Prix du riz : un marché mondial bouleversé par la levée des restrictions indiennes

Prix du riz

Paris, 10 octobre 2025 – Les prix mondiaux du riz connaissent une chute spectaculaire : -35 % en un an, tombant à environ 360 dollars US la tonne, leur niveau le plus bas depuis 2017. Cette baisse historique s’explique par la décision de l’Inde, premier exportateur mondial, de lever ses restrictions à l’exportation après trois années de tensions exceptionnelles sur le marché.

Avec une récolte mondiale estimée à 541 millions de tonnes en 2024, le marché se retrouve désormais en situation de surproduction, créant un déséquilibre majeur entre producteurs et importateurs.

Un retournement après trois ans de flambée

Depuis 2022, l’Inde avait volontairement réduit ses exportations afin de contenir la hausse des prix, dopée par la guerre en Ukraine et des épisodes climatiques défavorables en Asie. Résultat : les cours mondiaux avaient grimpé de près de 20 % deux années consécutives.

Mais en 2024, la réouverture des flux indiens, combinée à des récoltes asiatiques exceptionnelles, a provoqué une correction brutale. Les prévisions pour 2026 annoncent encore une production abondante, renforcée par le possible retour du phénomène climatique La Niña fin 2025. La tendance baissière pourrait donc se prolonger, avant une stabilisation attendue à des niveaux historiquement faibles.

L’Asie domine, l’Afrique subit

Le riz reste l’aliment de base le plus consommé au monde, devant le blé et le maïs, mais il demeure peu échangé sur les marchés internationaux.

Près de 90 % de la production et de la consommation sont concentrées en Asie, qui contrôle l’essentiel des exportations mondiales. En 2024, cinq pays asiatiques représentaient 75 % des exportations, dont 40 % pour l’Inde. Une concentration qui accroît la dépendance de l’Afrique subsaharienne, très exposée aux décisions politiques des grands producteurs asiatiques.

Un enjeu hautement politique en Asie

Dans de nombreux pays, le riz est plus qu’une denrée : c’est un sujet politique sensible.

  • Philippines : suspension des importations depuis septembre 2025 pour protéger les producteurs locaux.
  • Indonésie : cap sur l’autosuffisance alimentaire afin de réduire la dépendance aux importations.
  • Japon : maintien de quotas d’importation sous pression des lobbies agricoles, malgré une crise interne aggravée par la canicule de 2023 et un séisme en 2024.

Cette politique protectionniste entretient des prix intérieurs très élevés. À Tokyo, un sac de 5 kg de riz local atteint environ 4 000 yens (26 dollars US), contre seulement 8 dollars US pour un sac équivalent en Thaïlande.

Une équation délicate pour les producteurs

Si la chute des prix bénéficie aux pays importateurs, elle fragilise fortement les producteurs, dont la rentabilité est menacée. Les prochains mois dépendront des choix politiques en Asie et de l’évolution des conditions climatiques, qui orienteront durablement la trajectoire du marché mondial.

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