À l’approche des élections européennes, l’écologie se profile comme un sujet délicat et controversé, mettant en lumière les divergences de vision sur les politiques environnementales.
Le Pacte vert a joué un rôle central durant le mandat de la Commission von der Leyen. Cependant, les critiques s’intensifient avec l’arrivée des élections européennes, appelant à ralentir les réformes en faveur de la transition climatique. Ce débat devient un enjeu majeur des prochaines élections européennes en juin.
«Une vague verte déferle en Europe et l’écologie s’est imposée comme un élément structurant de la campagne.» En 2019, ces étaient les principaux commentaires politiques. Cependant, à mesure que les mesures du Pacte vert européen se concrétisent, l’électorat semble se crisper sur ce que certains dénoncent comme une « dictature verte » (AFP). Certains partis, particulièrement ceux situés à droite et au centre, hésitent à intégrer des sujets environnementaux dans leur programme électoral pour les prochaines élections. Certains responsables politiques estiment qu’une telle démarche pourrait être répulsive pour une partie de l’électorat, notamment rural. Par conséquent, ils préconisent une « pause réglementaire », s’inspirant de la suggestion d’Emmanuel Macron, voire envisagent de revenir sur certaines des mesures promises.
Taxe carbone aux frontières
Malgré les critiques croissantes visant à ralentir les réformes en faveur de la transition climatique, les eurodéputés et l’exécutif européen affichent un bilan positif du Pacte vert. Selon Pascal Canfin, président de la commission Environnement du Parlement européen, « 70 % des textes législatifs du Green Deal ont fait l’objet d’un trilogue conclusif. Il en reste 10 % qui doivent encore passer sous présidence belge ». Parmi les quelque 75 textes législatifs du Pacte vert, une trentaine sont adoptées. Incluant des mesures majeures telles que la fin de la mise sur le marché des voitures diesel et essence en 2035 et l’instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe.
Certains textes du Pacte vert restent délicats à adopter rapidement, car la présidence belge, entamée le 1er janvier, dispose seulement jusqu’au mois d’avril pour les faire adopter. Parmi les enjeux majeurs en attente, on compte la qualité de l’air, la mobilité durable et la santé des sols.
Pas de consensus établi
Certains textes ont été écartés en raison de l’absence de consensus. Tels que celui sur les produits chimiques dangereux, communément appelé « Reach ». Considéré pourtant comme l’un des piliers du Pacte vert, ou encore le texte sur les systèmes alimentaires durables. Le vote sur les pesticides en novembre dernier, marqué par un échec, témoigne de la polarisation actuelle au Parlement européen. Il est peu probable qu’un nouveau compromis soit trouvé d’ici à la fin de la présente mandature. Les dissensions sont particulièrement accentuées dans le domaine agricole. Le désaccord sur l’objectif du Green Deal, et non seulement sur les moyens, est profond. Les représentants du PPE soulignent notamment les risques pour les rendements engendrés par les mesures envisagées dans le volet agricole du Pacte vert, intitulé « De la ferme à la fourchette ». Les récentes manifestations d’agriculteurs à Berlin suscitent également des inquiétudes quant à la possibilité de brusquer excessivement le monde rural.
Le scrutin prévu en séance plénière en février sur les nouvelles techniques génomiques (NGT). Fortement approuvées par le monde agricole, mais suscitant moins d’enthousiasme parmi les mouvements écologistes. Il constituera un indicateur significatif du nouvel équilibre des forces à Strasbourg.
Émergence d’une nouvelle division politique
Cette division, centrée sur les questions agricoles et environnementales, rappelle la situation actuelle aux États-Unis. Où l’écologie est devenue un élément distinctif en politique. Certains redoutent que ce scepticisme climatique ne devienne une nouvelle fracture politique en Europe. Alimentant ainsi l’idée, qui gagne du terrain chez certains électeurs. Une idée que la crise climatique pourrait être exploitée par les gouvernements mondiaux pour restreindre les libertés individuelles.
Les responsables politiques évoquent de plus en plus la nécessité d’assouplir certaines mesures environnementales. Alexander De Croo, Premier ministre belge, a récemment plaidé pour une meilleure conciliation entre climat et économie. Ces signaux suscitent des inquiétudes chez les observateurs politiques. Une possible volonté croissante de certains pays de se soustraire unilatéralement aux objectifs climatiques établis en collaboration avec la Commission européenne. Bien que ce scénario ne soit pas encore réalité, la décision très attendue de la Commission européenne sur de nouvelles réductions d’émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2040, prévue pour le 6 février. Ce sera un indicateur crucial pour déterminer si l’Europe maintient ou non une politique climatique ambitieuse.