
Alors que les grandes entreprises nordiques continuent d’attirer l’attention des investisseurs internationaux, le segment des petites capitalisations dans les pays nordiques a pris un retard notable ces dernières années. Pourtant, les petites entreprises de la région, bien que moins médiatisées, présentent un potentiel de surperformance notable, marqué par une sous-évaluation qui pourrait offrir des opportunités d’investissement intéressantes à long terme. Les pays nordiques, connus pour leur stabilité économique, leur forte capacité d’innovation et leurs finances publiques solides, sont des marchés où les petites et moyennes entreprises ont souvent su se démarquer. Cependant, cette dynamique a été mise sous pression ces dernières années, ouvrant la voie à de nouvelles perspectives pour les investisseurs avertis.
Une performance passée impressionnante des petites capitalisations nordiques
Les petites capitalisations nordiques ont longtemps surperformé leurs homologues plus grandes, ainsi que les indices mondiaux des petites entreprises. Depuis 2005, l’indice MSCI Nordic Small Cap a enregistré une progression de 628 %, surpassant l’indice MSCI Nordic (+426 %) et l’indice mondial des petites capitalisations MSCI World Small Cap (+371 %). Cette surperformance a été alimentée par l’énorme capacité d’innovation des entreprises nordiques, un environnement économique et politique stable, ainsi qu’une forte dynamique dans des secteurs tels que la technologie, la consommation durable et l’industrie spécialisée. Cependant, depuis la pandémie, cette tendance a été inversée et les petites entreprises nordiques se retrouvent désormais avec des valorisations historiquement basses, ce qui constitue une opportunité stratégique pour les investisseurs à long terme.
Un tournant économique propice à une réévaluation des petites capitalisations
La récente faiblesse des petites capitalisations nordiques peut être attribuée, en grande partie, à la hausse des taux d’intérêt et à son impact sur les économies nordiques, notamment en Suède, où une forte proportion des crédits sont à taux variables. Cette politique monétaire restrictive a fragilisé à la fois les entreprises et les consommateurs. En particulier, la consommation a chuté, et le marché immobilier, déjà sous pression, a souffert de pertes considérables. Cependant, avec le début de l’assouplissement des politiques monétaires, le panorama pourrait changer. En Suède, la réduction du taux directeur a déjà été amorcée et d’autres baisses sont attendues, ce qui devrait stimuler la consommation et renforcer la demande intérieure. Cette évolution serait particulièrement bénéfique pour les petites entreprises en lien direct avec le marché domestique.
Un autre facteur en faveur des petites capitalisations nordiques est leur niveau actuel de valorisation. En comparaison avec les grandes entreprises, qui se négocient en moyenne à 19 fois leurs bénéfices annuels attendus, les petites entreprises sont actuellement évaluées à seulement 14 fois leurs bénéfices. Ce niveau de valorisation historiquement bas, qui n’a pas été atteint depuis la crise financière mondiale, reflète une certaine méfiance du marché. Toutefois, cette situation présente souvent des opportunités d’achat intéressantes, particulièrement en cas de stabilisation des conditions économiques, qui pourraient favoriser une réévaluation des petites capitalisations.
Les secteurs à fort potentiel dans les petites capitalisations nordiques
Au sein des petites capitalisations, certains secteurs se distinguent par leur potentiel de croissance, notamment dans un contexte de reprise économique.
Les valeurs de consommation : Prêtes à bénéficier de la reprise
L’un des secteurs les plus prometteurs est celui des biens de consommation, en particulier avec la baisse des taux d’intérêt, qui devrait améliorer le pouvoir d’achat des ménages. Des entreprises comme Humble Group, spécialisée dans les produits durables et sains, affichent une forte dynamique de croissance avec des taux annuels de 10 à 11 % et une amélioration continue de leurs marges. Bien que cette entreprise connaisse une croissance rapide, son action est actuellement sous-évaluée par rapport à d’autres fabricants de biens de consommation établis, offrant ainsi une belle opportunité d’investissement.
Les entreprises de services de rénovation et de construction, comme Bravida et Instalco, bénéficient également de cette dynamique. L’augmentation du revenu disponible devrait soutenir la demande pour des travaux de rénovation, ce qui est un facteur favorable pour ces sociétés.
Le secteur immobilier : une reprise attendue
Après des corrections massives ces dernières années, le secteur immobilier nordique, en particulier en Suède, pourrait voir une reprise avec la baisse des taux d’intérêt. De nombreuses entreprises immobilières, dont certaines étaient sous pression à cause de leur dépendance au financement variable, pourraient bénéficier d’une reprise du marché immobilier. Avec des taux d’intérêt plus bas, ces sociétés pourraient retrouver de la rentabilité, et les investisseurs pourraient trouver des opportunités intéressantes parmi ces entreprises sous-évaluées.
Technologie et numérisation : un domaine en plein essor
Le secteur technologique nordique, notamment en Finlande, est un autre domaine prometteur. L’entreprise finlandaise Talenom, qui numérise les processus comptables pour les petites et moyennes entreprises, connaît une croissance régulière grâce à l’automatisation et à la réduction des coûts. Elle offre une alternative attrayante aux géants du logiciel. En parallèle, Napatech, une société danoise qui développe des cartes haute performance pour les centres de données, représente également une opportunité intéressante, car la demande pour des solutions de cloud computing et d’optimisation des centres de données ne cesse d’augmenter.
Une opportunité stratégique pour les investisseurs
Pour les investisseurs, la question qui se pose est de savoir s’il est déjà temps d’investir dans les petites capitalisations nordiques ou si de nouveaux revers sont à prévoir. De notre point de vue, les opportunités actuelles sont attractives, et il semble pertinent de se positionner sur des entreprises susceptibles de tirer parti d’une reprise économique. En particulier, les valeurs de consommation en Suède, les prestataires de services numériques et les sociétés immobilières font partie des secteurs où nous voyons un potentiel de redressement marqué. Actuellement, 65 % de notre portefeuille est investi en Suède, ce qui est bien au-delà de sa part de marché dans l’indice nordique, démontrant ainsi notre confiance dans une reprise de ce marché.
Malgré la pression exercée sur les petites capitalisations nordiques ces dernières années, ces entreprises sous-évaluées présentent aujourd’hui des opportunités d’investissement intéressantes. Les conditions économiques s’améliorant, notamment grâce à la baisse des taux d’intérêt, les petites capitalisations devraient bénéficier d’une reprise, avec des secteurs comme la consommation, l’immobilier et la technologie qui pourraient se démarquer. Pour les investisseurs à long terme, c’est un moment propice pour explorer ces opportunités.
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