Le décryptage de Green Finance

Lors de la réunion de la Banque Centrale Européenne du Jeudi 04 Juin, voici ou les points à retenir, les premiers commentaires, le texte officiel, les annonces… l’incontournable avec Green finance :

le conseil des gouverneurs n’a pas parlé d’une inclusion des “anges déchus” dans le PEPP la BCE se réjouit fortement du plan de relance européen annoncé un fort degré d’assouplissement monétaire reste nécessaire    l’inflation est attendue à 0,3% en 2020, à 0,8% en 2021 et à 1,3% en 2022  la BCE confiante qu’une bonne solution sera trouvée à la suite du jugement de Karlsruhe les risques pour les perspectives de croissance sont orientés à la baisse la crise sanitaire a beaucoup pesé sur les perspectives de stabilité des prix les gouverneurs ont été unanimes sur le fait que des mesures devaient être prises le PEPP a été allongé jusqu’en juin 2021 car c’est là que l’inflation devrait se redresser les 600 mds de plus devraient nous ramener sur la trajectoire de l’inflation pré-Covid la solution qui sera trouvée au jugement de Karlsrhue respectera l’indépendance de la BCE des achats dans le cadre du PEPP sont nécessaires dans tous les pays pour assouplir la politique monétaire

les premiers commentaires de Patrice Gautry, chef économiste à l’Union Bancaire Privée, dans le cadre de la réunion de la Banque Centrale Européenne du jour : 

“La BCE arrive encore a surprendre les marchés financiers. En augmentant de 600 milliards son PEPP et portant la date de fin à 2022, la BCE reprend l’initiative sur des attentes de marchés qui étaient déjà très ambitieuses. Ses vues sur l‘économie ne sont pas très optimistes, beaucoup plus pessimistes que celles du consensus et peut être craint-elle aussi une approbation un peu difficile du Recovery Fund sur les prochains mois et une résistance forte de la part des pays frugaux. En somme, la BCE n’a rien de généreux mais elle se prépare a un très « gros temps » économique et politique.”

La BCE arrive encore à surprendre les marchés financiers : 

  • En augmentant de EUR 600 milliards son PEPP (à EUR 1.35 tr) et portant la date de fin à 2021 (re-investissement à 2022), la BCE reprend l’initiative sur des attentes de marchés qui étaient déjà très ambitieuses.

  • Ses vues sur l‘économie ne sont pas très optimistes, beaucoup plus pessimistes que celles du consensus pour 2020 (-8.7% versus -7.6%) et peut-être craint-elle aussi une approbation un peu plus difficile du « Recovery Fund » sur les prochains mois avec une résistance plus forte de la part des pays dits « frugaux ». Les prévisions sur l’inflation ne sont pas plus optimistes car elle devrait s’établir à 1.3% en 2022, soit très en dessous de l’objectif de 2%; l’argument d’une inflation en dessous de ses objectifs pourra donc être utilisé à loisir les prochains trimestres si la BCE doit de nouveau adapter ses mesures et ainsi imposer un consensus au sein du Conseil des Gouverneurs.

  • L’action de la BCE se concentre sur ses achats d’actifs et laisse de côté les taux d’intérêt déjà en territoire négatif ; elle attend de l’assouplissement programmé des conditions de TLTRO3 en juin une nouvelle baisse des conditions financières.

  • LE PEPP a été accru de 600 milliards pour clairement gagner du temps et retrouver une certaine visibilité sur les marchés financiers et l’économie ; les rythmes des achats récents risquent de venir rapidement à bout du fond, encore plus si des tensions nouvelles revenaient sur le marché financier à l’occasion des négociations sur le « Recovery Fund ».

  • Le PEPP est un outil présenté par la BCE comme très flexible et dont les composantes ( temps, classe d’actifs et pays) devraient pouvoir être adaptées très rapidement : cela en fait une force d’intervention rapide mais sa gestion courante et les derniers achats réalisés semblent assez conservateurs malgré l’ambition affichée ; la fameuse règle de répartition des achats selon le capital de la BCE n’est que marginalement remise en cause, au profit de l’Italie et au détriment de l’Allemagne et de la France, mais cela reste dans les fluctuations déjà observées lors des achats mensuels d’obligations (PSPP) ; de plus, les achats d’obligations d’entreprises risquées ( high yield) ne sont toujours pas au programme et n’auraient pas été discutés au cours de la réunion. La BCE semble réserver l’agressivité potentielle du PEPP pour des conditions de marchés ou de transmission de politique monétaire beaucoup plus difficiles que celles en place, et il en est de même concernant des achats d’actifs bancaires ou des prêts directs aux entreprises, dispositifs adoptés par la Fed.

  • Sur la question de la constitutionnalité et de la proportionnalité des achats de la BCE (PSPP), la réponse de la BCE semblait aujourd’hui plus modérée que les réactions initiales, renvoyant au gouvernement et Parlement allemand le soin de répondre à cette réserve sur son action. La pression passe donc du côté politique, la BCE ré-affirmant son indépendance et arguant des décisions passées de la Cour Européenne de Justice. La question est donc politique alors que l’Allemagne doit justement prendre la présidence tournante de l’UE cet été.

  • En somme, la BCE n’a rien de généreux mais elle gagne du temps et semble vouloir se préparer à un très « gros temps » économique et politique.

  • Alors que les prémices d’une mutualisation de la dette européenne commencent à apparaître, la BCE est gardienne de la liquidité, garante d’un bas coût du capital, et essaie aussi de maitriser en partie le calendrier ; elle évolue vers une gestion plus active de la dette aussi bien publique que privée et de son refinancement sous une raison toujours valide d’une inflation faible, ce qui finit aussi par justifier une certaine monétisation de la dette.

Concernant Sébastien GALY (Stratégiste Macro Senior chez Nordea Asset Management), concernant les dernière réunion monétaire de la BCE, tenue cet après-midi. 

L’annonce de l’augmentation du programme PEPP (de 600 milliards d’euros supplémentaires) par la BCE, a notamment eu pour conséquence immédiate un repli marqué des taux obligataires souverains à 10 ans italien et grec (de respectivement 15 et 12 points de base). 

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