Plus de CDI et de propriété individuelle en Espagne

En Espagne, le Premier Ministre socialiste Pedro Sanchez vient de préfacer un rapport de prospective tout à fait édifiant sur le monde d’après qu’il conçoit pour son pays. On y lit que, pour régler la crise, les Espagnols pourraient renoncer à la propriété individuelle, à l’occupation individuelle des logements, et à des postes fixes. Ce terrifiant monde d’après ressemble à s’y méprendre à la vision développée par le Great Reset de Klaus Schwab.

Supprimer la propriété individuelle pour pallier au au problème du logement

Pour régler la question cruciale de l’accès au logement, le gouvernement Sanchez a une idée bien en lui, en voici une traduction de la synthèse :

” Dans ce contexte, d’autres formules foncières alternatives à celles de l’achat ou de la location traditionnels pourraient se révéler pertinentes, comme la propriété temporaire ou la propriété partagée. L’économie du partage pourrait également pénétrer le marché du logement dans notre pays: certaines formes de colocation (comme la cohabitation) peuvent être une option intéressante pour petits et grands, donnant naissance à de nouvelles formes de coexistence intergénérationnelle. Dans tous les cas, il y aura beaucoup de personnes qui ne pourront pas accéder à un logement digne et adéquate sans le soutien de l’État, on pense donc que la demande potentielle de logement social en Espagne va presque doubler au cours de la prochaine décennie, passant de 1,5 million de logements que certaines études estiment nécessaires aujourd’hui, à 2,6 millions en 2030.”

On comprend ici la philosophie générale de la proposition : pour régler la question du manque de logement, le gouvernement espagnol propose de « fluidifier » le marché en partageant le stock existant sans droit de propriété définitive. 

Le concept de « propriété temporaire » vaut son pesant de cacahuètes.

L’enjeu de la flexibilité du travail en Espagne

Pour régler la question du chômage de masse, le rapport propose une solution aux saveurs du passé : la flexibilité du poste de travail. Dans la pratique, le salarié bénéficierait d’une garantie de rémunération, mais serait ensuite corvéable à merci. 

“En ce sens, une garantie salariale pourrait être établie par branche qui éviterait des ajustements salariaux excessifs (tant en durée) et, en même temps, permettrait une plus grande flexibilité dans d’autres aspects pertinents comme l’organisation du travail, la répartition des heures ou l’adaptation du poste de travail aux capacités des travailleurs.”

On retrouve le sabir habituel des consultants, pour dissimuler une réalité désagréable : le salaire par branche autoriserait l’employeur à « adapter le poste de travail aux capacités des travailleurs », c’est-à-dire à déplacer autoritairement les salariés sans être tenu par un contrat de travail fixant des missions spécifiques. 

Si les termes sont choisis, ils expriment bien une réalité implacable : le contrat de travail serait réuni à sa plus stricte expression, et la relation contractuelle se résumerait à verser une rémunération en échange d’une disponibilité complète du salarié. 

Des idées tirées du Great Reset

Ce rapport, signé par un Premier Ministre socialiste, démontre une fois de plus l’influence des propositions émises dans le cadre du Great Reset du Forum de Davos. On notera d’ailleurs que Schwab organise un Job Reset Summit où les propositions en matière de formation professionnelle seront débattues. Et elles sont très proches des idées avancées par le rapport Espana 2050. 

Une tendance se dessine, dans les pays industrialisés européens, qui consiste à vouloir décliner, par petites touches et au sein de chaque pays, un programme unique conçu de manière globale.  En revanche, il n’est pas sûr que ces tentatives sournoises rencontrent un succès durable.