi, la Chine se doit de réorienter sa stratégie économique, en stimulant la demande intérieure, en diversifiant ses investissements à l’étranger, et en adaptant ses politiques commerciales. Bien que la route soit semée d’embûches, le pays pourrait encore trouver une issue favorable si les bonnes réformes sont mises en place pour équilibrer l’offre et la demande à l’échelle mondia

À lire aussi : La Chine face au risque de « japonisation » économique