Obligations américaines : les Français ont-ils vraiment massivement investi ?

Obligations américaines

Depuis deux ans, plusieurs analyses relayées dans le débat public affirment que les Français investissent massivement dans les obligations américaines. Ces affirmations s’appuient sur les données du Trésor américain, qui indiquent une hausse importante des titres de dette US détenus par des résidents français.

Cependant, la Banque de France tempère cette interprétation. Selon elle, les chiffres américains surestiment la réalité. Ses propres données, considérées comme plus fiables, révèlent une progression beaucoup plus modérée.

Comment mesure-t-on réellement la détention de titres ?

Pour comprendre cet écart, il faut revenir sur la méthode de calcul. Les titres financiers (obligations, actions, parts d’OPC) sont souvent détenus via des chaînes d’intermédiaires : dépositaires centraux, teneurs de comptes et autres conservateurs.

Deux approches existent pour mesurer la détention de titres :

  • Les engagements : vue depuis le pays émetteur (ici, les États-Unis)
  • Les avoirs : vue depuis le pays du détenteur final (ici, la France)

Les engagements s’appuient sur les premiers maillons de la chaîne de conservation, souvent situés à l’étranger. Le problème ? Ces données n’identifient pas toujours le détenteur ultime. Un titre détenu par un Français via un conservateur belge ou luxembourgeois peut ainsi être mal attribué. C’est ce qui fausse l’estimation du Trésor américain.

Une illustration concrète : la dette américaine détenue par les Français

Les données américaines montrent une hausse spectaculaire de la détention française de titres de dette US :

  • 960 milliards de dollars fin 2024, contre 560 milliards fin 2022
  • Soit 270 milliards d’achats nets en deux ans (hors valorisation)

En comparaison, les statistiques de la Banque de France indiquent :

  • 384 milliards de dollars d’encours fin 2024 (contre 325 milliards fin 2022)
  • Soit 61 milliards d’achats nets, six fois moins que les chiffres US

L’écart est encore plus flagrant sur les seuls titres du Trésor américain :

  • 187 milliards d’achats nets selon les États-Unis
  • 54 milliards selon la France

Pourquoi les chiffres français sont plus fiables

Les statistiques d’avoirs collectées par la Banque de France reposent sur des sources plus précises :

  • Déclarations des banques, assurances et organismes de placement
  • Données fiscales et administratives
  • Accès direct aux informations des intermédiaires financiers

Les avoirs permettent de mieux identifier les détenteurs finaux, même lorsque les titres sont conservés à l’étranger. À l’inverse, les engagements souffrent de biais importants liés à la chaîne de conservation.

Des écarts similaires dans d’autres pays européens

La comparaison entre engagements et avoirs ne concerne pas uniquement la France. Des écarts tout aussi marqués sont observés dans d’autres pays européens, notamment en Belgique et au Luxembourg. Ces deux pays accueillent les grandes plateformes de conservation (Euroclear et Clearstream), qui apparaissent comme détenteurs dans les statistiques US alors qu’ils agissent seulement comme intermédiaires.

Même l’Allemagne, pourtant dotée d’un secteur financier robuste, présente des différences similaires à la France.

Ce qu’il faut retenir

Les Français n’ont pas massivement investi dans la dette américaine comme certains chiffres le laissent penser. Les données les plus fiables — celles issues de la Banque de France — montrent une hausse modérée, bien loin des 400 milliards de dollars annoncés côté américain.

Ces écarts illustrent une limite bien connue des statistiques d’engagements : elles reflètent mal la détention réelle lorsque plusieurs pays interviennent dans la chaîne de conservation.

À découvrir aussi : Une hausse surévaluée par les statistiques américaines

Depuis deux ans, plusieurs analyses relayées dans le débat public affirment que les Français investissent massivement dans les obligations américaines. Ces affirmations s’appuient sur les données du Trésor américain, qui indiquent une hausse importante des titres de dette US détenus par des résidents français.

Cependant, la Banque de France tempère cette interprétation. Selon elle, les chiffres américains surestiment la réalité. Ses propres données, considérées comme plus fiables, révèlent une progression beaucoup plus modérée.

Comment mesure-t-on réellement la détention de titres ?

Pour comprendre cet écart, il faut revenir sur la méthode de calcul. Les titres financiers (obligations, actions, parts d’OPC) sont souvent détenus via des chaînes d’intermédiaires : dépositaires centraux, teneurs de comptes et autres conservateurs.

Deux approches existent pour mesurer la détention de titres :

  • Les engagements : vue depuis le pays émetteur (ici, les États-Unis)
  • Les avoirs : vue depuis le pays du détenteur final (ici, la France)

Les engagements s’appuient sur les premiers maillons de la chaîne de conservation, souvent situés à l’étranger. Le problème ? Ces données n’identifient pas toujours le détenteur ultime. Un titre détenu par un Français via un conservateur belge ou luxembourgeois peut ainsi être mal attribué. C’est ce qui fausse l’estimation du Trésor américain.

Une illustration concrète : la dette américaine détenue par les Français

Les données américaines montrent une hausse spectaculaire de la détention française de titres de dette US :

  • 960 milliards de dollars fin 2024, contre 560 milliards fin 2022
  • Soit 270 milliards d’achats nets en deux ans (hors valorisation)

En comparaison, les statistiques de la Banque de France indiquent :

  • 384 milliards de dollars d’encours fin 2024 (contre 325 milliards fin 2022)
  • Soit 61 milliards d’achats nets, six fois moins que les chiffres US

L’écart est encore plus flagrant sur les seuls titres du Trésor américain :

  • 187 milliards d’achats nets selon les États-Unis
  • 54 milliards selon la France

Pourquoi les chiffres français sont plus fiables

Les statistiques d’avoirs collectées par la Banque de France reposent sur des sources plus précises :

  • Déclarations des banques, assurances et organismes de placement
  • Données fiscales et administratives
  • Accès direct aux informations des intermédiaires financiers

Les avoirs permettent de mieux identifier les détenteurs finaux, même lorsque les titres sont conservés à l’étranger. À l’inverse, les engagements souffrent de biais importants liés à la chaîne de conservation.

Des écarts similaires dans d’autres pays européens

La comparaison entre engagements et avoirs ne concerne pas uniquement la France. Des écarts tout aussi marqués sont observés dans d’autres pays européens, notamment en Belgique et au Luxembourg. Ces deux pays accueillent les grandes plateformes de conservation (Euroclear et Clearstream), qui apparaissent comme détenteurs dans les statistiques US alors qu’ils agissent seulement comme intermédiaires.

Même l’Allemagne, pourtant dotée d’un secteur financier robuste, présente des différences similaires à la France.

Ce qu’il faut retenir

Les Français n’ont pas massivement investi dans la dette américaine comme certains chiffres le laissent penser. Les données les plus fiables — celles issues de la Banque de France — montrent une hausse modérée, bien loin des 400 milliards de dollars annoncés côté américain.

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