Les déplacements des équipes représentent entre 5% et 15% du bilan carbone d’un club de football tandis que l’enjeu écologique est bien réel. Au lendemain de la sortie ironique de Christophe Galtier, l’entraîneur du PSG sur les moyens de transport utilisés par son équipe, la polémique ne faiblit pas. D’autant plus dans un contexte de crise énergétique et après un été marqué par les catastrophes climatiques.
Football : les émissions de CO2 d’un Paris-Nantes en avion et en train
Le tollé fait réagir jusqu’au sommet de l’exécutif puisque la Première ministre Élisabeth Borne elle-même a appelé mardi après-midi les footballeurs de Ligue 1 à “prendre pleinement conscience” de la crise climatique.
Pour faire le trajet Paris-Nantes, les joueurs et le staff du PSG sont en effet montés à bord d’un Boeing 737 privatisé. D’autres options moins polluantes étaient possibles, à commencer par le train, a souligné le directeur de TGV-Intercités Alain Krakovitch, dès dimanche sur sur Twitter. Pour des questions de sécurité, la SNCF peut même privatiser des TGV, un train entier ou certaines voitures.
En effet, les déplacements des équipes représentent entre 5% et 15% du bilan carbone d’un club de football selon notre étude.
Cet impact est majoritairement lié à l’avion, beaucoup plus carboné que ses alternatives ferroviaires et routières :
- 1 km en jet privé tel que celui du PSG, c’est 527g de CO2 / km / personne
- 1 km en bus diesel, c’est 30gCO2/km/personne (presque 20x moins)
- 1 km en TGV, c’est environ 2gCO2/km/personne (plus de 250x moins que le jet)
D’après l’Ademe, un Paris-Nantes en avion émet 100 fois plus de CO2 qu’en train. S’il s’agit de vols et de trajets commerciaux, à bord desquels figurent également d’autres passagers, la différence entre l’avion et le train est environ de 1 à 100.
C’est ce que montre le calculateur créé par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) pour comparer les différentes moyens de transport. Les calculs sont donnés en C02e, c’est-à-dire en équivalent CO2 par personne (unité de mesure visant à uniformiser l’impact des différents gaz à effet de serre). D’après ce calculateur, pour un trajet de 400 kilomètres (Paris-Nantes), un TGV émet 0,69 kg de CO2e par passager et par trajet, contre 50,5 kg de CO2e par personne pour un avion. Si l’on prend en compte l’impact des traînées de l’avion (due à la combustion du kérosène et qui perturbent d’autres gaz à effet de serre que le CO2), cela monte à 92,2 kg de CO2e.
Il existe d’autres outils pour calculer ces émissions. Pour les trajets en train, on peut aussi se référer à ce qu’indique la SNCF au moment de la réservation, à savoir, pour un trajet de 2h15 en TGV inOui entre Paris-Montparnasse et Nantes, 1,2 kg de CO2.
Pour les avions, le calculateur de la Fondation Good Planet, par exemple, donne 140 kg de CO2 émis pour un trajet d’une heure entre Paris et Nantes. D’après MyClimate, c’est 130 kg de CO2. Du côté de l’Organisation de l’aviation civile internationale, ces émissions sont estimées à 59 kg. C’est 36 kg selon la compagnie Air France (qui propose en contrepartie de planter des arbres).
Une pollution encore plus grande en jet privé
Toutefois, bien qu’ils soient à bord d’un Boeing 737, les joueurs du PSG et leur staff étaient bien moins nombreux que sur un avion de ligne classique. L’émission de CO2 par personne à prendre en compte est donc bien plus élevée que pour un vol commercial. D’après le calculateur de l’entreprise Prosky , spécialisée dans les jets privés, un vol Paris-Nantes dans l’un de ces avions émet 112 kg de CO2, mais cela varie beaucoup en fonction de la taille du jet privé.
D’après les analyses du collectif d’ONG baptisé “Transport et Environnement”, les émissions de CO2 des jets privés sont en réalité encore plus grandes. Sur un trajet de 500 kilomètres, un jet émet 4,5 à 14 fois plus de CO2 qu’un avion de ligne, et 50 fois plus qu’un train, selon ce collectif. En se basant sur ces estimations, Libération a publié une infographie sur la pollution des trajets du PSG en Ligue. Il apparaît, selon le quotidien, qu’un trajet Paris-Nantes émet 635 kg de CO2 par passager. Cela monte jusqu’à 855 kg pour un trajet jusqu’à Nice ou Monaco.