Lors de la Soixante-Quinzième Assemblée mondiale de la Santé les États Membres ont convenu d’adopter une décision historique visant à améliorer le modèle de financement de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Il est prévu que l’augmentation progressive des contributions fixées commencera avec le budget 2024-2025 de l’OMS, avec une augmentation proposée de 20% par rapport aux contributions fixées dans le budget de base approuvé pour 2022-2023.
Les recommandations du rapport
Dans la décision l’intégralité des recommandations d’un groupe de travail sur le financement durable ont été adoptées. Ce groupe de travail créé en janvier 2021 est composé des États Membres de l’OMS et présidé par M. Björn Kümmel (Allemagne).
Dans l’une des principales recommandations du rapport du Groupe de travail à l’Assemblée de la Santé, les États Membres visent une augmentation progressive de leurs contributions fixées (cotisations des pays) pour représenter 50% du budget de base de l’OMS d’ici le cycle budgétaire 2030-2031 au plus tard. Au cours du dernier exercice biennal 2020-2021, les contributions fixées ne représentaient que 16% du budget programme approuvé.
Le rapport comprend d’autres recommandations, notamment une étude de la faisabilité d’un mécanisme de reconstitution des fonds pour élargir la base de financement. En outre, le Secrétariat de l’OMS est prié de collaborer avec un groupe de travail des États Membres en vue de renforcer la gouvernance de l’OMS, et celui-ci formulera des recommandations sur la transparence, l’efficacité, la responsabilité et la conformité. Les travaux du groupe de travail contribueront à faire en sorte que l’augmentation des contributions fixées des États Membres s’accompagne d’autres réformes du fonctionnement de l’Organisation.
De nombreux experts ont mis en évidence le fait que le modèle de financement actuel de l’OMS présentait un risque pour l’intégrité et l’indépendance des activités de l’Organisation. La forte dépendance de l’OMS à l’égard des contributions volontaires, dont une grande partie est affectée à des domaines de travail spécifiques, entraîne un décalage persistant entre les priorités organisationnelles et la capacité de les financer. Les recommandations formulées visent essentiellement à remédier à ces problèmes.
L’augmentation progressive des contributions
Il est prévu que l’augmentation progressive des contributions fixées commencera avec le budget 2024-2025 de l’OMS, avec une augmentation proposée de 20% par rapport aux contributions fixées dans le budget de base approuvé pour 2022-2023. L’objectif est d’atteindre 50% du budget de l’OMS d’ici 2028-2029 si possible, et d’ici 2030-2031 au plus tard, par rapport au pourcentage actuel de 16% en 2020-2021. Cela signifierait que d’ici 2028-2029, l’OMS bénéficierait d’une augmentation d’environ 600 millions de dollars des États-Unis (USD) par an de la partie de ses revenus provenant des sources les plus durables et les plus prévisibles.
Un financement plus prévisible et durable pour l’OMS est judicieux sur le plan économique pour les contributeurs de l’Organisation, en effet son nouvel argumentaire d’investissement intitulé : « Un sain investissement : argumentaire pour financer durablement l’OMS » indique que chaque dollar investi dans l’OMS rapporte un retour sur investissement d’au moins 35 USD. Le financement durable permettra à l’OMS de mieux répondre aux besoins de l’ensemble de ses États Membres et de leurs populations, par exemple en assurant une programmation à plus long terme dans les pays et en attirant et en conservant les compétences techniques.
« Cette décision répond de front au défi que l’OMS a dû relever depuis des décennies en matière de financement prévisible, souple et durable. La réalisation de la cible dont ils ont convenu aujourd’hui signifiera que nos États Membres donneront à l’OMS les moyens de répondre à leurs attentes et de remplir véritablement notre mandat en tant que principale autorité mondiale dans le domaine de santé », déclare le Directeur général de l’OMS, le Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Cette décision, adoptée le jour de ma réélection, nous donne à tous au sein de l’Organisation une confiance renouvelée alors que nous faisons face à l’avenir ».
M.Björn Kümmel, Chef adjoint de la division de la santé mondiale au sein du ministère fédéral allemand de la Santé et Président du Groupe de travail de l’OMS sur le financement durable, a déclaré : « Cette décision ne concerne rien de moins que le rôle futur de l’OMS dans le domaine de la santé mondiale. Au-delà même de cela, il s’agit de ce que nous envisageons pour l’architecture mondiale de la santé, à savoir une gouvernance de la santé mondiale moins fragmentée, mieux coordonnée, plus efficace et véritablement inclusive, avec une OMS fondamentalement renforcée en son centre en tant qu’autorité dirigeante et coordinatrice opérant dans des conditions favorables. »