Systèmes alimentaires et agricoles 

Dans une étude réalisée en partenariat avec le Forum Economique Mondial et NTT Data, Deloitte a mené une vaste enquête auprès de 1600 agriculteurs situés dans 7 pays de l’Union Européenne afin d’analyser les leviers d’une transition des systèmes alimentaires centrée sur les agriculteurs au profit d’une économie plus durable, d’une préservation de l’environnement et d’un approvisionnement alimentaire mondial plus résilient.

Des réponses concrètes

Les systèmes alimentaires et agricoles occupent une place prépondérante dans l’économie puisqu’ils contribuent à près de 10% du PIB et représentent 35% des emplois dans le monde. Mais le réchauffement climatique et l’extinction massive de la biodiversité ont lourdement fragilisé nos systèmes, mettant en exergue l’urgence absolue d’effectuer une véritable transition agroécologique.

Une approche innovante centrée sur les agriculteurs

La Commission Européenne à travers sa stratégie « De la ferme à la fourchette » apporte de premiers éléments de réponse. Mais d’après Deloitte, pour fondamentalement transformer nos systèmes alimentaires, il est impératif que des solutions pratiques, évolutives et centrées sur les agriculteurs soient développées.

Cette étude met en avant quatre pistes principales :

  • La mise en place de mécanismes financiers et de partage des risques : les agriculteurs ont besoin que leur soient proposées des formes innovantes de financement ; ils ont besoin de sources de revenus garanties et la mise en place d’assurances pour répartir les coûts et les risques de cette transition.
  • Le développement d’écosystèmes d’innovation : en plus des pratiques agronomiques durables qui ont déjà démontré leur potentiel, les agriculteurs ont besoin d’avoir accès à toutes les nouvelles technologies pertinentes en soutien à leur action pour obtenir des résultats optimaux ; il est donc primordial de continuer à développer, améliorer et réduire les coûts de ces technologies qui sont encore trop prohibitifs pour les petits exploitants agricoles.
  • L’amplification des systèmes de formation et de sensibilisation : les agriculteurs doivent être soutenus dans leur compréhension des enjeux économiques liés à la transition en ayant un accès facilité aux informations pertinentes et en optimisant leurs connaissances. En parallèle, des campagnes de sensibilisation sur les impacts des habitudes d’achat des consommateurs.
  • La nécessité d’implémenter un environnement politique adapté : les agriculteurs et tous les acteurs intervenants sur la chaîne de valeur devraient être incités par un environnement politique favorable, qui soit doté d’une stratégie volontaire sur l’agriculture et l’alimentation, en cohérence avec les recommandations des experts scientifiques et internationaux, et qui soit harmonieux, sans distinction entre les pays afin de favoriser une mise en œuvre fluide et efficace des décisions communes.

L’agroécologie, une solution pour l’environnement

D’après Deloitte, en mettant en place une agriculture bas carbone, l’UE pourrait drastiquement réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Aujourd’hui, les systèmes agricoles représentent en France près de 19% des émissions de gaz à effet de serre au sein de l’Union Européenne et constituent l’une des principales causes de déclin de la biodiversité et l’une des principales sources de consommation d’eau. Si seulement 20 % d’agriculteurs supplémentaires adoptent une agriculture bas-carbone, l’UE pourrait, d’ici à 20301, réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’origine agricole d’environ 6 % et améliorer la santé des sols sur une superficie équivalente à 14 % des terres agricoles de l’UE, tout en améliorant les moyens de subsistance des agriculteurs de 1,9 à 9,3 milliards d’euros par an (quand on sait que le revenu moyen des familles agricoles au sein de l’UE est près de 60% inférieur à celui des familles non agricoles).

La nécessité de préserver les chaînes d’approvisionnement alimentaires

Le dernier rapport du GIEC a d’ailleurs confirmé que le changement climatique et le déclin de biodiversité ont engendré des conséquences négatives sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, en particulier pour les plus vulnérables, au premier chef duquel se trouvent les agriculteurs. Un paradoxe quand on sait que 65% des personnes les plus pauvres du monde sont les agriculteurs alors qu’ils produisent 95% de notre alimentation.

Ce rapport qui prend le cas pratique de l’UE est transposable à l’échelle mondiale, car aucune région du monde ne sera épargnée par les menaces qui pèsent actuellement sur nos systèmes alimentaires, qui rappelons-le sont interconnectés. La guerre qui se déroule actuellement aux portes de l’Europe en est une illustration. Les cours du blé ont plus que doublé, et ce en moins d’un an, résultat des tensions géopolitiques entre la Russie et l’Ukraine qui produisent à eux seuls plus d’un tiers du blé mondial.

La filière agro-alimentaire est au cœur des solutions à mettre en œuvre. Définir et déployer des stratégies de transition agricole ambitieuses est aujourd’hui incontournable avec comme impératif de travailler du « sur-mesure » pour faire des acteurs du secteur alimentaire les moteurs de la transition climatique.

Retrouver ci-dessous l’étude complète :