
La Commission européenne a récemment confirmé un relèvement des seuils d’application de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et un ajustement du périmètre de la CSDDD (Corporate Sustainability Due Diligence Directive). Derrière cette apparente simplification se cache une question cruciale : comment concilier allègement administratif et ambition climatique ?
Quelles conséquences pour la transformation durable des entreprises ?
En pratique, ces révisions signifient que moins d’entreprises seront directement concernées par des obligations de reporting extra-financier ou de vigilance sur leurs chaînes de valeur.
- Les PME de taille intermédiaire, qui étaient initialement dans le champ, pourraient bénéficier d’un sursis.
- Les grands groupes restent en première ligne, mais avec un allègement de certaines obligations de reporting.
Pour les entreprises non couvertes, le risque est de ralentir leur trajectoire de transformation, faute d’obligations claires.
Pour les groupes couverts, la mise en conformité reste un chantier colossal, mais le champ de la transparence pourrait être perçu comme moins universel.
Une perte de leadership européen en finance durable ?
L’Europe avait jusqu’ici une longueur d’avance : taxonomie verte, SFDR, CSRD… un arsenal unique au monde.
En relevant les seuils, l’UE envoie un signal paradoxal : celui d’un recul face aux pressions économiques et politiques.
- Les États-Unis avancent par la voie des investisseurs et de la SEC,
- L’Asie structure ses propres cadres,
- L’Europe, elle, apparaît hésitante.
Ce n’est pas une perte de leadership irréversible, mais le risque est bien réel : l’Europe pourrait passer de précurseur ambitieux à régulateur pragmatique, moins exigeant.
Allègement réglementaire vs objectifs climatiques
Simplifier n’est pas en soi négatif : beaucoup d’entreprises craignaient une complexité excessive et coûteuse.
Mais comment éviter que l’allègement ne devienne synonyme de laxisme ?
Trois pistes :
- Cibler les priorités climatiques : focaliser les obligations sur les secteurs les plus émetteurs (énergie, transport, bâtiment).
- Renforcer les standards volontaires : permettre aux entreprises non couvertes d’utiliser les cadres existants (GRI, ISSB, TCFD) pour s’auto-réguler.
- Harmoniser les outils digitaux : automatiser la collecte et la consolidation des données pour réduire le coût du reporting sans baisser l’ambition.
Quelles marges de manœuvre pour aller plus loin ?
Le fait d’être “hors radar” réglementaire ne doit pas être perçu comme une excuse pour faire le minimum.
- Les entreprises peuvent transformer cette situation en avantage compétitif :
- Anticiper les exigences futures,
- Sécuriser l’accès aux financements verts,
- Répondre aux attentes des investisseurs et des consommateurs.
- Les pionniers qui iront au-delà du minimum réglementaire renforceront leur crédibilité et attireront capitaux, talents et clients.
dans un contexte où la réglementation recule légèrement, le marché, lui, continuera d’exiger toujours plus de transparence et d’engagement.
La révision de la CSRD et de la CSDDD ne signe pas la fin de la finance durable européenne, mais marque un tournant.
Moins d’obligations légales pour certains, mais une responsabilité accrue pour les acteurs qui veulent rester crédibles et compétitifs.
L’Europe ne perdra son leadership que si les entreprises se contentent du minimum.
Au contraire, celles qui choisiront d’aller plus loin : par conviction ou par stratégie seront les véritables gagnantes de cette transition.
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