Tout connaître sur le Rapport du GIEC 2021 avec Green Finance – Il nous reste 10 ans !

Green Finance passe au crible l’ensemble du dossier GIEC 2021. En effet, le rapport du GIEC sortie le 9 Août détaille les désordres à grande échelle occasionnés par le réchauffement. Et démontre que, pour éviter le pire, des mesures doivent être prises immédiatement . Il nous reste 10 ans !

Nous présenterons en première partie les grands enjeux du problème. La deuxième partie proposera une revue sur les points importants du réchauffement climatique. Le rapport du GIEC en 18 graphiques sera exposé dans la troisième partie, puis les 6 chiffres alarmants du dernier rapport seront présentés en quatrième partie.

La France salue la publication du premier volume du 6ᵉ rapport d’évaluation du GIEC 

Fruit d’une collaboration internationale de près de 250 scientifiques issus de plus de 60 pays, ce nouveau rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) présente l’état actuel des connaissances sur le changement climatique et ses dernières tendances, ainsi que de nouvelles projections climatiques mondiales et régionales en fonction de différents scénarios socio-économiques , portant notamment sur la température, les précipitations et la hausse moyenne du niveau des mers.

Le constat du GIEC est alarmant : la hausse de la température globale s’est encore accentuée, à un rythme qui fera très probablement dépasser le seuil de 1,5°C de réchauffement depuis l’ère préindustrielle entre 2021 et 2040.

Pour limiter et stabiliser le réchauffement climatique sous les 2°C, voire à 1,5°C, le GIEC réaffirme qu’il faut baisser les émissions de CO2 rapidement et atteindre zéro émissions nettes de CO2 autour de 2050 ainsi qu’une forte réduction des émissions des autres gaz à effet de serre.

Les conséquences du changement climatique déjà observées seront accentuées au fur et à mesure du réchauffement global. Cela touche notamment les extrêmes de température, l’intensité des précipitations, la sévérité des sécheresses, l’augmentation en fréquence et intensité des événements climatiques aujourd’hui rares.

Certains impacts, comme la montée du niveau de la mer ou encore la fonte des calottes glaciaires, seront irréversibles à l’échelle de plusieurs centaines voire milliers d’années. Les mécanismes naturels d’absorption du carbone, notamment par les forêts et les océans, seront de moins en moins efficaces.

Ce rapport renforce la volonté de la France de continuer à agir, au niveau international et au niveau national, dans le cadre de l’accord de Paris pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et se préparer à certains impacts devenus inéluctables du changement climatique.

Sous l’impulsion notamment de la France, l’Union européenne a adopté un objectif de neutralité carbone pour 2050 et a rehaussé son ambition en portant son objectif de réduction des émissions nettes à au moins 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990. La Commission européenne a publié le 14 juillet une série de propositions législatives pour mettre en œuvre cette ambition.

Au niveau national, la loi climat et résilience, issue des travaux de la Convention citoyenne pour le climat, met en place de nouvelles mesures sur les transports, la rénovation des logements ou encore la lutte contre l’artificialisation qui contribueront, avec l’ensemble des mesures déjà prises au cours du quinquennat, à atteindre nos objectifs.

À travers le deuxième plan national d’adaptation au changement climatique, le Gouvernement met également en œuvre les actions nécessaires pour protéger les citoyens et adapter tous les secteurs de l’économie aux futures conditions climatiques, tout en améliorant leur résilience.

« Ce rapport du GIEC rappelle à juste titre, une nouvelle fois, l’urgence réelle de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre pleinement en œuvre l’accord de Paris qui est notre boussole à tous, États, collectivités, société civile, entreprises, ONG pour limiter le réchauffement climatique et ses conséquences. La COP26 qui se tiendra en novembre à Glasgow est un rendez-vous crucial pour rehausser l’ambition mondiale en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La diplomatie française est pleinement mobilisée aux côtés de la présidence britannique de la COP26 et appelle tous les États qui ne l’ont pas encore fait à rehausser et mettre en œuvre leurs objectifs climatiques nationaux, comme l’a fait l’Union européenne en décembre 2020. » a déclaré Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.

« Les travaux du GIEC constituent pour tous les pays du monde la pierre angulaire scientifique sur laquelle fonder nos politiques climatiques. Sept ans après sa dernière évaluation, le GIEC anticipe une accélération du réchauffement climatique et une intensification des évènements dramatiques que nous subissons d’ores et déjà sur tous les continents. Face à cette menace, la ligne est claire : appliquer pleinement et partout l’Accord de Paris. A la fois pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre et nous adapter à des évènements climatiques de plus en plus extrêmes. L’Europe a montré l’exemple avec le rehaussement de notre ambition de réduction des émissions nettes à -55 % d’ici 2030 par rapport à 1990 et le paquet « fit for 55 ». Le défi est immense car il implique de sortir en une décennie d’une civilisation fondée sur les énergies fossiles depuis plusieurs siècles. Avec un plan de relance de 30 milliards d’investissements verts, la loi Climat et Résilience, une action européenne et internationale déterminée pour décarboner l’économie mondiale, la France se bat. » a déclaré Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique.

« La recherche a le devoir d’approfondir notre connaissance des phénomènes liés au dérèglement climatique et l’enseignement supérieur a la mission de sensibiliser et de former tous les étudiants aux enjeux de la transition écologique et aux objectifs du développement durable. Le nouveau constat posé par le GIEC est implacable : aucune région du monde n’est épargnée par le changement climatique et les populations en subissent désormais des conséquences très directes. Je tiens à saluer l’excellence et l’implication des chercheurs du monde entier qui nous alertent, avec la plus grande rigueur scientifique, sur ce qui nous attend collectivement si nous ne prenons pas les nouvelles orientations qui s’imposent. De nombreux efforts ont d’ores et déjà été engagés à l’échelle mondiale, mais il faut aller plus loin. Notre planète est notre bien le plus précieux, il y a urgence à agir. » a déclaré Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

“Il n’y a pas le temps d’attendre et pas de place pour les excuses”, a insisté le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres 

Multiplication des événements extrêmes, fonte des glaces, montée des océans:

Les épisodes de canicules et de pluies torrentielles se multiplient en effet depuis plusieurs semaines à travers le monde, à l’image de la vague de chaleur qui occasionne actuellement de gigantesques incendies en Grèce et en Turquie.

L’influence humaine, «sans équivoque»

Le ton a changé depuis le premier rapport du GIEC, paru en 1990, qui estimait que le changement climatique n’était pas encore clairement perceptible. «Il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, l’océan et l’eau», peut-on lire dès les premières lignes du nouveau rapport. Ce dernier réaffirme par ailleurs la «relation quasi linéaire entre les émissions anthropogéniques de CO2 et le réchauffement qu’elles entraînent» – en d’autres termes, le fait que chaque tonne de CO2 que nous envoyons dans l’atmosphère augmente la température globale de la planète. Celle-ci a déjà augmenté de 1,1°C depuis l’époque préindustrielle.

«L’amplitude et la vitesse à laquelle notre planète se réchauffe n’ont pas d’équivalent dans l’histoire récente de la Terre, affirme Samuel Jaccard, climatologue à l’Université de Lausanne, l’un des coauteurs du rapport. Les concentrations de CO2 dans l’atmosphère sont plus élevées que durant les derniers 800 000 ans et probablement même durant ces deux derniers millions d’années. A ce titre, l’humanité n’a jamais connu de concentrations de CO2 aussi élevées qu’aujourd’hui. Le niveau marin a augmenté plus rapidement qu’au moins durant ces trois derniers millénaires.»

L’étendue des transformations à l’œuvre sur notre planète !

Elévation du niveau des mers, fonte des glaciers et des glaces de mer, réchauffement des océans, déplacement des espèces vers les latitudes plus élevées… le rapport détaille l’étendue des transformations à l’œuvre sur notre planète. Il apporte aussi de nouvelles preuves de la multiplication des événements extrêmes partout dans le monde sous l’effet du réchauffement. «Depuis quelques années, on commence à observer des phénomènes qui n’auraient très probablement pas pu se produire sans dérèglement climatique, à l’image de la vague de chaleur du début de l’été au Canada», indique Sonia Seneviratne, climatologue à l’EPFZ, qui a coordonné le chapitre du rapport du GIEC sur ce sujet.

Encore possible de «limiter la casse»

La deuxième partie de ce rapport évoque les futurs possibles de notre planète, au travers de cinq scénarios différents, du plus ambitieux – où nos émissions de CO2 sont réduites de moitié d’ici à 2030 avant de devenir neutres en 2050 – au plus pessimiste, qui prévoit un doublement de ces émissions d’ici à 2050. Commençons par la mauvaise nouvelle: certains phénomènes, comme l’élévation du niveau des mers et la fonte des glaciers, sont irréversibles, en tout cas sur des milliers d’années.

Ratifié en 2015, l’Accord de Paris sur le climat prévoit de contenir le réchauffement global à 2°C d’ici à la fin du siècle, si possible 1,5°C. Ce demi-degré peut sembler un détail, mais il n’en est pas un. Comme l’avait montré un rapport spécial du GIEC paru en 2018, chaque degré de réchauffement additionnel entraînera des conséquences nettement plus sévères: intensification des extrêmes, montée plus rapide du niveau des océans, fonte accélérée des glaces en Arctique, disparition de certains écosystèmes sensibles, comme les coraux.

Les premiers effets sur la qualité de l’air

«Même dans le scénario le plus ambitieux, où nos émissions de CO2 sont réduites de moitié d’ici à 2030, il est très probable qu’on dépasse 1,5°C de réchauffement à un moment au cours du siècle, déplore Sonia Seneviratne. Mais nous dépasserons ce seuil seulement de 0,1°C et de manière transitoire, alors que si nous continuons en suivant la tendance actuelle nous nous dirigeons plutôt vers un réchauffement global de 3°C.»

Si nous limitons de manière drastique nos émissions, les premiers effets sur la qualité de l’air et sur les concentrations en gaz à effet de serre pourraient être perceptibles en quelques années, d’après le rapport. Il faudra cependant attendre une vingtaine d’années avant que cette réduction ne se traduise par un abaissement des températures globales qui soit clairement discernable de la variabilité naturelle du climat. On doit malheureusement s’attendre à ce que les effets du dérèglement climatique continuent de se faire sentir jusqu’à la fin du siècle. Mais plus la réduction sera rapide, moins ces effets seront forts.

C’est donc un exigeant chemin qui est tracé par le GIEC pour sortir de l’ornière climatique. Reste à savoir si les Etats choisiront ou non de l’emprunter à l’occasion de la prochaine conférence internationale sur le climat, prévue en novembre à Glasgow. «Ce nouveau rapport confirme la situation d’urgence dans laquelle nous nous trouvons. Il faut espérer que la COP26 permettra d’aller au-delà des effets d’annonce, car jusque-là très peu a réellement été entrepris pour contrer le réchauffement», dénonce Sonia Seneviratne. Depuis la publication du dernier rapport d’évaluation du GIEC, en 2013, les concentrations en gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont continué à augmenter.

Le GIEC, comment ça marche?

Créé en 1988 à l’initiative de l’Organisation météorologique mondiale et du Programme des Nations unies pour l’environnement, le GIEC possède un mode de fonctionnement original et parfois mal compris.

Il ne s’agit aucunement d’un club fermé rassemblant une poignée de militants scientifiques. Des centaines d’experts contribuent à l’élaboration de chacun des rapports. Et ce ne sont pas toujours les mêmes personnes: 63% des auteurs du nouveau cycle d’évaluation n’avaient encore jamais participé aux travaux du GIEC.

Les auteurs des rapports effectuent ce travail à titre gracieux, par conviction mais aussi en raison des nouvelles connaissances qu’ils peuvent en tirer. Un effort est effectué pour inclure davantage de femmes parmi ces experts – elles ne constituent que 30% des auteurs du dernier rapport – et pour assurer une représentation des différents pays membres.

Le GIEC produit tous les sept ans environ un nouveau cycle d’évaluation de la science climatique. Le dernier en date remonte à 2013. Chaque cycle est composé de trois rapports: celui sur les fondements physiques du réchauffement, dont la nouvelle mouture vient de sortir, un sur les impacts du dérèglement climatique, prévu pour le mois de février 2022, le dernier sur les moyens de l’atténuer, attendu le mois suivant. Des rapports spéciaux sur des thématiques plus précises sont aussi publiés régulièrement par l’institution, comme celui sur les effets d’un réchauffement à 1,5°C, paru en 2018.

Les Etats directement impliqués dans la validation du rapport

Les rapports du GIEC sont avant tout destinés à informer les Etats sur les changements climatiques. C’est pourquoi des représentants des 195 pays membres du GIEC sont volontairement inclus dans leur relecture et leur validation. Au cours du processus, ces représentants émettent des remarques et des questions, que les scientifiques doivent ou ne doivent pas prendre en compte (mais ils doivent motiver leurs raisons). Le rapport final et la synthèse qui en est tirée, appelée «résumé à l’intention des décideurs», sont validés par les pays à l’issue d’une session d’approbation.

Pour la première fois, la session d’approbation du nouveau rapport s’est déroulée de manière totalement virtuelle. «Elle s’est bien passée malgré les contraintes liées aux échanges virtuels. Entre les auteurs des rapports et les représentants des pays, il y avait parfois 300 à 400 personnes connectées à la même séance! Mais il me semble qu’il y a eu une bonne participation de toutes les régions du monde», indique Sonia Seneviratne.

Les scientifiques l’assurent: la participation des Etats aux rapports est strictement encadrée, de telle sorte qu’elle ne peut influencer que de manière mineure le message qui y est délivré. En revanche, ce mode d’organisation a le mérite de placer les représentants des pays face au constat du réchauffement, qu’ils peuvent par la suite difficilement nier lors des négociations internationales…

” Il est important de prendre en considération l’ensemble du rapport du GIEC et d’agir vite, très vite ! ” Bruno Boggiani, fondateur du média Green Finance Strateggyz, “

Le nouveau rapport du GIEC en chiffres

Le rapport du GIEC en 18 graphiques”Plus précis. Plus alarmant. Plus fiable. Plus pédagogique. Le groupe-1 du GIEC vient de publier son rapport dans le cadre de la préparation du 6ème rapport de ce Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Le premier fut publié en 1990. Il servit de base scientifique à l’élaboration de la Convention Climat de l’ONU, signée à Rio de Janeiro en 1992.


Le GIEC se divise en trois groupes de travail:

  • Le premier s’occupe de la physique du climat – comment il fut, est et sera dans le futur en fonction des différents scénarios possibles d’émissions de gaz à effet de serre par l’Humanité.
  • Le second analyse les conséquences de ce changement climatique sur les écosystèmes naturels et agricoles et sur les sociétés humaines ainsi que sur les adaptations possibles de ces dernières à ces menaces.

Les groupes 2 et 3 doivent approuver leurs rapports en février et mars 2022. Le rapport de synthèse est prévu pour fin septembre 2022.

  • Le troisième s’interroge sur les politiques à conduire pour diminuer ces menaces en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre.

Ce que l’on savait en 1990, ce que l’on sait en 2021

Ce graphique est une sorte de réponse à une thèse aujourd’hui fréquente « on savait tout déjà en 1990, voire en 1979 ». Il souligne qu’en 1990 la légère hausse des températures était « suspectée » de trouver son origine dans les émissions de GES, mais sans pouvoir être démontrée. Que les observations climatiques et les données paléoclimatiques étaient certes déjà importantes mais qu’elles ont été considérablement améliorées depuis. Que les modèles numériques du climat utilisés pour simuler le futur devaient se contenter de mailles de calcul de 500 km de côté (donc effaçant nombre de reliefs) et ne comportaient ni chimie atmosphérique, ni l’usage des sols et leurs transformations, ni la biogéochimie terrestre et marine, ni les interactions entre nuages et aérosols.

En 2021, les faits climatiques sont bien mieux établis, la cause du réchauffement prouvée, le niveau marin surveillé par satellites, les modèles plus précis, plus complets. Si le rapport de 1990 était suffisant pour répondre positivement à la question des gouvernements à l’origine de la création du GIEC – « Est-ce que le changement climatique est suffisamment menaçant pour nos sociétés pour justifier une politique drastique de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre et donc de privation volontaire de l’usage des énergies fossiles qui représentent 80% des énergies utilisées pour subvenir à nos besoins ?  » – les rapports qui ont suivi ont considérablement amélioré la précision de la réponse. Le 6ème rapport s’inscrit dans cette évolution du savoir.

Comment le climat évolue t-il ?

Les températures :

La température moyenne de la planète (mesurée à un mètre au dessus des sols (stations météorologique) et à la surface des océans) depuis 1850 et la reconstruction de ces températures par des études paléoclimatiques remontant à 2000 ans montre l’amplitude et la rapidité du réchauffement observé. Au secours, vont crier les climatosceptique, la courbe en crosse de hockey revient ! Logique, puisque c’est de la bonne science.

Les signes du changement climatique :

La Terre montre dans toute sa géographie et dans toutes les composantes de ses écosystèmes les signes du changement climatique, causé par son réchauffement.

Les vagues de chaleur se multiplient

L’augmentation de la température ne se manifeste pas seulement sur les moyennes mais également par la multiplication et l’intensification des vagues de chaleur dont les effets peuvent être dévastateurs pour les écosystèmes, l’agriculture ou la santé humaine.

La banquise arctique se rétrécit 

En 30 ans, la surface moyenne de la banquise arctique en fin d’été a diminué de 2 millions de km². Les projections climatiques montre qu’elle pourrait presque disparaître certaines années en fin d’été à partir de 2050.

3. La cause du changement 

L’intensification de l’effet de serre atmosphérique par nos émissions de gaz à effet de serre – la plupart dues à l’usage des énergies fossiles, charbon, gaz et pétrole – est la cause du réchauffement climatique. Cette intensification a bousculé l’équilibre entre l’énergie solaire qui entre dans le système climatique planétaire et l’énergie que la Terre rayonne vers l’espace. L’énergie supplémentaire ainsi acquise par la planète se distribue surtout vers les océans (91%), la surface des continents (5%), est utilisée pour la fonte des glaces (3%) et seulement 1% est stockée dans l’atmosphère.

La preuve de la cause anthropique du réchauffement 

Lorsque les climatologues simulent par modèles et calculs le climat depuis 1850, seules les simulations qui tiennent compte du changement de la composition chimique de l’atmosphère par nos émissions de gaz à effet de serre parviennent à reproduire les températures observées. Les simulations qui ne tiennent compte que des facteurs naturels simulent un climat stable, très éloigné du réel observé.

4. Les climats futurs possibles

Le rapport focalise son résumé sur trois futurs possibles. Un premier où le réchauffement est limité à 1,5°C, un second où il monte à 2°C, un troisième où il grimpe jusqu’à 4°C.

Cette présentation pédagogique ne doit pas induire en erreur : ces trois scénarios ne sont pas du tout équiprobables.

Le premier supposerait une diminution drastique des émissions mondiales dès aujourd’hui à un rythme très élevé. Sa probabilité économique, sociale et politique est nulle.

Le second suppose l’engagement de politiques très sévères de restriction de l’usage des énergies fossiles et de nombreux autres éléments d’une politique climatique efficace. Sa probabilité est faible, mais si ces politiques étaient engagées dans les 10 ans qui viennent au plan mondial, ce scénario ne peut être écarté.

Le troisième correspond… à la trajectoire historique des émissions des gaz à effet de serre depuis 1992, l’année de Convention Climat de l’ONU. Autrement dit, pour le réaliser, il suffit de continuer comme aujourd’hui.

Les cartes des températures de ces trois simulations (les cartes montrent des moyennes de l’ensemble des simulations réalisées par les équipes scientifiques) :

Echelle des températures 

Et voici les simulations pour les précipitations selon les trois cas

Les moyennes de températures ou de précipitations vont changer, mais les fréquences et intensités des épisodes météo ou climatiques extrêmes également.

La relation entre moyennes et extrêmes climatiques et météorologique est différente pour les températures et les précipitations. Similarité pour les premières mais parfois opposition pour les secondes.

Les zones qui risquent le plus d’être affectées par des sécheresses sont très inégalement distribuées à la surface de la Terre

Le pourtour de la Méditerranée et de la Mer Noire, l’Amérique centrale et le sud-ouest des USA, le Chili, le sud de l’Afrique, la côte ouest (entre Sénégal et Côte d’Ivoire), Madagascar, l’Amazonie sont les régions les plus menacées par des sécheresses fréquentes et intenses. En Amazonie, cela pourrait déclencher une transformation profonde de l’écosystème forestier.

Des vagues de chaleurs beaucoup plus fréquentes et intenses

Une vague de chaleur dont la fréquence dans le climat d’il y a 50 ans était d’une fois tous les 50 ans surviendra beaucoup plus souvent (14 fois pour un réchauffement de 2°C, 40 fois pour un réchauffement de 4°C) et la température sera de 2,7°C et de 5,3°C plus élevée. Pour la France, cela signifie des canicules à 50°C, sur une vaste partie du territoire dans ce dernier cas.

Le niveau marin futur

La montée du niveau marin est inéluctable. Mais son évolution à court terme dépend peu de nos émissions actuelles. En revanche, à l’horizon 2100, ces émissions peuvent en changer considérablement l’amplitude. A plus long terme (3 siècles) un scénario à 4°C en 2100 peut aboutir à une hausse de plusieurs mètres.

L’acidification des océans

La diminution du pH moyen de l’océan, en raison de dissolution du CO2 dans l’eau, est en cours et va s’accentuer. Elle menace de nombreuses espèces du plancton marin, la base de la chaîne alimentaire océanique, qui  ne parviennent plus à former leur squelette calcaire.

Et le Gulf Stream ?

Le gulf stream risque t-il de s’arrêter ? Non répond le rapport du GIEC, mais il pourrait ralentir. Cela provoquerait un moindre réchauffement de l’Europe du Nord-Ouest.

Le budget carbone de l’Humanité

Alors que l’Humanité a émis 2 560 milliards de CO2 depuis 1750, il faudrait n’en émettre que 500 de plus pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Pour le limiter à 2°C, 1150 milliards de tonnes. Ces objectifs supposent de ne pas utiliser la majeure partie des énergies fossiles disponibles en sous-sol. Et donc des transformations technologiques, économiques, sociales, culturelles et politiques majeures.

Commentaire média 

Mirjam Wolfrum, Directrice de l’engagement politique, déclare : “En tant que base scientifique la plus importante pour la prise de décision des décideurs, le rapport du GIEC publié aujourd’hui est un avertissement brutal de l’approche de points de basculement climatiques désastreux. C’est notre dernier coup de semonce. Il est urgent d’agir maintenant, à l’échelle du système, si nous voulons avoir une chance de limiter le réchauffement à 1,5°C et d’atténuer les effets les plus catastrophiques et irréversibles du changement climatique.

Les conclusions du rapport ne sont pas surprenantes. De la Finlande à la Turquie, les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient. L’Europe est aux prises avec des feux de forêt, des inondations catastrophiques et des records de chaleur. Ces phénomènes se produisent à l’échelle mondiale, avec des inondations dévastatrices en Chine et des vagues de chaleur en Amérique du Nord et en Sibérie causées par le changement climatique induit par l’homme.

Avec un réchauffement de 1,1°C jusqu’à présent, notre climat a déjà changé. Les engagements actuels des gouvernements en matière de réduction des émissions entraîneraient une augmentation des températures de 2,9°C à 3,4°C – une perspective effrayante compte tenu des impacts que nous constatons déjà. 

Lors de la COP26, il est essentiel de changer de cap. Les engagements ne suffisent pas – nous avons maintenant besoin de mesures concrètes pour agir maintenant.

Les entreprises et les institutions financières doivent agir plus rapidement. Bien que nous observions un élan dans les promesses de réduction des émissions de gaz à effet de serre, celles-ci doivent être soutenues par des objectifs intermédiaires fondés sur la science et conformes à la norme de 1,5°C.  Les objectifs actuels des entreprises placent le CAC40 sur une trajectoire de 2,7°C.

Les gouvernements, les investisseurs et les entreprises doivent veiller à ce que le changement climatique ne soit pas traité de manière isolée. Les questions environnementales sont interconnectées – le climat doit être abordé en tandem avec la protection des ressources naturelles de la planète – son eau, ses forêts, sa biodiversité.

La science nous dit depuis longtemps que le changement climatique constitue une menace urgente, ce que reflètent bien les mises à jour du GIEC au fil des ans. Avec les impacts qui se font sentir à nos portes, le réchauffement climatique ne peut plus être perçu comme une réalité lointaine, ou quelque chose que les générations futures devront gérer. Il s’apprête à enfoncer la porte. 

Atteindre 1,5°C est réalisable. Nous savons que des solutions existent, que les technologies sont disponibles et que les capitaux sont prêts à être alloués. La clé est le timing. Ces mesures doivent être prises maintenant, pas seulement au cours de cette décennie, mais dans les cinq prochaines années. Après un autre été destructeur d’impacts climatiques en Europe, le rapport du GIEC d’aujourd’hui doit être un dernier coup de semonce pour que les entreprises européennes, les marchés de capitaux, les gouvernements locaux et les décideurs politiques se transforment et construisent mieux pour éviter qu’ils ne s’aggravent considérablement “.

Changement climatique : pourquoi le rapport du Giec est-il tant attendu ?

  • Parce que le Giec fait référence en la matière- Parce que le dernier rapport remonte à sept ans
  • Parce que les catastrophes climatiques se multiplient
  • Parce que la COP26 approche

Le Giec s’apprête donc à rejouer son rôle principal : fournir aux gouvernements les éléments scientifiques utiles pour “élaborer des politiques dans le domaine du climat”, ainsi que des bases pour les négociations lors des COP. “Le rapport du Giec va être adopté par les pays membres, décrit Laurent Bopp. Ainsi, à la COP, on ne discutera plus de science, on pourra directement parler de politique climatique.” 

DES EFFETS DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE DÉJÀ IRRÉVERSIBLES

Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme : le climat se réchauffe pratiquement partout, les températures augmentent rapidement et certains des changements déjà amorcés, comme la fonte des calottes glaciaires, sont déjà irréversibles sur des centaines voire des milliers d’années. Tels sont les éléments d’alerte inscrits dans le premier chapitre du sixième rapport choc du GIEC, fruit du travail de 234 experts internationaux.

Ce rapport est une confrontation avec la réalité“, assure la climatologue Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du Groupe de travail 1 du GIEC. “Nous avons maintenant une image beaucoup plus claire du climat passé, présent et futur, ce qui est essentiel pour comprendre où nous allons, ce qui peut être fait et comment nous pouvons nous préparer“. Le rapport du GIEC s’appuie en effet sur 14 000 études. Les chercheurs ont particulièrement travaillé sur l’impact du réchauffement climatique à l’échelle régionale, grâce à des modélisations de plus en plus sophistiquées.

Aucune région ne sera épargnée“, prévient le GIEC. Celles-ci seront touchées différemment, avec un réchauffement plus important dans l’hémisphère nord, des précipitations plus importantes dans les hautes latitudes, et les tropiques. Et les effets sont déjà visibles. “Le changement climatique induit par l’homme affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde” et en particulier “à travers les extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux.

Les chances de limiter le réchauffement à 1,5°C s’amincissent

Pour limiter ces effets, chaque dixième de degré compte. Le rapport fournit de nouvelles estimations sur les chances de franchir le niveau de réchauffement global de 1,5°C, seuil préconisé par l’Accord de Paris. Les émissions de gaz à effet de serre provenant des activités humaines sont déjà responsables d’environ 1,1 °C de réchauffement par rapport à la période 1850-1900. Si l’humanité poursuit cette trajectoire, le seuil d’1,5°C devrait être dépassé au cours des 20 prochaines années, alertent les scientifiques.

Dans un résumé adressé aux décideurs, les experts soulignent néanmoins que tout n’est pas encore perdu. “La stabilisation du climat nécessitera des réductions fortes, rapides et soutenues des émissions de gaz à effet de serre et l’atteinte de zéro émission nette de CO2“, a déclaré le coprésident du Groupe de travail 1 du GIEC, Panmao Zhai. “Limiter d’autres gaz à effet de serre et polluants atmosphériques, en particulier le méthane, pourrait avoir des avantages à la fois pour la santé et le climat“, ajoute-t-il. Mais ces actions doivent être immédiates, rapides et à grande échelle, sans quoi le seuil de 2°C sera lui aussi hors de portée.

Et les effets ne seront pas immédiats. Même en cas de réduction drastique des émissions “les bénéfices sur la qualité de l’air seraient visibles rapidement“, mais “cela prendrait au moins 20 à 30 ans pour voir les températures globales se stabiliser“, détaille le GIEC. La publication de l’ensemble du rapport, qui comprend deux autres chapitres sur la vulnérabilité des systèmes socio-économiques, l’adaptation, et les façons de limiter ou atténuer les émissions, est prévu pour 2022. Il doit permettre d’éclairer les décisions politiques. 

Dans ce brouillon, les experts du Giec admettent que même les objectifs fixés par l’accord de Paris en 2015 (qui déterminent les engagements internationaux en matière de transition énergétique) sont insuffisants. L’accord prévoyait en effet de tout faire pour limiter le réchauffement de la planète à +2 °C en moyenne par rapport à l’ère préindustrielle (un objectif dont on est encore très loin), et de tendre si possible vers 1,5 °C. Or selon ce nouveau texte, dépasser le seuil de +1,5 °C aura déjà des « impacts irréversibles pour les systèmes humains et écologiques » : dans les villes, par exemple, 350 millions d’habitants supplémentaires seront exposés aux pénuries d’eau.

À +2 °C, jusqu’à 80 millions de personnes de plus pourraient être menacées de famine d’ici à 2050, en raison du manque d’eau, de la multiplication des événements météos extrêmes – qui vont augmenter la fréquence des mauvaises récoltes – ou encore de la pression sur les terres cultivées liée à la demande croissante en biocarburants. Des centaines de millions d’habitants de villes côtières seront menacés par des vagues-submersion toujours plus fréquentes à cause de la hausse du niveau des mers. Et, à terme, 420 millions de personnes de plus feront face à des « canicules extrêmes ».

Mises en garde

L’homme n’est bien sûr pas la seule victime du réchauffement : « Même à +1,5 °C, les conditions de vie vont changer au-delà de la capacité de certains organismes à s’adapter », souligne le rapport, citant notamment les récifs coralliens. Comme le rappelle toutefois Jean-Pierre Gattuso, océanographe directeur de recherche au CNRS, se limiter à ce seuil « n’a jamais été suffisant. Il est le résultat d’un compromis, et du principe de réalisme. Bien sûr que même à +1,5 °C il y aura des dommages, c’est pourquoi l’accord de Paris comporte tout un volet adaptation aux changements qui sont inéluctables. » Henri Waisman, chercheur au sein du programme Climat de l’Iddri, estime aussi qu’il n’y a dans ces prédictions du Giec « rien de fondamentalement nouveau. Il s’agit surtout d’une consolidation des connaissances portant sur l’ensemble de la littérature scientifique. On sait déjà que chaque dixième de degré compte et peut avoir des effets dramatiques sur les écosystèmes ».

Même à +1,5°C, les conditions de vie vont changer au-delà de la capacité de certains organismes à s’adapterExtrait d’un rapport non-publié du Giec

Ces mises en garde, qui n’auraient donc pas dû être publiées, figurent dans le projet de rapport d’un des trois groupes de travail du Giec, dont les milliers de pages de travaux seront officiellement rendues publiques à partir de cet été. La synthèse de ce sixième rapport d’évaluation (AR6), auquel collaborent plus de 700 chercheurs, ne sortira pas avant septembre 2022… Autant dire que le processus est loin d’être abouti.

Le Giec n’a pas souhaité commenter la publication de ce brouillon, tout comme les scientifiques participant à l’élaboration du rapport, certains déplorant tout de même une fuite irrespectueuse vis-à-vis d’un travail long et complexe. «C’est déloyal, et ce document provisoire n’a aucune valeur tant qu’il n’est pas approuvé par les auteurs et les 195 gouvernements du Giec, estime Jean-Pierre Gattuso, qui a participé à l’écriture du précédent rapport, en 2014. Évidemment, l’essentiel de ce qui est dit y restera, mais le rapport ne présente certainement pas les choses de manière aussi catastrophique, car on compare toujours au moins deux scénarios, un pessimiste et un compatible avec l’accord de Paris, de façon à montrer que, si on agit, on peut minimiser les risques. » Henri Waisman rappelle pour sa part que le processus de production des rapports du Giec est minutieux, chaque mot pesé, et la communication se fait « sur l’ensemble des messages, les problèmes comme les solutions. Là, nous n’avons qu’un extrait alarmiste de l’analyse sur les impacts et la vulnérabilité, une partie sortie de son contexte de façon artificielle, avec le risque que cela soit contreproductif, car un peu décourageant. »

Quoi qu’il en soit, cette publication sonne comme un retentissant rappel à l’ordre à l’heure où les négociations internationales sur le climat reprennent poussivement. Les discussions préparatoires à la COP26, qui se tiendra à Glasgow à l’automne, se sont en effet achevées la semaine dernière sans grandes avancées.

cinq scénarios (plus ou moins apocalyptiques) pour la fin du siècle

Le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) vient de mettre à jour, ce lundi, ses prévisions scientifiques pour les prochaines décennies. Décryptage de ce document crucial qui sera intégré au sixième rapport d’évaluation à paraître en 2022.

Sept ans après le 5ème rapport d’évaluation, paru en 2014, les expert·e·s du Giec viennent de publier la première partie du sixième opus. Lundi, le groupe 1, dédié à l’analyse des données scientifiques sur le bouleversement du climat a rendu son « résumé pour les décideurs ». A trois mois d’une COP26 critique, où les dirigeant·e·s de la planète doivent s’engager à en faire davantage pour le climat, ce document propose un tour d’horizon exhaustif de l’état du monde et ébauche cinq scénarios, du plus optimiste au plus dramatique, pour la fin du siècle.

Un état des lieux peu engageant

Premier constat, que le Giec n’a eu de cesse de répéter et de préciser au fil de ses rapports : l’influence humaine sur l’élévation des températures est « indiscutable ». Le réchauffement observé lors la décennie 2011-2020 par rapport à l’ère préindustrielle (milieu du 19è siècle) est de 1,09°C.

En 2019, la concentration atmosphérique en dioxyde de carbone (CO2) est au plus haut depuis au moins 2 millions d’années ; et depuis au moins 800 000 ans pour le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O), deux autres puissants gaz à effet de serre. « L’ampleur des changements récents dans l’ensemble du système climatique et l’état actuel de nombre de ses aspects est sans précédent, sur plusieurs centaines à plusieurs milliers d’années », note le rapportPour s’en convaincre, les 234 auteur·rice·s issu·e·s de 66 pays ont épluché quelque 14 000 documents et études scientifiques.

© Giec / Traduction par Vert

Le rapport met en avant le rôle longtemps sous-estimé du méthane.

Ce puissant gaz à effet de serre, dont la concentration dans l’atmosphère croît plus vite que celle du CO2, est responsable de près de la moitié du réchauffement. Il est utilisé comme carburant ou pour se chauffer (gaz « naturel »), et d’immenses quantités en sont relâchées par l’élevage et lors de l’extraction gazière ou pétrolière. Alors qu’il produit l’essentiel de ses effets dans les premières années passées dans l’atmosphère, la réduction de ses émissions aurait des effets rapides et majeurs sur le climat.

Le réchauffement lié à cette accumulation sans précédent de gaz à effet de serre a entraîné une foule de bouleversements déjà largement documentés, rappelle le document. Parmi ceux-ci : des événements climatiques extrêmes (vagues de chaleur, sécheresses, tempêtes tropicales) qui se multiplient et s’intensifient ; des océans qui s’acidifient et sont vidés de leur oxygène ; les biosphères qui se déplacent vers les pôles, etc.

Les conséquences les plus spectaculaires !

L’élévation des températures a entraîné celle du niveau des océans, qui ont grimpé de 20 centimètres depuis 1900. Depuis 1971, cette hausse est due pour moitié (50%) à l’expansion thermique liée au réchauffement de l’eau marine ; la fonte des glaciers, 22% ; celle des calottes glaciaires, 20%. Entre les années 1990 et 2010, le rythme de fonte de ces dernières a été multiplié par quatre. Depuis 2006, la fonte des glaces est devenue le principal facteur d’élévation des océans. Un phénomène qui s’emballe : de +1,3mm par an entre 1901 et 1971, les mers sont montées de 1,9mm entre 1971 et 2006, et enfin de 3,7mm entre 2006 et 2018.

Cinq scénarios pour le futur

L’une des principales nouveautés contenues dans ce nouveau rapport est l’utilisation de nouveaux types de scénarios pour tenter d’anticiper le futur. Au nombre de cinq, ces scénarios dits « SSP », pour « trajectoires socio-économiques communes » (Shared Socioeconomic Pathways) ne tiennent pas seulement compte du réchauffement en termes scientifiques, comme dans le précédent rapport. Ils proposent cinq récits – du plus au moins optimistes – de la réponse humaine face à la crise climatique (lire encadré).

Cinq nouveaux scénarios pour le futur
Pour son sixième rapport, le Giec a utilisé une nouvelle typologie de scénarios, qui dessinent en termes humains, politiques et économiques les évolutions futures liées au climat.

SSP1 : Soutenabilité – La voie verte
C’est le scénario d’un développement plus inclusif qui respecte les limites environnementales planétaires et s’articule autour du bien-être des populations et de la réduction des inégalités. La consommation est orientée vers une faible croissance matérielle, une moindre utilisation de ressources et d’énergie. Les deux premiers scénarios du Giec (SSP1-1.9 et SSP1-2.6) se basent sur ce récit.

SSP2 : Au milieu du gué
Notre monde poursuit ses tendances historiques avec une croissance inégalement répartie des revenus et opère lentement sa transition écologique, malgré les objectifs qu’il se donne. La transition démographique est achevée dans la seconde moitié du XXIème siècle. C’est le scénario médian (SSP2-4.5) utilisé par le Giec.

SSP3 Rivalités régionales – Un chemin escarpé
La résurgence du nationalisme, les préoccupations en matière de compétitivité et de sécurité et les conflits régionaux poussent les pays à se concentrer de plus en plus sur les questions nationales ou, tout au plus, régionales, au détriment de la réduction des inégalités et de la prise en compte des questions environnementales. Correspond au quatrième scénario (SSP3-7.0) du Giec.

SSP4 Inégalités – Une route divisée
Le scénario d’inégalités exacerbées entre une société très connectée au niveau international qui contribue à un fort développement économique adossé à toutes les sources d’énergie, et des sociétés à faibles revenus, peu éduquées et cantonnées à des activités à faible valeur ajoutée. La fracture s’exacerbe et les conflits et troubles deviennent fréquents. Le Giec n’a pas envisagé ce scénario dans son rapport.

SSP5 Développement alimenté par des combustibles fossiles – L’autoroute
Le scénario d’un développement économique et social élevé basé sur les marchés compétitifs et l’innovation qui nécessite de recourir à d’abondantes ressources en énergies fossiles. Correspond au scénario le plus pessimiste du Giec (SSP5-8.5)

Le mercure promet de continuer à grimper

Dans tous les cas, les températures continueront d’augmenter au moins jusqu’aux années 2050. Le scénario le plus optimiste permettrait de contenir le réchauffement à 1,6°C (fourchette de 1,2 à 2°C) d’ici le milieu du siècle, avant d’amorcer – sans certitude – une légère décrue au tournant des années 2100 pour redescendre à 1,4°C (entre 1 et 1,8°C). Le scénario le plus pessimiste prévoit un réchauffement entre 3,3 et 5,7°C, avec une estimation moyenne de +4,4°C.

© Giec / Traduction par Vert

En tout état de cause, le réchauffement de 1,5 et 2°C – objectifs visés dans l’accord de Paris qui lie toutes les nations du globe depuis 2015 – sera dépassé au 21è siècle « à moins qu’une réduction profonde des gaz à effet de serre n’intervienne lors des prochaines décennies ».

L’élévation préoccupante des océans

Le comportement des océans est l’un des sujets cruciaux de ce siècle. Comparé à la période 1995-2014, le niveau des mers pourrait monter de 28 à 55 centimètres dans le scénario le plus optimiste, et attendrait 63 centimètres à 1 mètre dans le scénario à fortes émissions, note le rapport. Pis, en raison de « profondes incertitudes » liées au comportement des calottes glaciaires, les auteur·rice·s n’excluent pas un scénario catastrophe, dans lequel l’océan monterait de 2 mètres d’ici 2100 et jusqu’à 5 mètres en 2150.

© Giec / Traduction par Vert

Des événements climatiques extrêmes qui se multiplient et s’intensifient

Sous l’effet des dérèglements climatiques, les épisodes « extrêmes » vont s’emballer. Les fortes précipitations risquent de se multiplier et de s’intensifier dans les plupart des régions. Idem pour les tempêtes tropicales, dont la fréquence et la brutalité vont s’accentuer.

A 2°C de réchauffement, un épisode de température extrême qui apparaissait une fois tous les 10 ans au 19ème siècle, se produira 5,6 fois par décennie. A 4°C, il se produira presque tous les ans. Ces vagues de chaleur seront également bien plus torrides. Le réchauffement va également intensifier les saisons et les épisodes très secs et très humides, aggravant sécheresses et inondations. Les moussons seront plus sévères partout dans le monde, en particulier en Asie du sud, de l’est et du sud-est, et en Afrique de l’Ouest.

© Giec / Traduction par Vert

Les puits de carbone et la biosphère asphyxiés

Dans les scénarios où les émissions de CO2 augmentent, les puits de carbone terrestres et marins (comme les arbres ou les algues) seront moins efficaces. Si, en valeur absolue, ils stockeront davantage de CO2, la proportion du CO2 atmosphérique qu’ils sont capables d’absorber diminuera.

Certaines réponses au réchauffement de la part d’écosystèmes, comme les émanations de CO2 et CH4 issues des zones humides, le dégel du permafrost et les feux de forêts, ne sont pas encore tout à fait intégrées aux modèles climatiques. Leur rôle potentiel est donc incertain.

Budgets carbone : chaque tonne de CO2 compte

Les auteurs du rapport insistent sur le rôle irréversible de nombreux bouleversements.

Par exemple, le réchauffement, l’acidification et la désoxygénation des océans, perdurera pendant plusieurs siècles à plusieurs millénaires. Idem pour la fonte des glaciers, calottes glaciaires et permafrost, altérés pendant plusieurs décennies à plusieurs siècles.

Aussi, chaque dixième de degré, et donc chaque tonne de CO2 compte. Les scientifiques ont mis à jour les « budgets carbone » ébauchés dans les précédents rapports. Il s’agit des quantités de gaz à effet de serre que l’humanité peut encore émettre avant de dépasser certains seuils de réchauffement, avec tous leurs effets dramatiques.

Entre 1850 et 2019, 2390 gigatonnes (milliards de tonnes) de CO2 ont été émises par les humains. Pour s’assurer (à 83%) de rester sous la barre de 1,5°C de réchauffement d’ici 2100, l’humanité ne peut plus émettre que 300 gigatonnes de CO2, soit moins de dix années au rythme actuel. Et 900Gt pour ne pas dépasser 2°C.

Le document se garde de faire des préconisations sur les manières de répondre au défi climatique. Les deux autres parties du sixième rapport, consacrées à l’adaptation et à l’atténuation du changement climatique sont attendues au cours des prochains mois.

Climat : les 6 chiffres alarmants du dernier rapport du GIEC

Alerte rouge pour l’humanité !

Ces nouvelles prévisions climatiques, très attendues à trois mois de la conférence climat COP26, sont accablantes.

Réchauffement climatique, montée des eaux, fonte des glaces, multiplications des épisodes dévastateurs… le climat change plus vite qu’on le craignait… Et les humains en sont en grande partie responsables.

+1,1°C

La température moyenne de la planète a augmenté d’1,1°C depuis les débuts de l’ère industrielle, “un niveau de réchauffement qui n’a jamais été observé depuis au moins 2 000 ans“, souligne le GIEC. Le seuil d’1,5°C de réchauffement, qui permettrait de limiter l’ampleur des conséquences du dérèglement climatique, devrait être atteint plus tôt qu’escompté. Même dans le scénario le plus optimiste, avec une réduction des émissions de CO2 drastique et immédiate, un réchauffement de +1,5°C pourrait être atteint dès le début des années 2030, soit dix ans plus tôt que la précédente estimation. Mais le défi n’est pas encore perdu. Pour avoir 83 % de chance de rester sous la barre de +1,5°C, l’humanité doit émettre moins de 300 gigatonnes de CO2 estime le GIEC, soit l’équivalent de 10 ans d’émissions au niveau de 2019.

· + 5,7 °C

C’est le point central du rapport. Dans tous les scénarios envisagés, du plus optimiste au plus pessimiste, la température mondiale devrait atteindre + 1,5 °C, par rapport à l’ère pré-industrielle, autour de 2030. Soit dix ans plus tôt que la précédente estimation du GIEC il y a trois ans.

Mais les températures pourraient aussi monter beaucoup plus haut. Cinq scénarios sont présentés par le GIEC. Le plus noir envisage un réchauffement compris entre 3,3 et 5,7 degrés.

Une hypothèse loin d’être insensée. Car seule la moitié des gouvernements ont révisé leurs engagements d’émissions de gaz à effet de serre. La précédente série d’engagements, pris dans la foulée de l’Accord de Paris de 2015, conduirait à un monde à +3 °C, s’ils étaient respectés. Au rythme actuel, le monde se dirige plutôt vers +4 °C ou +5 °C.

· + 2 mètres

Certaines conséquences du réchauffement de la planète sont déjà « irréversibles pour des siècles ou des millénaires », alertent les experts climat de l’ONU. C’est le cas notamment de la fonte des glaces et de la montée des eaux, quel que soit le rythme des futures émissions de gaz à effet de serre.

Dérèglement climatique : ces villes menacées par la montée des eaux

Le niveau des océans a augmenté d’environ 20 cm depuis 1900, et le rythme de cette hausse a triplé ces dix dernières années sous l’influence grandissante de la fonte des calottes glaciaires. Les scientifiques estiment désormais que le niveau de la mer pourrait gagner jusqu’à 1 mètre d’ici 2100.

Cette hausse pourrait atteindre près de 2 mètres d’ici à 2300, soit deux fois plus qu’estimé par le GIEC en 2019. Pire encore : en raison de l’incertitude liée aux calottes, dans le scénario du pire, les experts ne peuvent pas exclure une augmentation de 2 mètres d’ici 2100.

· 410 ppm

Le GIEC pointe la responsabilité humaine dans ce réchauffement de la planète. Depuis 2011, la concentration dans l’atmosphère de CO2, principal agent des gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement, en moyenne annuelle, s’élève à 410 ppm. Cette valeur n’a pas été aussi élevée depuis au moins deux millions d’années.

· 800.000 ans

Le GIEC n’avait jamais autant parlé du méthane, deuxième gaz à effet de serre le plus important après le CO2. Il sonne l’alerte ce lundi : si les émissions de CH4 ne sont pas réduites, cela pourrait saper les objectifs de l’Accord de Paris.

Les concentrations de CH4 dans l’atmosphère – auxquelles contribuent les fuites venues de la production de gaz, les mines, le traitement des déchets et le bétail – dans l’atmosphère sont à leur plus haut depuis 800.000 ans. Et il a un pouvoir de réchauffement bien plus important que le CO2, même s’il reste bien moins longtemps dans l’atmosphère.

· X 150

Le rapport souligne également les progrès exceptionnels de la « science de l’attribution ». Cette dernière permet désormais de quantifier la part de responsabilité du réchauffement dans un événement météo extrême spécifique, à l’instar des inondations, canicules ou épisodes de sécheresse.

Les scientifiques rappellent une fois encore l’urgence d’agir contre le réchauffement, tout en livrant de nouveaux détails sur son ampleur, ses causes et son évolution possible.

Les scientifiques ont montré que la canicule au Canada en juin 2021, avec des températures frôlant les 50 °C, aurait été « presque impossible » sans le changement climatique. Le réchauffement a ainsi rendu le « dôme de chaleur » 150 fois plus susceptible de se produire.

· X 3

Océans, terres, atmosphère : toute la planète se réchauffe, mais certaines zones plus vite que d’autres. En Arctique par exemple, la température moyenne des jours les plus froids devrait augmenter trois fois plus vite que le réchauffement mondial. Et si le niveau de la mer monte partout, il pourrait gagner jusqu’à 20 % de plus que la moyenne sur de nombreux littoraux.

L’effondrement des calottes glaciaires est identifié comme un « point de rupture ». Si sa probabilité est faible, son impact serait dévastateur. S’il vient à se produire, les changements seraient radicaux, et parfois irréversibles.

En conclusion 

Le constat: le climat change plus vite qu’on le craignait et que c’est la faute de l’humanité !

Aux alentours de 2030, le seuil d’un degré et demi de hausse devrait être atteint. L’action des institutions luttant contre le réchauffement climatique, comme le GIEC ne peut être qu’informative. Il n’existe pas de solution miracle et estimable. Les scientifiques s’efforcent de créer une prise de conscience collective, seule finalité positive.

Voici le rapport complet de près de 4 000 pages !