TotalEnergies, EDF et Engie appellent à un effort collectif et immédiat dans une tribune, publiée par le « Journal du dimanche ». Cet appel à la « sobriété » pour faire face à des approvisionnements, en gaz russe notamment, de plus en plus incertains. Les dirigeants des trois entreprises craignent de devoir faire face à de nombreuses défaillances cet hiver.
Revoir en profondeur nos modes de vie
C’est inédit… Les patrons des trois entreprises dominantes en France sur l’électricité, le gaz et le pétrole appellent à consommer moins d’énergie ! Le contexte l’est tout autant avec la guerre en Ukraine et les risques d’approvisionnement en hydrocarbures russes.
« L’effort doit être immédiat, collectif et massif. Chaque geste compte », indiquent dans une rare tribune commune publiée par le Journal du dimanche (JDD), Patrick Pouyanné (TotalEnergies), Jean-Bernard Levy (EDF) et Catherine MacGregor (Engie). Alors que la France, comme le reste de l’Europe, tente de constituer ses réserves de gaz pour l’hiver prochain, avec un objectif de 100% de stockages d’ici au début de l’automne, malgré la baisse des livraisons de gaz russe.
« Plus que jamais, la meilleure énergie reste celle que nous ne consommons pas. Agir dès cet été nous permettra d’être mieux préparés pour aborder l’hiver prochain et notamment préserver nos réserves de gaz », écrivent les dirigeants de TotalEnergies, EDF et Engie.
Tandis que…
Une contraste avec la position du gouvernement, rassurante depuis le début. « Il n’y a aucun risque de coupure » a encore martelé Emmanuel Macron dans un entretien à la presse quotidienne régionale début juin. La première ministre Elisabeth Borne, en déplacement la semaine dernière dans un centre de commande national de gaz, a elle aussi rappelé que la situation était « beaucoup plus favorable en France où l’on est moins dépendant de ce gaz russe ».
Pour assurer son approvisionnement, la France prévoit de remplir ses stocks de gaz à près de 100% d’ici le début de l’automne, contre 85% au 1er novembre habituellement. Ils sont actuellement remplis à 59%, contre 46% à la même date l’an passé.
Faire face à la flambée des prix
Aux difficultés d’approvisionnement en gaz lié aux conséquences de la guerre en Ukraine, s’ajoutent des « tensions » sur les capacité de production électrique pilotable en Europe, et une production hydraulique « amputée » en raison de la sécheresse, expliquent-ils. « La flambée des prix de l’énergie qui découle de ces difficultés menace notre cohésion sociale et politique et impacte trop lourdement le pouvoir d’achat des familles » relèvent les auteurs du texte.
« Une prise de conscience et à une action collective et individuelle pour que chacun d’entre nous – chaque consommateur, chaque entreprise – change ses comportements et limite immédiatement ses consommations énergétiques, électriques, gazières et de produits pétroliers ».
« La sobriété ne doit pas être une exception temporaire, mais devenir la règle »
« Acteurs industriels responsables, nos trois groupes s’engagent à collaborer activement » indiquent les patrons, d’ordinaire plutôt en concurrence sur les sujets de transition énergétique, notamment qui voient fleurir des investissements massifs mais pas toujours coordonnés dans les énergies renouvelables, le nucléaire et l’hydrogène notamment.
« Nous devons engager un grand programme d’efficacité énergétique et une chasse au gaspillage nationale » disent les dirigeants. « Pour accompagner nos concitoyens dans cette nécessaire sobriété d’exception, nous disposons d’outils, d’expertises, que nous entendons mobiliser pour atteindre cette sobriété dans la durée sans affecter significativement nos modes de vie ». Ils nous appellent à transformer nos modes de vie.