Quand la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé le Pacte vert européen fin 2019, elle l’a présenté comme un plan visant « à réconcilier l’économie avec la planète » et en a fait la principale mission de son mandat. Ce plan, fortement axé sur la réalisation d’objectifs climatiques à long terme au sein du bloc européen, couvre des programmes de dépenses et de financement dans différents domaines, allant de la biodiversité, l’alimentation et l’agriculture à la production d’énergie sobre en carbone en passant par les véhicules électriques.
L’un des principaux objectifs est l’engagement de l’Union européenne (UE) à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Concrètement, cela signifie que les émissions de CO2 de l’UE seront compensées grâce à des niveaux au moins équivalents d’élimination du carbone. D’ici 2030, la Commission européenne entend réduire les émissions de 55%, ce qui représente une avancée considérable.
Réaffirmation des engagements pris à Paris
L’UE faisant partie des plus gros émetteurs de carbone, il s’agit là d’une nouvelle avancée considérable dans les projets mondiaux de décarbonisation et d’un progrès majeur par rapport aux précédents engagements. Le Pacte vert vient renforcer les engagements de l’UE dans le cadre de l’Accord de Paris, dont le principal but est de maintenir la hausse des températures mondiales « bien en dessous » de 2 degrés par rapport aux niveaux préindustriels.
COVID-19 et Next Generation EU
L’arrivée de la pandémie de Covid-19 début 2020 n’a fait que renforcer l’engagement envers le Pacte vert. Alors que la facture économique du confinement ne cessait de s’alourdir, les gouvernements européens ont convenu d’un programme de relance sans précédent, d’un montant de 1.850 milliards d’euros. Un tiers du plan de relance sera consacré aux investissements dans la lutte contre le changement climatique, en phase avec l’essentiel des recommandations du Pacte vert de 2019.
La finance verte devrait jouer un rôle de premier plan dans le financement du plan de relance Next Generation UE, avec 30% provenant des émissions d’obligations vertes.
Comment se positionner pour tirer profit du Pacte vert ?
Les investisseurs peuvent se positionner de différentes manières pour tirer profit du Pacte vert. Tout d’abord, ces derniers peuvent réorienter leurs portefeuilles vers des technologies plus durables et les entreprises directement concernées par le Pacte vert. Les opportunités pourraient être nombreuses dans des secteurs aussi divers que l’énergie, l’agriculture, le bâtiment, les matériaux, l’alimentation ou encore l’industrie.
Dans ces secteurs, les investisseurs pourront chercher à privilégier les entreprises engagées dans une démarche active de réduction de leur empreinte carbone ou élaborant des solutions qui contribuent à la réalisation de l’objectif de neutralité carbone de l’UE en 2050. En contrepartie, les investisseurs pourraient bénéficier non seulement du fait d’avoir apporté des fonds à ces entreprises et investissements, mais aussi d’avoir évité les activités qui resteront sur la touche par rapport au Pacte vert.
La transition vers les énergies renouvelables
Sachant que selon la Commission européenne, près des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre de l’Europe sont issues de la production d’énergie, la transition vers les énergies renouvelables pourrait offrir des opportunités considérables aux investisseurs. Les énergies solaire et éolienne devraient afficher des taux de croissance record au cours des dix prochaines années à mesure que les coûts marginaux continuent de diminuer.
Le coût des énergies renouvelables diminue, ce qui leur permet de devenir concurrentielles, voire moins chères à produire que l’énergie issue de sources fossiles. En tant que source d’énergie propre, l’hydrogène fait également partie des objectifs poursuivis par le Pacte vert, avec des investissements massifs de l’ordre de plusieurs centaines de milliards d’euros prévus dans les décennies à venir.
Le marché des obligations d’impact continue de se développer et de gagner en maturité
Les fonds levés par les obligations d’impact sont exclusivement destinés à des projets respectant des critères environnementaux ou sociaux. Il existe trois grandes catégories d’obligations d’impact :
• Obligations vertes : les produits sont exclusivement affectés aux projets verts éligibles.
• Obligations sociales : les produits sont exclusivement affectés aux projets sociaux éligibles.
• Obligations durables : les produits sont exclusivement affectés à une combinaison déterminée de projets verts et sociaux.
Championne mondiale de la finance verte, l’UE est le premier émetteur d’obligations vertes au monde. L’intention affichée par l’UE de financer 30% des 750 milliards d’euros du plan Next Generation UE à l’aide d’obligations vertes devrait lui permettre de conserver ce statut.
Pour donner un coup de pouce supplémentaire aux obligations d’impact et à la finance verte, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu’elle accepterait les obligations « sustainability-linked » (SLB) en garantie et les intégrerait à son programme d’achats d’actifs à condition que celles-ci respectent des critères spécifiques. Les critères d’éligibilité au programme, qui excluaient jusqu’à présent les SLB au motif que celles-ci rendent la structure de remboursement « a priori incertaine » en raison de l’indexation des coupons sur le profil de durabilité des émetteurs, intègreront désormais des objectifs de performance durable.
Alors que le marché des obligations d’impact continue de se développer et de gagner en maturité, les investisseurs devraient bénéficier d’un vaste éventail d’opportunités dans différentes classes d’actifs obligataires.