La Banque postale s’engage à liquider ses 1,2 milliard d’euros d’actifs liés aux énergies fossiles. Cette décision est saluée par les associations écologistes. Mais les principales banques françaises poursuivent leur soutien aux hydrocarbures. Tandis que depuis fin Aout les prix du pétrole brut grimpent presque continuellement. D’après Goldman Sachs, les prix ne retomberont pas de si tôt.
Se passer des énergies fossiles !
Fini le financement des énergies fossiles. La Banque postale va sortir du gaz, du pétrole et du charbon d’ici à 2030, .L’institution explique que la Banque postale va réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 46,2 % d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2019.
Pour cela, la banque va revoir son fonctionnement au quotidien en réduisant les émissions de ses bâtiments ou des véhicules. Surtout, toutes les activités financières dans le secteur des énergies fossiles vont peu à peu cesser. La banque s’engage à ne plus financer, investir ou fournir de services aux « acteurs des secteurs du pétrole et du gaz », y compris non conventionnels (pétrole et gaz de schiste notamment). Toute la chaîne est visée : les entreprises qui explorent les gisements, celles qui produisent et celles qui transportent les carburants. La Banque postale entend même, à horizon 2040, ne plus « soutenir les entreprises activement impliquées dans le lobbying en faveur du pétrole ou du gaz, ou celles ralentissant ou bloquant les efforts pour sortir de ces secteurs ». Pour cela, l’entreprise va s’appuyer sur la Global Oil and Gas Exit List, une liste établie par une ONG allemande: recensant 900 entreprises liées à l’industrie du gaz et du pétrole, elle fait référence parmi les défenseurs d’une finance décarbonée.
On salue la nouvelle, la Banque postale est la première banque en France et peut-être même dans le monde à annoncer sa sortie du pétrole et du gaz dans un délai court », se félicite Alix Mazounie, de l’ONG Reclaim Finance. « Ils vont même plus loin que ce que demande l’Agence internationale de l’énergie, qui estime qu’il faut stopper les nouveaux projets, mais ne va pas jusqu’à demander de sortir totalement de ces secteurs. » « C’est la première banque à reconnaître l’impératif scientifique qu’on ne peut pas continuer à exploiter les énergies fossiles », renchérit Lorette Philippot, des Amis de la Terre.
Selon nos confrères de La Tribune, la Banque postale détient encore 500 millions d’euros d’investissements et de financements dans le charbon et 700 millions dans le pétrole et le gaz. Soit en tout 1,2 milliard d’euros qu’elle va retirer de ces secteurs d’ici à 2030. Une goutte d’eau pourtant dans l’océan de la finance des énergies fossiles,dont la Banque postale n’est pas un acteur important. « Ce n’est pas tant l’impact financier qui compte que l’annonce, observe Alix Mazounie. Cela crée un précédent sur la place financière alors que, jusqu’ici, tout le monde nous disait que c’était impossible. »
Tandis que la Banque postale va sortir du gaz ,les prix du pétrole brut grimpent presque continuellement. Cette semaine, la hausse se poursuit, avec des niveaux qui n’avaient plus été atteints depuis 2018. D’après Goldman Sachs, les prix ne retomberont pas de si tôt
En effet, le baril de pétrole (159 litres) de la variété Brent de la mer du Nord a dépassé les 84 dollars, poursuivant sa marche en avant. D’après le responsable de la recherche sur l’énergie de Goldman Sachs, cette hausse n’est pas près de s’arrêter.
« Il ne s’agit pas d’un choc hivernal passager comme cela pourrait être le cas pour le gaz. C’est en fait le début d’une hausse significative des prix du pétrole », a déclaré Damien Courvalin sur la chaîne américaine CNBC.
D’après les estimations de Goldman Sachs, le Brent atteindra 90 dollars le baril d’ici la fin de l’année. Le marché pétrolier est dans « le plus long déficit que nous ayons vu depuis des décennies », et la demande continuera à dépasser l’offre en hiver, selon l’analyste. Le manque d’investissements en amont dans l’offre de pétrole alors que la demande augmente laisse présager des « prix élevés soutenus » au moins pour l’année à venir, a-t-il ajouté.
Une transition énergétique “lente”
En plus de ces prévisions à court et moyen termes pessimistes, le responsable de Goldman Sachs estime que les prix resteront élevés dans les prochaines années. Sa banque pense que le Brent évoluera autour des 85 dollars le baril lors des prochaines années.
M. Courvalin a dressé un parallèle avec le marché du charbon, où les prix ne cessent de grimper car l’offre diminue plus vite que la demande. Il y voit un « signal d’alarme » pour le pétrole.
L’activité de forage pétrolier ne s’est pas beaucoup redressée du côté de l’offre, alors que la demande augmente, a-t-il souligné, décrivant le marché comme étant dans un « déficit bien ancré ».
Il faut prendre conscience que la transition vers une énergie plus propre prendra beaucoup de temps et que les appels à cesser d’investir dans l’approvisionnement en hydrocarbures ne feront que créer « des prix de l’énergie beaucoup plus élevés dans les années à venir », a-t-il dit.
L’analyste a conclu en disant s’attendre à de nouveaux sommets en 2022 et 2023.