Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, démontre que les nouvelles sources d’énergie s’ajoutent plutôt que de se substituer aux anciennes. Un ouvrage clé pour saisir l’ampleur de l’effort requis pour décarboner l’économie pour l’évolution énergétique.
L’énergie : une histoire sans transition
La croyance en l’évolution énergétique est une illusion collective. Historiquement, aucune source d’énergie n’a été remplacée par une autre, comme le révèle Jean-Baptiste Fressoz dans “Sans transition. Une nouvelle histoire de l’énergie“. Son ouvrage, publié par les Éditions du Seuil, 414 pages, 24 euros, dévoile que les énergies se sont plutôt accumulées au fil du temps, sans rupture apparente. En fournissant des données concrètes. L’auteur démontre que, malgré l’essor du charbon, l’utilisation du bois n’a pas diminué, mais a augmenté. Les États-Unis brûlent désormais deux fois plus de bois qu’en 1960. Et l’Europe trois fois plus qu’au début du XXe siècle. Cette constatation remet en question l’idée même de transition énergétique. Mettant en lumière une réalité bien différente de celle souvent perçue.
La complexité de la transition énergétique
Se concentrer uniquement sur le pourcentage des énergies renouvelables dans le mix énergétique global crée une confusion entre l’innovation et la décarbonation. Sans réellement aborder le problème fondamental de la réduction de l’utilisation des énergies fossiles. L’histoire de l’énergie est caractérisée non par des phases distinctes, mais par un empilement. Une stratification et une symbiose entre différentes sources. Cela ne signifie pas que la transition vers les énergies renouvelables est impossible. Mais plutôt que l’effort nécessaire pour réduire les émissions de CO2 est colossal et sans précédent dans l’histoire, d’autant plus qu’il doit être réalisé sans être motivé par la rareté des ressources.
Par exemple, le bois a joué un rôle crucial dans l’émergence de l’industrie pétrolière. Avec les premières extractions réalisées à partir de structures en bois. De même, l’utilisation massive du charbon a été et reste essentielle à l’industrie pétrolière. Puisque le pétrole est pompé, transporté et raffiné à l’aide d’infrastructures en acier, dont la production nécessite du charbon.
En ce qui concerne les énergies renouvelables, même si elles représentent une avancée vers la décarbonation, leur déploiement peut paradoxalement stimuler d’autres secteurs plus carbonés. Par exemple, le plus grand parc éolien flottant au monde, situé en mer de Norvège et appartenant à Equinor (anciennement Statoil), est utilisé pour alimenter des plateformes pétrolières.
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