Marchés obligataires : trois signaux à surveiller dans un contexte d’optimisme prudent

Marchés obligataires

Marchés obligataires : après un été marqué par la vigueur des actifs risqués et des marchés financiers à des sommets historiques, l’automne s’ouvre avec son lot d’incertitudes. Les investisseurs profitent d’un environnement porté par la résilience économique américaine, l’appétit pour le crédit et la solidité des géants technologiques. Mais derrière cet apparent équilibre, plusieurs points de vigilance émergent. L’analyse de Johann Plé, Senior Portfolio Manager chez AXA IM – désormais intégré au groupe BNP Paribas, met en avant trois facteurs clés qui devraient retenir l’attention des investisseurs obligataires.

Le dilemme persistant entre inflation et croissance dans les marchés obligataires

La question du rapport entre inflation et croissance reste centrale pour les marchés. Si la plupart des droits de douane américains sont désormais connus, leur effet réel sur l’économie mondiale reste encore flou. Aux États-Unis, l’activité a jusqu’ici fait preuve de résilience, malgré un ralentissement des créations d’emplois. En parallèle, la hausse anticipée de l’inflation se fait attendre.

Cette combinaison entretient la crainte d’un scénario de stagflation qui placerait la Réserve fédérale américaine dans une posture complexe. Alors que les marchés parient désormais sur trois baisses de taux d’ici la fin de l’année, il est peu probable que la Fed aille plus loin sans une dégradation nette de la croissance.

En Europe, la situation diffère : l’inflation a cessé d’être la principale préoccupation, mais la croissance reste fragile. La Banque centrale européenne maintient pour l’instant le statu quo, tout en laissant entendre qu’elle pourrait réagir rapidement si la conjoncture venait à se détériorer.

Des équilibres budgétaires fragilisés par l’ampleur de la dette

La question budgétaire s’impose comme un autre facteur de tension. La hausse des rendements obligataires à long terme, observée au Royaume-Uni ou au Japon, illustre à quel point les marchés demeurent sensibles aux dynamiques fiscales.

En Europe, l’Allemagne a déclenché une onde de choc en annonçant un plan budgétaire de 500 milliards d’euros, entraînant une forte hausse des taux souverains. D’autres pays européens devraient suivre cette tendance, notamment en raison de l’augmentation généralisée des dépenses militaires.

Aux États-Unis, le président a promulgué une loi ambitieuse impliquant des besoins de financement colossaux. Le marché obligataire devra absorber cette offre massive. La capacité de la demande à suivre sera décisive : une couverture insuffisante des émissions pourrait alimenter de nouvelles tensions sur les taux longs. Déjà, la pentification des courbes de taux (10-30 ans) montre que les investisseurs intègrent ce risque.

Les « inconnues connues » : ces risques négligés qui peuvent surprendre

L’appétit pour le risque observé cet été reflète un scénario idéal dans lequel tout se passerait bien. Pourtant, certains facteurs « connus mais négligés » pourraient faire dérailler cet équilibre fragile.

Parmi eux, l’imprévisibilité politique aux États-Unis reste une source d’instabilité permanente. Les tensions géopolitiques, structurellement élevées, pourraient également raviver la volatilité. En Europe, la situation politique française demeure délicate : le nouveau gouvernement devra présenter un budget crédible sous peine de dégradation de la note souveraine.

Ces risques n’inquiètent pas encore les marchés, mais dans un environnement où les actifs risqués évoluent à des niveaux record, une simple étincelle pourrait suffire à déclencher une correction.

Un environnement propice à la diversification obligataire

Malgré les incertitudes, les valorisations actuelles du marché obligataire européen apparaissent attractives, notamment dans un contexte de croissance modérée et d’inflation contenue. Pour les investisseurs, une approche diversifiée combinant risque de taux et risque de crédit semble constituer une stratégie pertinente. La volatilité, loin d’être un obstacle, peut devenir une source d’opportunités pour ceux qui sauront ajuster leurs allocations avec discernement.

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