Hold-up sur l’argent public

Ce 8 Juin ( 2021 ) débarquement des syndicalistes de la CGT dans les transports. La concurrence est en marche sur le réseau de bus de la grande couronne parisienne. Très vite, les tramway, les métros et les RER suivront le pas…

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur les résultats de la RATP ?

La RATP a été fortement impactée par la crise du Covid19. Ce dernier a coûté 414 millions d’euros de chiffre d’affaires au groupe. En 2020, leur chiffre d’affaires s’élevait donc à 5,5 milliards d’euros, soit 3,2 points de pourcentages de moins qu’en 2019. L’impact lié aux 900 millions d’euros de perte a été majoritairement amorti par le mécanisme de partage du risque recette prévue dans le contrat de la RATP avec leur organisatrice « Ile-de-France Mobilités » (IDFM). De plus, grâce aux plans d’économie menés par toutes les entités du groupe la RATP a finalement réussi à adoucir le choc créé par la Covid19 (- 356 M€) et la grève contre la réforme des retraites (- 50 M€ environ). Cependant, bien que les impacts de la crise aient été contrôlés par le groupe, celle-ci n’a rien changé à l’ouverture de la concurrence sur le marché ferroviaire. 

Une mise en concurrence de la RATP

L’Etat et l’IDFM ont décidé de mettre fin au monopole historique de la RATP en ouvrant le marché à la concurrence. Les entreprises qui répondront aux appels d’offres s’engageront à faire du profit sur la qualité des services. Cela aura forcément un impact direct sur les effectifs et la rémunération du capital humain. Dans ce cas, la seule façon de faire du bénéfice est de réduire le budget alloué à la sécurité ferroviaire.
Ainsi, la mise en place de cette concurrence ne signifie pas une liberté de choix pour les usagers, bien au contraire, elle est synonyme de privatisation. Bien que les usagers auront accès à plusieurs opérateurs, un seul tarif leur sera proposé. La concurrence ne fera pas baisser le prix de l’abonnement ! L’objectif est ici de prélever un profit sur l’argent public afin que celui-ci revienne aux actionnaires.
Les agents de la RATP répondent actuellement présent en toute situation, et ce, 7j/7 afin de s’adapter au mieux aux besoins des usagers. Cependant, l’ouverture à la concurrence dégradera les conditions de travail et le statut des agents. Cela impactera automatiquement la rigueur qu’exige la continuité du service de transport.

La concurrence est-elle plus avantageuse qu’un monopole public ?

La France a fait le choix de suivre l’exemple de l’Angleterre en découpant le réseau ferroviaire en plusieurs opérateurs. Mais est-ce réellement une bonne idée ?

Jusqu’ici, la présence d’une seule structure à coût unique sur le marché des réseaux ferroviaires permettait une forte réactivité face aux demandes exceptionnelles de transports. Ces dernières pouvaient par exemple se traduire par un besoin supplémentaire de bus lors de travaux ou encore de pannes sur le réseau ferré.
De plus, en France, les entreprises publiques telles que la RATP sont subventionnées à hauteur de 43 % contre 70 % pour les structures privées de transport urbain. La RATP ne coûte donc pas très cher à la collectivité.

La mise en place des opérateurs privés semblent quant à elle plus délicate à traiter. En effet, ces structures ont pour caractéristique de devoir générer de la marge. Tandis que la RATP répond aux exigences et aux demandes des autorités publiques en terme de qualité de service (propreté, présence humaine, fiabilité du matériel…), les entreprises privées devront privilégier le coût avant de s’engager dans une destination. De ce fait, si la rentabilité n’est pas assurée, elles n’hésiteront pas à facturer le prix fort.