L’Alliance Bancaire Net-Zero Face à la Pression Politique

Alliance Bancaire Net-Zero

La lutte contre le changement climatique repose de plus en plus sur la capacité des banques à mesurer et gérer les risques liés au climat. Pourtant, en 2025, l’Alliance Bancaire Net-Zero (Net-Zero Banking Alliance, NZBA) a été confrontée à un défi majeur : la pression politique et géopolitique a entraîné le retrait de plusieurs institutions financières de premier plan, affaiblissant les engagements mondiaux pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cet article explore les répercussions de ces départs, l’évolution des stratégies des banques face aux risques climatiques et les implications pour l’avenir de la finance durable.

Une Alliance Bancaire en Mutation sous Pression Politique

Fondée en avril 2021 sous l’égide des Nations Unies, la NZBA visait à rassembler les banques volontaires pour aligner leurs activités financières sur l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Cependant, l’année 2025 a été marquée par un contexte politique instable, notamment aux États-Unis, avec un retrait de l’administration américaine de l’Accord de Paris et un gel des investissements dans les énergies renouvelables.

Ces changements ont provoqué le départ de grandes banques américaines telles que J.P. Morgan, Bank of America, Citigroup, Wells Fargo et Goldman Sachs, suivies par des institutions canadiennes et japonaises. Même certaines banques européennes, dont HSBC, Barclays et UBS, ont quitté l’alliance, bien que les banques de l’Union européenne restent globalement engagées, sous l’impulsion de la législation européenne et du contrôle strict de la Banque centrale européenne (BCE).

Le retrait de ces banques a conduit la NZBA à réévaluer ses objectifs, abandonnant en avril 2025 son engagement strict de limiter le réchauffement à 1,5°C, tout en maintenant une ambition de rester en dessous de 2°C. Cette évolution souligne la fragilité des initiatives climatiques mondiales face aux pressions politiques et géopolitiques.

Les Risques Climatiques au Cœur des Stratégies Bancaires

Même si certaines banques se sont retirées de la NZBA, la conscience des risques climatiques a progressé. Les banques européennes, sous la supervision de la BCE, intègrent désormais les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs modèles de risque et dans les tests de résistance. Plus de 90 % des banques de l’UE considèrent aujourd’hui que leur exposition aux risques climatiques est significative, contre seulement la moitié en 2021.

Les risques physiques liés au changement climatique, comme la fréquence et l’intensité accrues des catastrophes naturelles, représentent un défi croissant pour les institutions financières. Si certaines banques ont intégré ces risques dans leurs portefeuilles de crédit, d’autres rencontrent encore des difficultés dans leur quantification précise, notamment pour les hypothèques et les expositions sectorielles sensibles aux conditions climatiques.

L’Impact sur la Transition Énergétique et la Finance Durable

Le départ des banques de la NZBA risque de ralentir la transition énergétique mondiale. Une alliance moins centrée sur l’adhésion formelle des membres peut réduire la pression collective pour des actions concrètes, même si la NZBA continue de promouvoir le partage de bonnes pratiques et de ressources.

La transition vers une économie bas carbone exige des investissements massifs dans les infrastructures, les énergies renouvelables et les technologies vertes. Certains pays, comme les Pays-Bas, ont montré l’exemple en intégrant le climat dans leurs politiques publiques et leur urbanisme, tandis que d’autres peinent encore à agir, souvent pour des raisons politiques ou économiques.

Par ailleurs, la diminution actuelle des risques liés à la transition énergétique pourrait être temporaire. Une reprise de l’intensité de ces risques rendra les efforts plus coûteux à l’avenir et augmentera la complexité de la gestion juridique et réglementaire.

Perspectives et Enjeux pour le Secteur Bancaire

Malgré ces défis, la sensibilisation aux risques climatiques continue de croître. La capacité des banques à quantifier ces risques et à adapter leurs stratégies de crédit et de financement sera essentielle pour limiter les conséquences économiques des changements climatiques.

À l’échelle mondiale, le scénario le plus probable reste celui d’un réchauffement compris entre 2,5°C et 3°C d’ici la fin du siècle, dépassant largement l’objectif de l’Accord de Paris. Cela implique que la vigilance des banques et la rigueur de la réglementation demeurent cruciales pour accompagner une transition énergétique efficace et limiter les impacts physiques et financiers du réchauffement.

En résumé, les départs successifs de grandes banques de la NZBA illustrent combien les engagements volontaires peuvent être fragiles face aux pressions politiques et économiques. Pourtant, le renforcement des capacités internes des banques à évaluer et gérer les risques climatiques demeure un levier clé pour sécuriser l’avenir de la finance durable et soutenir la transition vers une économie bas carbone.

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