Donald Trump suspend le financement américain de l’OMS

Le 7 avril, Donald Trump avait menacé de suspendre le financement américain de l’OMS, martelant notamment : «Ils ont critiqué la fermeture des frontières [aux personnes venues de Chine] quand je l’ai annoncée, et ils ont eu tort. Ils ont eu tort sur beaucoup de choses». Et de faire valoir, déjà, un tropisme pro-Pékin : «Etrangement, ils sont largement financés par les Etats-Unis et pourtant très centrés sur la Chine.»

Le secrétaire général de l’ONU a aussitôt marqué sa réprobation, en assurant que ce n’était «pas le moment de réduire le financement des opérations» de l’OMS, qui selon lui «doit être soutenue car elle est absolument essentielle aux efforts du monde pour gagner la guerre contre le Covid-19».

Il sera toujours temps d’étudier par la suite «comment ont réagi tous ceux qui ont été impliqués dans la crise», a estimé Antonio Guterres dans un communiqué. Le 8 avril, le chef de l’ONU avait déjà réagi aux critiques américaines à l’égard de l’OMS, en affirmant que cette organisation, avec ses milliers de personnels, était à l’avant-poste de la lutte contre la pandémie, en soutenant les Etats membres de l’ONU comme leurs sociétés avec des directives, de la formation ou de l’équipement.

Dans sa critique de la décision américaine, Antonio Guterres a néanmoins reconnu que «les mêmes faits [pouvaient] être interprétés différemment par différentes entités». Quatre mois après l’apparition du virus en Chine, la pandémie a infecté quelque deux millions de personnes. Elle a fait près de 125 000 morts officiellement dans le monde, et elle continue de tuer plusieurs milliers de personnes par jour et de s’étendre à des pays jusqu’ici peu touchés. La Chine, la Russie, l’UA ou encore l’UE désapprouvent cette décision Peu de temps après l’annonce de la décision américaine, les condamnation à travers le monde ne se sont pas faites attendre. «Cette décision va affaiblir les capacités de l’OMS et miner la coopération internationale contre l’épidémie», a estimé devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.

Ce dernier a exhorté les Etats-Unis à «assumer sérieusement leurs responsabilités et obligations, et à soutenir l’action internationale contre l’épidémie menée par l’OMS». C’est seulement en unissant les forces que nous pouvons surmonter cette crise qui n’a pas de frontières Du côté de l’Union européenne, le chef de la diplomatie de l’organisation Josep Borrell a lui aussi dit regretter «profondément» cette décision prise selon lui sans «aucune raison». «C’est seulement en unissant les forces que nous pouvons surmonter cette crise qui n’a pas de frontières», a-t-il ajouté.

Même son de cloche du côté de Berlin : «Un des meilleurs investissements est de renforcer les Nations unies, en particulier l’OMS, qui est sous-financée, par exemple pour le développement et la distribution de tests et de vaccins», a estimé sur Twitter le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. Côté français, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a déclaré : «C’est une décision que nous regrettons», ajoutant que Paris espérait «un retour à la normale» pour que l’OMS puisse poursuivre son travail. «La décision du gouvernement américain de suspendre sa contribution financière à l’OMS est profondément regrettable», a estimé pour sa part le président de la Commission de l’Union africaine (UA) Moussa Faki Mahamat sur son compte twitter. Je mettrais en garde contre les tentatives de politisation du coronavirus, concernant non seulement le rôle de l’OMS mais aussi les accusations contre tel ou tel pays «Je mettrais en garde contre les tentatives de politisation du coronavirus, concernant non seulement le rôle de l’OMS mais aussi les accusations contre tel ou tel pays», a déclaré pour sa part le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse en ligne. «Je pense que quiconque prend connaissance de la chronologie des actions de l’OMS découvrira certainement que l’organisation a agi efficacement», a-t-il ajouté.

Donald Trump : «Aujourd’hui, j’ordonne la suspension du financement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pendant qu’une étude est menée pour examiner son rôle dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus», a déclaré le président américain Donald Trump, depuis les jardins de la Maison Blanche. Si l’OMS avait fait son travail et envoyé des experts médicaux en Chine pour étudier objectivement la situation sur le terrain, l’épidémie aurait pu être contenue Dans un long et violent réquisitoire, le chef d’Etat a dénoncé les «erreurs» de cette agence de l’ONU dans sa gestion de la pandémie de Covid-19, ainsi que son supposé parti-pris pro-Pékin : «Si l’OMS avait fait son travail et envoyé des experts médicaux en Chine pour étudier objectivement la situation sur le terrain, l’épidémie aurait pu être contenue à sa source avec très peu de morts», a-t-il fait valoir. «Le monde a reçu plein de fausses informations sur la transmission et la mortalité» du Covid-19, a-t-il également lancé. Soulignant que les Etats-Unis contribuaient à hauteur de 400 à 500 millions de dollars par an à l’organisation, contre environ 40 millions de dollars pour la Chine, Donald Trump a estimé que son pays avait le «devoir» de réclamer des comptes. De fait, Washington est le premier contributeur de cette agence sanitaire dont le siège est à Genève.

«Ce n’est pas le moment de la division», a réagi mercredi le directeur de l’OMS, le docteur éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, critiqué pour ses louanges appuyées à Pékin au début de la crise. «Car le virus exploitera nos failles.» La gestion de la crise par l’OMS sera examinée en «temps opportun», a-t-il promis.
Le président américain situe le financement américain entre 400 et 500 millions de dollars par année, alors que le budget annuel de l’OMS se monte à environ 2,5 milliards de dollars. En comparaison, la Chine verse 40 millions de dollars, «voire moins», selon Donald Trump. Le président a promis aux contribuables américains une enquête sur l’utilisation de leurs impôts mais aussi pour comprendre pourquoi l’organisation est, selon lui, inféodée à Pékin.