Le président de la République, Emmanuel Macron, s’exprime ce jeudi 6 juin dans les journaux de 20h de TF1 et France 2. Après une journée de cérémonies pour le 80e anniversaire du Débarquement, le président de la République évoquera la situation internationale mais aussi les élections européennes.
Ceci est un extrait d’une interview, sélectionné par votre média Green Finance, qui donne la parole à tous, même si cela peut vous déplaire et nous déclinons toutes responsabilités sur la source et les propos de cet extrait.
Allocution du président de la république à quelques jours des Européennes
Nous allons évoquer ce soir bien sur les commémorations de ce 6 juin, mais nous allons aussi parler des guerres de 2024, l ‘Ukraine, Gaza et nous consacrerons quelques minutes aux élections européennes. Mais d ‘abord le président a souhaité prendre la parole à 3 jours des élections européennes et ça a suscité les critiques, la colère même des candidats notamment. Ils lui reproche d’accaparer la parole au risque de fausser le scrutin. D’abord nous allons parler, des commémorations de l ‘Ukraine, de ce qui se passe au Proche Moyen-Orient, et c’est le rôle de président de la République de s’exprimer.
Selon le président, parler un 6 juin est une chose importante pour pas qu ‘on confonde la mémoire et ce qui se passe dans la vie de la nation. Et parler des européennes au moment où nous vivons, c ‘est essentiel pour la vie du pays et le cours de la nation. “Donc je pense que c ‘est aussi mon rôle, il faut le faire à la place qui est celle du président de la République.”
L’interview d’Emmanuel Macron
Votre rôle, c’est pas de rester au-dessus de la mêlée? “Une entrevue de ce soir nous dira si je suis au -dessus, dedans ou en-dessous, j ‘espérais être au-dessus, c’est bien mon rôle, c ‘est comme ça que je vis. J ‘ai du mal à comprendre pourquoi parler du débarquement, parler de ce qui se passe en Russie, parler de ce qui se joue avec ces élections européennes, c ‘est ne pas être dans mon rôle.”
Monsieur le Président, quel est à votre sens la signification de ces commémorations? “Le président Joe Biden, président américain, a une idée très précise. C’est commémoration, la lutte contre la barbarie, la tyrannie nazie, et il fait un parallèle avec une autre tyrannie, aujourd’hui en Russie.”
D ‘abord je veux dire que les Français étaient au rendez-vous de ce jour, y compris hier, on était hier pour célébrer aussi la résistance bretonne et le débarquement a commencé le jour d’avant du débarquement. Quand les premiers parachutistes français et britanniques sont arrivés en Bretagne, on a commémoré Saint-Lô et cette mémoire civile de celles et ceux qui ont été sacrifiés par les bombardements alliés de l’été 44 et là nous allons célébrer à la fois nos français, ceux du bataillon mais nos alliés de ce débarquement.
Les Français sont là parce qu’ils tiennent à ce moment de notre histoire, et 80 ans après ce sont sans doute les dernières grandes célébrations où nous pouvons avoir des anciens combattants, des vétérans qui sont encore là qu’on doit célébrer et chérir. C ‘est ça pour moi le premier objectif, c ‘est ensuite de transmettre cette mémoire, de transmettre la force, la charge symbolique et oui on ne peut pas s ’empêcher de faire un parallèle et de se dire notre pays avait résisté pendant quatre années.
Quand tout poussait à céder et nous avons eu cette force de nos alliés qui nous a permis d’aller à la victoire et la liberté. Nous avons en Europe aujourd’hui, l ‘Ukraine, le président ukrainien. Un peuple qui est face à une puissance – que je ne compare pas à l ‘Allemagne nazie, elle n ‘a pas la même idéologie, mais une puissance qui est impérialiste, qui au fond met le pied le droit international, la Russie, et qui a dit, “moi je vais vous envahir”. L’aider à résister, c’est protéger en effet ces valeurs, notre droit, la souveraineté des Ukrainiens, leur intégrité territoriale, et donc c’est éviter la loi du plus fort. “
Les commémorations du 70e anniversaire
Mais il y a dix ans ici même sur le plage du débarquement, le 70e anniversaire, le président Vladimir Poutine, qui avait déjà annexé de force la Crimée, était invité. “Aujourd’hui il n ‘est pas le bienvenu. Non, parce que vous l ‘avez très bien dit, il s ‘est passé une rupture en 2022. Il avait déjà violé le droit international. Je pense que à l ‘époque le président Hollande et la chancelière Merkel ont eu raison d’essayer d’engager.” Il avait violé le droit international, mais il s ‘était arrêté.
Il avait une position, il l ‘avait d ‘ailleurs violée quelques années plus tôt en Géorgie, et il avait poussé aussi des alliés à lui pour le violer dans d ‘autres pays. Mais je pense qu ‘ils ont eu raison à l ‘époque d ‘essayer par la voie de la diplomatie d ‘abord à Minsk de signer ses accords, parce qu ‘il y avait un chemin qui était possible pour retrouver la paix et une paix durable. Et ça avait été accepté par les Ukrainiens et les Russes. Le président Poroshenko, à l ‘époque, et le président Poutine, avait signé à Minsk un peu avant, en février. Et donc c’était tout à fait légitime de les inviter.”
La guerre en Ukraine
Là, qu ‘est -ce qui s ‘est passé? “En février 2022, le président Poutine a décidé de lancer une guerre complète, il faut bien le dire, et donc de ne pas respecter ce qu’il avait lui-même signé, de se mettre en infraction complète, et de procéder à des vrais crimes de guerre qu’on a pu déjà constater. Et aujourd’hui, l ‘Ukraine est une nation qui résiste, et se faisant la Russie un peu trahir le message de la libération et du débarquement. “
Est-ce que ça signifie qu’aujourd’hui, le seul moyen de faire à la paix, c’est de gagner la guerre?
“On ne négociera plus avec Vladimir Poutine. Il faut attendre de mener sur le terrain. La France veut la paix, et nous nous battons depuis le 1er jour pour la paix. Mais il faut être tout de suite clair, la paix, ça ne peut pas être la capitulation de l ‘Ukraine. J ‘entends beaucoup de gens qui disent, faisons la paix, ça s ‘arrête là où c’est, puis les Ukrainiens, on casse, ils se mettent d ‘accord, le président Poutine, a dit qu’il était d’accord.
Ca, c’est la capitulation, et ça n ‘est pas une paix durable, parce que c ‘est une paix qui reconnaîtraient le fait accompli, la loi du plus fort. Et le jour d ‘après, elle nous met tous en danger, parce que qui dit que la Russie s ‘arrêtera là? Nous sommes sûrs du contraire, et la Russie est à nos frontières. Donc, la seule paix que nous défendons, c ‘est une paix qui, d ‘abord, est négociée par les deux partis, et qui permet de respecter le droit international, et donc qui, dans le cas du droit international, donne une place au Dombas, cette région de l ‘Est qui a été envahie, à la Crimée, par la négociation. Et donc pour répondre très précisément à votre question, la paix doit arriver par le biais d ‘une négociation qui doit se faire à un moment donné.
La Russie avance
Ce moment n ‘est pas encore là puisque la Russie continue d ‘avancer. Et donc si nous n ‘avions pas fait, nous, Européens, nous, américains, canadiens, japonais, et l ‘ensemble de ceux qui aident depuis deux ans, massivement. Si nous n ‘avions pas fait tout ça, au moment où nous nous parlons ce soir, l ‘Ukraine serait déjà un satellite russe. Elle aurait été envahie. Donc elle résiste, elle tient, et quand elle l’en décidera, quand on verra tout ce que les conditions sont réunies, une négociation se fera. Elle n ‘est pas au point de l ‘effondrement parce que vous dites elle résiste, elle tient.
La suite des aides pour l’Ukraine
Est-ce que nous ferons demain avec le président Zennest ? Ce renforcement, Volodymyr Zennest, qui va inévitablement vous le demander demain, vous allez le rencontrer. Est-ce que la France va franchir un pas en qualité, en quantité, en nature, dans l’aide fournie à l’Ukraine ?
“Oui. D’abord, nous avons toujours la même philosophie. Nous aidons les Ukrainiens à résister, mais nous ne voulons pas l’escalade de la guerre et en aucun cas, nous ne sommes en guerre contre la Russie et son peuple.”
Qu’elles aides d’Emmanuel Macron pour les Ukrainiens ?
C’est très différent. Concrètement, qu’est-ce que vous allez donner aux Ukrainiens ?
“Et donc très concrètement, demain, nous allons lancer une nouvelle coopération et annoncer la session de Mirage 2000-5, qui sont des avions de combat français, qui permettront à l’Ukraine de protéger son sol, son espace aérien.
Et donc dès demain, nous allons lancer un programme de formation des pilotes session de ces avions qui permettra d’ici à la fin de l’année. Alors la France va s’exprimer pour elle-même demain, mais surtout nous sommes en train de bâtir une coalition avec d’autres partenaires. Donc je serai pas définitif ce soir sur le nombre. L’objectif, c’est que, comme nos partenaires le font sur le F16, qu’on puisse le faire, ce qui est le facteur dimensionnant, c’est le temps de formation des pilotes. Et donc, on va proposer au président Zeniski que les pilotes puissent être formés dès cet été. Il faut normalement 5 à 6 mois et donc que d’ici à la fin de l’année, ils puissent avoir pilotes et avions.”
Formés en France ou en Ukraine ?
“En France que nous formerons les pilotes. Tous les pilotes ukrainiens sont formés en France. Il n’y aura pas de formateur français en Ukraine. Pour revenir, c’est la question de la formation, si vous le souhaitez, qui est distingue, mais ça oui. La deuxième chose, c’est que notre souhait, c’est aussi de former une brigade. Le défi qu’elle Ukraine, c’est qu’elle a mobilisé. On en a beaucoup parlé, vous en avez parlé dans vos antennes. Et elle est en train de mobiliser plusieurs dizaines de milliers d’hommes pour aller au front. Le défi, c’est évidemment de les former, de les équiper.
Ce que nous proposons, c’est de former 4 500 soldats ukrainiens. Et donc de les équiper, de les entraîner, et puis de leur apporter justement les munitions, les armes, ce qui leur permettra de défendre leur sol. Et ça, cette brigade, si je puis dire française, c’est un facteur très dimensionnant. On a déjà beaucoup fait avec nos partenaires allemands, Polonais et quelques autres. En formation depuis le début du conflit, on passe à nouveau stade et on dit là, une brigade, donc 4 500 hommes, on va la former.”
Tactiques Françaises en Ukraine selon Emmanuel Macron
Donc il y a des formateurs français sur le sol ukrainien.
“Alors, ça c’est une autre question qui est un changement de nature. Donc nous avons débattu en février dernier, quand vous vous souvenez, j’avais… Et depuis, la situation a changé. Accueilli. Donc moi, je pense qu’il ne doit pas y avoir de tabou sur ce sujet, le sol ukrainien est souverain. Il ne s’agit pas d’aller former sur la zone de combat.
Mais au moment où l’Ukraine a un défi, on doit y répondre comme on l’a fait à chaque fois. Mais la vue, vous avez entendu ? Le président, j’explique juste la situation pour que ça soit clair pour nos compatriotes, parce que sinon, on s’attaque toujours. Et quelque part, pardon, mais tombez tous dans le piège de Poutine, qui vous indique un endroit en faisant peur et tout le monde dit ce qu’ils ont réagi ou pas à ça. Il faut d’abord savoir ce qu’il y a du sens.
Les défis de cette guerre selon Emmanuel Macron
Il nous indique même une cible, l’informateur, c’est autre chose. Mais ce qu’il y a du sens, je vais vous demander d’abord, l’Ukraine, allez-y, qu’est-ce qu’il y a du sens pour les Ukrainiens ? Ils sont en train de former des milliers, je le disais, de soldats. On voit bien que quand ils en avaient quelques centaines, ou que ça a été plus lent, on pouvait aller les former, ce qu’on a fait en France, en Allemagne, en Pologne, ou ailleurs.
Là, il y a un défi capacitaire, il faut aller beaucoup plus vite. La masse est plus importante. Et c’est pourquoi le président ukrainien, son ministre de la Défense, a appelé l’ensemble des alliés il y a 48 heures par une lettre officielle en disant, nous avons besoin que vous nous aidiez à former plus vite et que vous venez le faire sur notre sol. Donc ça, ça veut dire qu’il y a une demande. Chaque fois qu’il y a une demande, on a regardé puisqu’on veut aider. La deuxième chose qu’on doit se demander, c’est que c’est quelque chose qui est un facteur d’escalade. La réponse est non. Aller former quelqu’un dans la zone ouest, qui est une zone libre en Ukraine, ce n’est pas agressif, les gars.”
Escalade de la guerre
Mais c’est un facteur d’escalade, s’ils sont tués ?
“Est-ce que vous pensez que c’est moins grave d’avoir un civil français allemand britannique qui est tué en Ukraine qu’un soldat ?”
“Mais c’est pas symboliquement parce que le rôle aussi de ces soldats de s’engager dans ce conflit, donc on a une drôle d’approche. Ce que je dis juste, c’est que la question de la formation en Ukraine aujourd’hui est demandée par les Ukrainiens.
Une décision collective
“La deuxième chose, c’est qu’elle n’est pas en soi un facteur d’escalade. Troisième, c’est que nous sommes en train de travailler avec l’ensemble de nos partenaires. C’est sur la base d’une décision collective à ce moment là nous déciderons en coalition que ce n’est pas un facteur d’escalade. Mais si on additionne les choses, c’est-à-dire que vous avez autorisé à utiliser les armes françaises.
Mais en plus vous rajoutez cette possible formation sur le terrain. Plusieurs alliés sont en train de le considérer donc ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit et je n’ai pas dit. Aujourd’hui vous avez des formateurs sur le terrain français ni nous allons le faire non ni nous n’allons le faire demain ce que je vous dis. C’est que pourquoi l’exclurions nous parce que ça n’est pas ça reste dans notre axe. C’est-à-dire on protège et je vous invite à regarder ce qui s’est passé durant les deux années un peu plus qui viennent de s’écouler.
Eviter l’escalade, mais aider l’Ukraine
C’est toujours la même chose nous sommes aux côtés des ukrainiens pour qu’ils se défendent et ne ne voulons pas d’escalade. Donc on a depuis le début donné des armes qui permettaient d’atteindre durant des mois les russes. C’est à ce moment là que vous avez vu les britanniques les américains les français envoyer des missiles qui permettaient d’atteindre ces points qui avaient une plus longue portée. Certains autres n’ont pas fait ce choix.
On n’a pas pu pour des raisons politiques, on l’a fait maintenant les russes font autre chose en particulier sur la partie nord du front. Depuis belgorod et d’autres points ils attaquent depuis le sol russe. Si on dit aux ukrainiens vous ne pouvez pas neutraliser ces capacités russes, à ce moment là on leur dit vous ne pouvez plus vous défendre. Parce que ça veut dire que tous les jours ils peuvent supporter une pluie de missiles et de bombes qui tue qui détruit. Et donc on dit on ne vous permet pas d’utiliser nos armes pour attaquer des civils, pour toucher tel ou tel point en Russie, mais pour neutraliser les points depuis lesquels vous êtes attaqués.”
Imposer une limite
Mais avec une limite, le président Biden, aujourd’hui même, dans une interview, dit pas à 300 km à l’intérieur du territoire russe. Vous-même, vous avez fixé une limite de 50 km ?
“Mais en vrai, la limite, elle est fixée par ce que font les Russes. Nous n’avons jamais été dans l’escalade. On a eu une approche qui est une approche logique et pragmatique. À chaque fois, c’est de permettre à l’Ukraine de se défendre avec le critère suivant. Si on ne leur permet pas de se défendre, le risque, c’est que l’Ukraine tombe. C’est que le droit international soit détruit et que cette guerre revienne nous impacter à tous. Mais donc, ce qu’on fait, c’est permettre aux Ukrainiens de se défendre. Et donc, moi, je n’ai pas de limite en tant que telle. Mais si vous me dites, est-ce que les Ukrainiens demain doivent aller attaquer Moscou ou Saint-Pétersbourg ? Non, ce n’est pas notre demande.”
C’est 50 km?
“Mais ce n’est pas une question de distance. Si vous voulez, je n’ai pas un critère de distance comme ça. C’est une question de moyens et de proportionnalité. Ils ne doivent pas attaquer la Russie. Ce n’est pas l’objectif. La guerre doit rester en Ukraine et permettre de protéger le peuple ukrainien. C’est comme ça que nous l’avons fait. C’est comme ça que nous avons décidé ensemble. Vous voyez bien qu’il y a quelques mois, cette question ne se posait pas. On faisait la guerre en Ukraine. Les Russes ont attaqué une infrastructure civile, que ce soit en Odessa, en Lviv ou ailleurs. Aujourd’hui, ils attaquent de plus en plus depuis leur sol, y compris le Bélarus.
À partir de là, il faut neutraliser. La bonne réponse, c’est d’abord de la défense anti-missiles. C’est ça que nous devons continuer de livrer. Mais de temps en temps, c’est aussi neutraliser depuis la zone où ils attaquent.
Les objectifs d’Emmanuel Macron
Très vite, monsieur le Président, si vous avez deux objectifs, quand même, là, très rapidement, c’est stopper l’offensive russe ou faire la reconquête de territoire ?
“C’est la reconquête du territoire. Moi, je soutiens le plan de paix du président Zelensky, c’est-à-dire une paix durable, qui est la paix du droit. Il ne peut pas y avoir de paix durable s’il n’y a pas de reconquête du territoire ukrainien. En revanche, je dis depuis le début, et il l’a dit lui-même, ce qu’il est prêt à discuter, c’est une solution diplomatique qui peut être réaliste à partir du moment où c’est l’Ukraine qui choisit. Donc c’est le retour à l’intégrité territoriale et c’est sur cette base que nous travaillons.”
Il y a déjà eu des négociations sur ce point-là.
“Bien sûr, et depuis le début, c’est ça que je dis. Et c’est pour ça que nous avons soutenu l’Ukraine dans ses offensives et dans ses contre-offensives.”
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