La Chine face au risque de « japonisation » économique

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L’économie chinoise montre plusieurs similitudes avec celle du Japon dans les années 1990, soulevant des interrogations sur un risque de « japonisation ». Ce terme décrit une phase de croissance économique faible, accompagnée d’une faible inflation et de taux d’intérêt proches de zéro, comme ce fut le cas au Japon pendant sa « décennie perdue ».

Japonisation : des signes similaires aux faiblesses économiques japonaises

Dans les années 1990, le Japon a traversé une crise majeure, caractérisée par l’éclatement de bulles spéculatives dans l’immobilier et la bourse, un endettement privé élevé et une démographie en déclin. Aujourd’hui, la Chine connaît des difficultés similaires : une bulle immobilière, une inflation faible, une population vieillissante et un endettement élevé. Après une période de croissance rapide, le FMI anticipe un ralentissement pour la Chine, avec une croissance moyenne projetée de 4 % entre 2024 et 2029​(2024-17-352).

Comparaison avec la décennie perdue japonaise

Le modèle économique japonais des années 1990

Le Japon, dans les années 1990, a connu un ralentissement marqué par une faible inflation, une stagnation de la consommation et des investissements privés faibles. Les entreprises japonaises, subventionnées malgré leur faible rentabilité, ont bloqué la restructuration économique nécessaire, contribuant à la faible croissance.

Similitudes avec la Chine en 2024

L’économie chinoise repose également sur un modèle d’exportation et d’investissement, mais montre des signes d’essoufflement. L’immobilier, qui représente une part importante du PIB, est en crise, et l’inflation stagne à des niveaux bas depuis plusieurs années. De plus, l’endettement des entreprises chinoises et des ménages augmente, tandis que la croissance ralentit progressivement.

Les leviers de croissance disponibles pour la Chine

L’économie chinoise, bien que confrontée à des défis similaires à ceux du Japon, possède quelques atouts spécifiques. Contrairement au Japon, la Chine peut encore tirer parti de l’urbanisation, qui pourrait stimuler la consommation intérieure. La politique de soutien à l’exportation et une devise stable soutiennent également sa compétitivité mondiale, favorisant les exportations dans des secteurs tels que la technologie et les véhicules électriques.

Limiter le risque de stagnation avec une croissance de qualité

Pour éviter une stagnation prolongée, les experts recommandent à la Chine de renforcer sa croissance intérieure, notamment en stimulant la consommation des ménages. Comme le souligne Bruno Boggiani, CEO de Strateggyz et Green Finance : « Les bonnes pratiques et méthodologies de la finance verte sont essentielles pour soutenir une croissance durable. » Cela signifie que la Chine pourrait atténuer les risques en promouvant des investissements de qualité, en restructurant son secteur immobilier et en diversifiant sa croissance avec une meilleure allocation du capital.

Les défis persistants pour une croissance soutenue

La transformation vers un modèle de croissance durable en Chine pourrait se heurter à des obstacles, entraînant une japonisation progressive de son économie. Les autorités chinoises continuent de privilégier les investissements publics et les politiques industrielles, soutenant certains secteurs au détriment d’une réallocation efficace des ressources. Les entreprises publiques, qui dominent plusieurs secteurs, bénéficient encore de garanties implicites, limitant ainsi la croissance des entreprises privées et freinant potentiellement la productivité économique globale.

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