Août 2020 : la reprise suit sont cours !

Comme chaque trimestre, les experts de Swiss Life Asset Managers nous présentent les perspectives économiques et financières à fin août 2020. A retenir : la reprise suit son cours, avec des dynamiques à court terme plus puissantes en Europe qu’aux Etats-Unis.

Perspectives économiques et financières aux Etats-Unis : freinage au troisième trimestre

Entre maîtrise de la pandémie et réduction du coût économique, la plupart des Etats américains ont visiblement choisi la deuxième option. La fermeture des bars constitue la plus stricte des mesures prises au Texas et en Floride, les autres Etats se contentant de suspendre (mais pas d’abandonner) leurs plans de réouverture de l’économie. La Californie fait exception, la majorité de ses comtés imposant de nombreuses restrictions aux activités en intérieur dès mi-juillet, un confinement partiel significatif sachant que la Californie produit 15% du PIB américain. Mais même dans les Etats les plus réticents, les statistiques de déplacements de Google et la stabilisation des nouveaux cas quotidiens montrent que les Américains prennent volontairement leurs distances, ce qui touchera l’activité économique de juillet et pèsera sur la reprise de ce trimestre après la spectaculaire amélioration du deuxième trimestre qui avait conduit au nouveau record de l’indice Citi. Si nous pensons toujours que la résistance du pays à la récession et sa croissance en 2020 dépasseront les attentes du consensus, les dynamiques économiques vont sans doute migrer vers l’Europe, au potentiel de reprise indéniablement supérieur, comme l’ont montré les indices des directeurs d’achats de juillet, meilleurs dans la zone euro et au Royaume-Uni qu’aux Etats-Unis, tant dans l’industrie que dans les services.

Perspectives économiques et financières de la Zone euro : combler l’écart (de crédit)

Au plus fort de la pandémie en Italie début mars, la présidente de la BCE avait déclaré, dans son discours appelant les gouvernements à intervenir pour modérer l’impact économique du COVID-19, que le rôle de la banque centrale européenne n’était « pas de combler les écarts » entre le coût du crédit des différents Etats membres. Quatre mois plus tard, les dirigeants de l’UE faisaient faire au plan de relance un bond de géant en s’accordant sur la toute première émission de dette communautaire, à hauteur de centaines de milliards d’euros. L’écart entre l’emprunt d’Etat italien à 10 ans et le Bund allemand s’est logiquement resserré, de 279 points de base en mars à 146 fin juillet. Nous pensions bien que les mesures de relance monétaire et budgétaire seraient radicales et n’avons donc pas modifié nos prévisions de croissance à court terme. Ce pas vers (ce qui ressemble à) une union budgétaire réduit d’ailleurs les risques d’éclatement de la zone euro à long terme. En outre, les indices des directeurs d’achats préliminaires de juillet dénotaient une accélération dans l’industrie manufacturière et les services. La poursuite de cette tendance dépendra de la maîtrise de l’épidémie. D’après l’indice de rigueur des mesures de confinement de l’université d’Oxford, au moins cinq Etats de l’UEM (dont l’Italie et l’Espagne) auraient dû reprendre des mesures restrictives récemment.

Allemagne : jusqu’ici, tout va bien !

A l’heure où nous écrivons, une seule circonscription affichait un taux d’infection au COVID-19 supérieur au seuil allemand de déclenchement des mesures de reconfinement (50 pour 100 000 habitants sur sept jours). Les nouveaux cas hebdomadaires à fin juillet étaient toutefois plus élevés qu’au début du mois dans 11 Länder sur 16, surtout à Hambourg et à Brême. Le risque d’une deuxième vague et de nouvelles perturbations économiques est bien présent mais, pour le moment, l’activité suit son cours. En mai, les ventes de détail ont étonnamment rebondi de 14% et la confiance des ménages ne cesse de s’améliorer depuis. De même, l’indice des directeurs d’achats (PMI) des services de juillet a dépassé les attentes à 56,7 points, avec une amélioration particulièrement sensible de sa composante « emploi ». L’enquête Ifo de juillet montre que le tertiaire serait entré dans la phase de reprise du cycle théorisé par l’institut à présent que l’évaluation de la situation actuelle et les perspectives d’activité sont toutes deux dans le vert, une première depuis décembre 2019. Les prévisions d’activité dans l’industrie manufacturière ont encore progressé et l’indice PMI a dépassé les 50 points, grâce à l’indicateur prospectif des nouvelles commandes, mais reste en deçà des autres pays. La composante de l’emploi manufacturier s’est dégradée, soulignant les difficultés qui persistent dans certains secteurs. La reprise est globalement visible mais seuls les chiffres du PIB du deuxième trimestre, le 30 juillet, révéleront l’ampleur du choc initial.

France : mieux vaut tard que jamais

Alors qu’elle hésitait précédemment à rouvrir son économie, la France fait aujourd’hui partie des pays appliquant les mesures les moins restrictives selon l’indice de rigueur des mesures de confinement d’Oxford. Le nombre de cas positifs par habitant, le taux de résultats positifs des tests, le taux de reproduction du virus et le nombre d’hospitalisations ramené aux lits disponibles permettaient de classer tous les départements dans le
vert à l’heure où nous écrivions ces lignes. La situation se reflète dans l’indice Google des déplacements à des fins d’achats et de divertissement, qui a rattrapé en juillet celui de l’Allemagne, précédemment en tête. Profitant de la réouverture, les services ont vu leur indice des directeurs d’achats (PMI) fortement augmenter en juillet, à 57,8, tiré par les Nouvelles affaires. L’indice PMI manufacturier, qui dépassait les 50 points pour le deuxième mois d’affilée, a déçu le consensus avec des composantes « Nouvelles commandes » et « Production future » en repli. L’institut français INSEE montre que la demande a pu être comblée à ce jour par l’écoulement des stocks, surtout dans l’automobile. La France profite globalement d’une reprise solide, alimentée de l’intérieur, avec une consommation des ménages quasiment de retour aux niveaux d’avant la crise. Le décrochement de l’activité d’avril tel que publié par l’INSEE s’est toutefois révélé plus prononcé que ce que nous attendions, d’où la légère révision en baisse de notre estimation de PIB 2020. Les chiffres de la croissance du deuxième trimestre sont attendus le 31 juillet.

Pour prendre connaissance des perspectives économiques et financières dans leur intégralité pays par pays, consulter l’article en ligne ici.