Une nouvelle étude d’I4CE passe en revue 11 « chantiers » de l’adaptation, du renforcement de la sécurité civile à la recomposition des territoires littoraux en passant par la résilience des infrastructures de transport. Il faut se donner les moyens de s’adapter aux conséquences du changement climatique en France
Changement climatique en France : de combien parle-t-on ?
Mieux se préparer aux conséquences du changement climatique implique de plus anticiper et d’adopter une posture proactive sur une pluralité de chantiers : renforcer les infrastructures de transport ou d’énergie pour en assurer la résilience dans un contexte de plus grande variabilité climatique, tenir compte dès maintenant des enjeux de confort d’été dans la conception et la rénovation des bâtiments, transformer les systèmes agricoles pour faire face à des sécheresses plus fréquentes, accompagner la reconversion des stations de ski ou encore recomposer les littoraux pour vivre avec la hausse du niveau de la mer.
Chacun de ces chantiers nécessitera des ressources, financières et humaines, pour mettre en œuvre des politiques d’adaptation. Des actions ont déjà été lancées par l’État, les collectivités et d’autres acteurs y compris privés, mais celles-ci ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux et de nombreux angles morts subsistent.
Quelles que soient les réponses à mettre en œuvre et les domaines d’action, le niveau d’ambition en matière d’adaptation, le partage des coûts, le rythme de déploiement et la forme des trajectoires d’adaptation devront faire l’objet de discussions et de choix politiques. Tant que ces discussions n’auront pas eues lieu et que les choix, sujet par sujet, n’auront pas été faits, il ne sera pas possible d’évaluer précisément les besoins en moyens à engager pour l’adaptation. Il est néanmoins possible de chiffrer le coût d’un certain nombre de mesures, incontournables, mûres et « sans regret » à déployer dès maintenant.
Cette étude présente ainsi deux types d’éléments complémentaires :
- Une sélection de décisions budgétaires nationales qui pourraient être inscrites dès le prochain projet de loi de finances (PLF) en complément de ce qui existe déjà, des éléments de coûts pour nourrir les discussions qui doivent encore être ouvertes
Un premier ensemble de 18 décisions budgétaires nationales – représentant un montant cumulé additionnel d’au moins 2,3 Mds€/an – peuvent être prises dès à présent pour préparer, renforcer ou opérationnaliser des actions d’adaptation déjà prêtes.
En matière d’adaptation, c’est le plus souvent dans la combinaison d’actions complémentaires que les réponses peuvent être trouvées. Ces 18 propositions ont vocation à faire partie d’un ensemble cohérent de mesures constitutives d’une réelle politique d’adaptation. L’enjeu est donc bien qu’il y ait des moyens alloués à des actions de natures diverses fonctionnant ensemble et non de concentrer les moyens sur quelques annonces phares :
- Financer des postes d’animation et pilotage de la politique d’adaptation.
- Pérenniser et revoir à la hausse les moyens des politiques qui contribuent déjà à adaptation.
- Engager des enveloppes dédiées pour le financement de premières initiatives sans regrets déjà mûres.
Ces mesures sont de premières briques qui doivent permettre de répondre aux risques déjà constatés, mais aussi de s’assurer que les décisions qui vont être prises ensuite intégreront bien l’adaptation et que l’on commence déjà à préparer des transformations plus profondes, éventuellement nécessaires :
- Répondre aux urgences d’adaptation déjà constatées pour faire en sorte de ne plus subir chaque impact du changement climatique et avoir la capacité d’anticiper les évolutions.
- S’assurer que les décisions d’investissement public prises à partir de maintenant tiennent bien compte du contexte d’évolution du climat.
- Préparer des transformations plus structurelles.
D’autres besoins dont le coût – potentiellement bien plus important – dépendra de choix politiques issus de débats à ouvrir rapidement
Les coûts de l’adaptation ne se limiteront pas aux coûts de ces 18 mesures. Mais les sommes totales à engager dépendent de choix politiques et donc de débats démocratiques encore à venir.
Les enjeux renvoient en effet à des questions aussi fondamentales que le niveau de risque que l’on est collectivement prêt à accepter lorsqu’un nouvel aménagement est décidé ; sur les activités ou les territoires que l’on souhaite protéger et ceux que l’on accepte de voir se transformer, sur les modèles agricoles ou touristiques que l’on souhaite privilégier ou encore sur le niveau de solidarité entre territoires plus ou moins exposés.
Avancer dans la construction et l’évolution d’un consensus social est un préalable nécessaire pour construire la politique d’adaptation, et donc également pour évaluer les besoins d’investissement associés. À ce stade, il est surtout possible de poser des jalons permettant de mieux saisir les types de besoins associés à différentes alternatives.
Chacun de ces choix s’accompagne de besoins spécifiques qui peuvent renchérir le coût d’atteinte d’autres objectifs de politiques publiques. Mais ils seront aussi la garantie que ces objectifs pourront être durablement atteints malgré les impacts du changement climatique. Les coûts de l’adaptation ne sont alors ni plus ni moins que les coûts de politiques de transition, de mobilité, de santé, d’aménagement ou encore de développement touristique adaptées et résilientes
*Ces 18 mesures sont des propositions appelant à des débats budgétaires. Elles ont été construites et chiffrées sur la base des manques exprimés par les acteurs concernés. Ces chiffres, en particulier ceux portant sur les enjeux insuffisamment discutés pour le moment, seront affinés dans les prochains mois par des concertations chantier par chantier. Les ordres de grandeur donnés sont néanmoins suffisamment solides pour ne pas retarder leur inscription dans les budgets publics. Toutes les hypothèses utilisées pour aboutir à ces chiffres sont consultables dans le tableur annexé à la publication.
Voici l’intégralité de cette étude ci-dessous :