Financer la transition climatique et la protection de la biodiversité

transition climatique

Lors de la conférence annuelle d’Environmental Finance, Pierre Devichi, responsable ISR de l’ERAFP (Etablissement de Retraite Additionnelle de la Fonction Publique), a mis en lumière l’importance cruciale du financement de la transition climatique et de la protection de la biodiversité. Face à l’urgence écologique et à la complexité des enjeux, il est essentiel d’intensifier les efforts pour freiner l’érosion de la biodiversité. Et favoriser des solutions durables.

Dans cette perspective, plusieurs initiatives internationales apportent des outils et des méthodologies. Pour aider les acteurs financiers à intégrer ces enjeux dans leurs stratégies d’investissement. Parmi elles, la Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD), la Finance for Biodiversity Foundation, Nature Action 100. Et l’Initiative FAIRR jouent un rôle clé en facilitant une meilleure appréhension des risques et opportunités liés à la nature. Et en orientant les flux financiers vers des solutions positives pour l’environnement.

Comprendre l’interdépendance entre transition climatique et biodiversité

L’importance de la biodiversité dans la lutte contre le changement climatique ne peut être sous-estimée. Les écosystèmes naturels tels que les forêts, les océans et les zones humides jouent un rôle essentiel dans la transition climatique. Notamment en absorbant le dioxyde de carbone et en atténuant les effets des catastrophes naturelles. Pourtant, ces mêmes écosystèmes sont aujourd’hui gravement menacés par l’activité humaine.

Intégrer la biodiversité dans les stratégies d’investissement revient donc à garantir la résilience des écosystèmes. Et des chaînes de valeur à long terme. Cela signifie qu’un projet respectueux de la nature ne bénéficie pas seulement à l’environnement. Mais également à la stabilité économique et à la rentabilité des investissements.

La Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD) : transition climatique

L’un des obstacles majeurs à l’intégration des enjeux environnementaux dans le monde financier est le manque de transparence. Et de standardisation dans les révélations d’informations liées à la nature. C’est dans ce contexte que la TNFD a été lancée en 2021. Avec l’objectif de développer des recommandations permettant aux entreprises et aux institutions financières d’évaluer. De rendre compte et d’agir sur leurs dépendances et impacts sur la nature.

Au cours de sa phase de développement, la TNFD a reçu des retours de plus de 60 pays et a mené plus de 200 tests pilotes pour affiner son cadre de référence. En septembre 2023, elle a publié ses recommandations finales. Offrant ainsi aux investisseurs des outils concrets pour aligner leurs décisions avec les objectifs du Cadre mondial pour la biodiversité.

La Finance for Biodiversity Foundation : un engagement collectif pour la nature

La Finance for Biodiversity Foundation est une organisation mondiale qui encourage les institutions financières à prendre des mesures concrètes en faveur de la biodiversité. Son engagement repose sur cinq piliers fondamentaux :

  1. Collaborer et partager les connaissances
  2. Engager le dialogue avec les entreprises
  3. Evaluer l’impact des investissements
  4. Fixer des objectifs mesurables
  5. Rendre compte publiquement des actions menées

Les signataires de cet engagement peuvent également rejoindre la fondation en tant que membres actifs. Et participer à des groupes de travail thématiques visant à influencer les politiques publiques et à promouvoir des investissements ayant un impact positif sur la nature.

Nature Action 100 : mobiliser les investisseurs pour inverser la perte de biodiversité

Nature Action 100 est la première initiative mondiale dirigée par des investisseurs pour lutter contre la perte de biodiversité. Son objectif est d’évaluer et d’inciter les grandes entreprises à renforcer leur ambition et leurs actions en matière de préservation de la nature.

Pour ce faire, elle a développé un système d’évaluation basé sur six indicateurs principaux : ambition, évaluation, objectifs, mise en œuvre, gouvernance et engagement. Ces critères sont déclinés en 17 sous-indicateurs et 50 métriques, permettant un suivi détaillé des entreprises concernées.

Les premières évaluations seront publiées cette année et mises à jour annuellement. L’objectif est d’assurer un suivi rigoureux des avancées des entreprises et d’apporter une meilleure visibilité sur leurs stratégies en matière de biodiversité.

FAIRR Initiative : réduire les risques liés à la production intensive

L’Initiative FAIRR se concentre sur les risques liés à la production animale intensive et leur impact sur le système financier mondial. Selon FAIRR, ce mode de production présente des risques environnementaux, sanitaires et sociaux majeurs qui compromettent le développement durable.

En établissant un réseau mondial d’investisseurs engagés sur ces questions, FAIRR encourage une prise de conscience et une meilleure gestion des risques ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) liés aux chaînes d’approvisionnement en protéines animales. Son travail repose sur des recherches de pointe permettant aux investisseurs d’intégrer ces facteurs dans leurs décisions et leurs pratiques de gestion.

Face à l’urgence de la transition climatique et à la dégradation de la biodiversité, les institutions financières ont un rôle essentiel à jouer dans la redirection des flux d’investissement vers des initiatives durables. Des organismes tels que la TNFD, la Finance for Biodiversity Foundation, Nature Action 100 et FAIRR offrent des outils précieux pour intégrer ces enjeux dans les décisions économiques.

La transition climatique vers une finance plus responsable passe par une meilleure compréhension des risques et des opportunités liés à la nature, une collaboration renforcée entre les acteurs et une volonté collective d’agir en faveur d’un avenir plus durable.

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