
Face aux difficultés de financement des PME de la défense, la dette privée se présente comme une solution flexible, rapide et non dilutive. Elle répond mieux que les aides publiques ou le private equity aux besoins spécifiques de ces entreprises, cruciales pour la souveraineté industrielle européenne.
Une équation stratégique à résoudre : financer la relance industrielle de la défense
Face aux tensions géopolitiques croissantes en Ukraine et au Proche-Orient, la question du réarmement européen n’a jamais été aussi pressante. Depuis 2022, les dirigeants européens multiplient les annonces pour soutenir une montée en puissance industrielle dans le secteur de la défense.
En 2024, le rapport Draghi proposait la création d’un fonds de 100 milliards d’euros. Début 2025, Ursula von der Leyen a présenté le plan Rearm Europe, visant à mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros. Objectif : renforcer l’autonomie stratégique de l’Union, quelques heures après l’annonce du retrait de l’aide militaire américaine à l’Ukraine.
Pourtant, malgré ce contexte d’urgence, un maillon essentiel de la chaîne industrielle peine à accéder aux financements : les PME et ETI de la Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD).
Pourquoi les PME peinent-elles à se financer ?
Les dispositifs publics, bien qu’existants, demeurent souvent inadaptés à la taille et aux capacités administratives des petites structures. Complexité réglementaire, manque d’ingénierie financière, délais d’instruction : autant de freins qui découragent les porteurs de projets. De plus, les autorités tendent à privilégier les grands groupes pour l’attribution des subventions, estimant leur gestion plus sécurisée.
Les marchés obligataires offrent une autre piste, mais restent inaccessibles aux plus petites entreprises en raison des montants minimum requis. Thales, Leonardo ou Airbus ont ainsi levé plusieurs centaines de millions d’euros ces dernières années, un volume hors de portée pour une PME.
Du côté des banques, la frilosité s’installe. Le secteur de la défense, perçu comme risqué, peine à séduire les établissements financiers. Les projets demandent des investissements lourds, avec peu de visibilité à court terme. Les flux de trésorerie sont irréguliers, parfois dépendants de décisions politiques.
Enfin, la défense reste associée, à tort, à une image incompatible avec les critères ESG. Malgré les avancées du secteur en matière de responsabilité, cette perception persiste et limite l’accès aux financements « verts ».
Le private equity : un modèle souvent mal adapté
Si le capital-investissement peut parfois soutenir la croissance des entreprises industrielles, il soulève dans ce secteur des limites importantes.
L’entrée au capital d’acteurs externes peut fragiliser la gouvernance et diluer le pouvoir décisionnel. Dans un secteur aussi stratégique que la défense, cette perte de contrôle peut ralentir l’agilité ou orienter les choix vers des logiques financières plutôt qu’opérationnelles.
De plus, les investisseurs en private equity peinent à anticiper les cycles d’investissement et les besoins spécifiques de ce secteur. Leur stratégie repose souvent sur une vision court ou moyen terme, alors que la défense s’inscrit dans des horizons plus longs, étroitement liés aux décisions étatiques.
La dette privée : une alternative souple et stratégique
Dans ce contexte, la dette privée émerge comme une solution de financement particulièrement adaptée. Ce mode de financement offre plusieurs avantages décisifs pour les PME et ETI de la défense :
- Rapidité d’exécution : les fonds peuvent être mobilisés plus vite qu’avec des aides publiques ou des émissions obligataires.
- Flexibilité des conditions : les termes du contrat s’ajustent aux réalités de l’entreprise et à son cycle de croissance.
- Non-dilution du capital : l’entreprise conserve son autonomie stratégique, un atout majeur dans un environnement sensible.
- Accompagnement ciblé : les acteurs spécialisés de la dette privée apportent leur expertise sectorielle et financière, tout en assurant un suivi personnalisé.
Cette solution permet ainsi de financer efficacement des besoins comme la relocalisation, l’extension des capacités de production ou la modernisation industrielle.
Un levier au service de la souveraineté européenne
En renforçant leur structuration financière grâce à la dette privée, les PME et ETI de la défense peuvent accélérer leur croissance tout en contribuant activement à l’effort collectif de sécurité.
Ces entreprises, souvent invisibles mais indispensables, constituent la colonne vertébrale de la supply chain de la défense. Les aider à se développer, c’est renforcer la souveraineté industrielle et la capacité de réaction de l’Union européenne face aux crises.
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