Le Parlement européen dit oui au gaz fossile

Par J-Pierre Dieterlen

Les eurodéputés ont décidé ce mercredi, à une large majorité (443 contre 169), de donner le feu vert à la quatrième liste de «Projets d’intérêts communs». Un vote qui a suscité des tensions dans l’hémicycle car la liste comprend plusieurs dizaines de projets gaziers, pipelines ou terminaux portuaires d’importation de gaz liquéfié. On y trouve, entre autres, l’East Med pipeline qui doit relier Israël, Chypre, la Grèce à la botte de l’Italie, ou encore plusieurs gazoducs en Pologne, et le terminal gazier de Shannon en Irlande.


Une fois considérés comme «d’intérêts communs», ces projets peuvent obtenir des financements publics européens, communautaires ou des prêts de la Banque européenne d’investissement. «Cette liste est totalement contradictoire avec les résolutions adoptées par le Parlement européen ces derniers mois sur la déclaration de l’urgence climatique et le soutien au Pacte Vert européen, soulève l’eurodéputée Verte Marie Toussaint, une des auteurs de la résolution d’opposition. Par ailleurs, les résultats de la consultation publique sur la liste n’ont jamais été rendus publics par la Commission. C’est un déni démocratique.»


Le gaz dit «naturel» est une énergie fossile, comme le pétrole, dont l’exploitation est fortement émettrice en méthane. Quand le gaz est brûlé pour produire de l’électricité, il émet près de deux fois moins de CO2 que le charbon. Cependant, les fuites de méthane sont fréquentes, et largement sous-estimées d’après les scientifiques qui travaillent sur le sujet. Selon la Nasa, les émissions de ce gaz qui a un pouvoir réchauffant plus de 80 fois supérieur aux CO2 sur vingt ans, seraient responsables de plus d’un tiers du réchauffement climatique depuis le milieu du XVIIe siècle.